Depuis l’arrivée de la délégation camerounaise à Accra mardi soir, la rengaine est la même: « we will beat you » (nous allons vous gagner). Du chauffeur de taxi qui vous transporte à l’hôtesse qui vous accueille à l’hôtel en passant par le citoyen ghanéen lambda qui vous aborde en route, le bras de fer s’engage aussitôt.
Facilement. Le stratagème. On vous salue gentiment, on vous interroge sur votre nationalité et paf! Sans que rien ne puisse l’annoncer, on vous balance en souriant des pronostics : « Ghana 3 – Cameroon 1 » ou » Ghana 2 – Cameroon 0 « . N’essayez surtout pas d’ouvrir un débat ; c’est tout l’entourage qui rapplique aussitôt pour apporter le soutien au brave ghanéen qui défend les couleurs nationales.
Dans cette guerre psychologique, tous les arguments qui s’offrent, sont utilisés pour brandir la fierté nationale. Les édifices publics, les grands lieux de rencontres, les carrefours, les taxis, les lieux publics, sont fleuris aux couleurs Rouge-Jaune-Vert, frappés d’une étoile noire sur la bande rouge. Le drapeau ghanéen vous est gracieusement donné au bord de la route.
Le débat s’invite également dans les milieux de la presse. Illustration ce mercredi matin à la séance d’entrainement des Lions. Un confrère ghanéen nous prend en aparté pour se renseigner sur l’équipe du Cameroun qui fait la reconnaissance du stade de Ohene Djan Sports Stadium d’Accra. A la fin de l’entretien, il conclut: ‘’vous savez quand même qu’on va vous gagner demain non?’’. Ce chauvinisme vient sans doute de la brillante qualification pour les demi-finales des Blacks Stars du Ghana devant le Nigéria, éternel rival. A Tamale, on avait dénombré trois morts pendant les célébrations de cette victoire.
Même si cette guerre psychologique n’est pas perceptible au niveau des deux équipes nationales, l’histoire proche du Ghana et du Cameroun tourne à l’avantage des Lions indomptables. Interrogé par Camfoot.com ce mercredi matin à l’Ohen Djan Sports Stadium d’Accra, Roger Milla s’est amusé à rappeler que le Cameroun a toujours battu les pays hôtes de la Coupe d’Afrique des Nations. Un coup d’oeil dans le rétroviseur lui donne raison. 1984, le Cameroun avait dompté les Eléphants de Côte d’Ivoire à domicile. 1988, c’était le tour du Maroc ; 1992, le Sénégal de Jules Bocande alors coaché par un certain Claude LeRoy ; 1998, le Burkina-Faso ; 2000, la palpitante séance des tirs au but avait tourné à l’avantage des Camerounais. 2002, le Mali faisait la triste expérience de croiser les Lions.
Par ailleurs, le Ghana et le Cameroun sont au coude à coude dans le palmarès de la CAN avec quatre trophées chacun. Le dernier trophée remporté par le Ghana remonte à 1982 en Libye alors que celui du Cameroun remonte à 2002 au Mali. Autant d’arguments historiques qui pèsent en faveur des Lions indomptables.
Ces arguments ne semblent pas suffisants aux yeux des Ghanéens qui rêvent déjà d’une finale Ghana-Côte d’Ivoire. Mais pour cela, il faudra passer par les Lions indomptables. Ces Lions qui sont paradoxalement redoutés au Ghana si l’on s’en tient au support inconditionnel du public ghanéen à la Tunisie aux quarts de finale.
La vérité du terrain sera revelée dans quelques heures.
Eric Roland Kongou, à Accra