L’édition 2008 de la coupe d’Afrique des nations s’est achevée le 10 février au Ghana. Tous les regards sont désormais tournés vers les prochaines compétitions internationales, entre autres les éliminatoires couplées Can/mondial 2010 et les jeux Olympiques de Beijing.
Malgré la défaite en finale de la 26ème Can, des centaines, voire des milliers de personnes se sont spontanément déportées à l’aéroport international de Yaoundé-Insimalen, situé à 20 km du centre ville, où elles ont passé la nuit à la belle étoile, bravant le froid et les moustiques, en attendant aux sons de tam-tams et balafons, le retour au pays, de leurs héros, aux premières heures de ce lundi 11 février 2008.
Au-delà de tout ce folklore, les performances des Lions Indomptables au Ghana sont en fait l’arbre qui cache la forêt. On ne le décrira jamais assez, le niveau d’impréparation très avancé, le régime des improvisations, la conviction que l’on peut gagner la coupe du monde en jouant sur des champs de patate, ont eu raison d’un potentiel riche et qui s’est révélé perfectible. En réalité, personne ne les attendait là où ils sont arrivés. C’est le cas de louer d’ailleurs le patriotisme de ces compatriotes qui ont fait flotter très haut le drapeau vert rouge jaune, malgré l’échec 0-1 face à l’Egypte.
Voilà un pays qui s’en va dans un championnat sans préparation, qui connaît son entraîneur à quelques jours de l’ouverture de la compétition, un entraîneur recruté via le web et contesté par la fédération, qui découvre ses poulains en pleine compétition. Même en dopant financièrement les joueurs, avec des primes de plus de 73 millions Fcfa à chacun, quels résultats devait-on attendre?
Le Cameroun et ses Lions Indomptables ne compteront donc pas cette année, un cinquième trophée dans leur besace. Ils ont été dominés par les pharaons d’Egypte, assurément la formation la plus homogène, la plus solidaire, la plus conquérante et la plus complète aussi sur tous les plans. Pratiquement tous les observateurs s’accordent à dire que justice lui a été rendue non seulement pour son parcours sans faute, mais aussi et surtout pour sa politique qui porte des fruits depuis quelques années déjà. A l’heure qu’il est, l’Egypte trône sur le toit du football africain grâce à l’implication des pouvoirs publics dans le développement des infrastructures sportives dignes de ce nom. Les résultats qu’elle engrange aujourd’hui sont à la hauteur de ces investissements.
Elle le doit également à une politique de formation des jeunes grâce à un championnat national et des écoles de football qui canalisent très tôt les talents, leur donnent une formation appropriée et les utilisent finalement sur place. L’Egypte est l’une des rares équipes de la dernière Can qui présentaient le moins de joueurs expatriés du fait du professionnalisme en vigueur dans le pays. Les joueurs sont tirés essentiellement du National Al Alhy, du Zamalek, d’Arab Contractors ou Ismaïlia.
Toutes choses qui ont toujours manqué au Cameroun, un pays qui regorge d’atouts indéniables. Remettons donc les pieds sur terre. Notre avenir sportif sera ce que nous en aurons fait. Car, comme on fait son lit, on se couche. A défaut, couchons-nous sur nos illusions et attendons que le miracle se produise. Les plus beaux rêves ont toujours une fin. Et celle-ci est particulièrement amère.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé