Obligé de suivre la CAN à partir d’Abidjan, je ne peux pas vraiment me plaindre. Abidjan est la ville, après Douala, où je me coucoune goulûment le ventre et, ce qui ne gâte rien, c’est le centre de la terre pour des millions d’Ivoiriens qui placent leurs Eléphants au pinacle. Je ne suis peut-être pas à Kumasi, mais je suis au bon endroit.
Au début, on caressait l’espoir que les Lions et les Eléphants se croisent sur le chemin de la Coupe. 48 heures après la râclée que nous avons subie, l’espoir est moins vigoureux, mais l’observation de la réaction des Ivoiriens à l’égard des Lions reste intéressante.
Au Che Café, en pleine Zone 4 où j’ai mes habitudes depuis des années, j’ai remarqué, une fois le Cameroun mené 3 à 0, la consternation envahir les clients, jusqu’aux serveuses, pourtant profondément engagées à la chasse du chaland blanc. Les Ivoiriens ont eu mal. Et pour qui suit l’histoire d’amour non déclaré entre les Ivoiriens et les Camerounais, cela n’était pas surprenant. Au cours de nos années de gloire, les Ivoiriens nous ont toujours soutenus; peu importe certains écarts de langage ou de comportement, les Lions ne sont jamais en terrain totalement hostile ici.
Aucun mot vraiment déplacé à notre encontre, aucune insulte ouverte, aucun comportement provocateur ne se remarquent à Abidjan. Une sorte de recueillement tranquille, un peu de gêne à notre égard, de la commisération peut-être, c’est tout. Nous avons nettement décu les Ivoiriens. Nous leur faisons un peu pitié. C’est, pour moi, pire qu’une volée d’insultes.