Les “ footeux ” de la capitale provinciale du Nord et du septentrion ont de quoi meubler leurs conversations et leur temps depuis le début de la semaine. Dans les bars, restaurants, “tournedos” et bureaux administratifs, il y en a que pour Rigobert Song et ses coéquipiers. Les poulains de Jules Nyongha sont arrivés à Garoua lundi. Ils affrontent les Guêpes (“ Amavubis ”) du Rwanda dimanche prochain. Le premier entraînement des Lions Indomptables a connu un succès populaire retentissant. Environ 6000 spectateurs ont pris d’assaut les gradins du stade Roumdé Adjia.
L’effectif de Jules Nyongha affiche complet. Le staff technique et médical est en poste.
C’est l’osmose totale entre les Lions et le public. Les gestes techniques, débordements et autres frappes de balle sont salués par des salves applaudissements. Certains ont pris le soin de se déplacer avec le drapeau national. Les rayons de soleil ne tempèrent pas l’enthousiasme du public. Les noms des idoles sont scandés à tout rompre. Le public préfère des petits noms : “ Magnan ” pour Rigobert Song, “ Sergent ” pour Jean II Makoun ou encore “ Lucky Luke ” pour Joseph désiré Job. A Jules Nyongha, l’on sert gracieusement du “ Mourinho ”. Le coach par intérim des Lions Indomptables est comme un poisson dans l’eau. Normal, il a entraîné l’équipe fétiche de la ville, Cotonsport. Sous sa conduite, les joueurs travaillent l’adresse, la vitesse, le collectif, etc. L’ambiance est à la complicité entre les acteurs sur le terrain. Un but raté et on se fait chambrer. Amicalement.
Enfants du pays
Les “ enfants du pays ”, Alioum Saïdou, Souleymanou Hamidou et Idrissou Mohammadou reçoivent des consignes en fufuldé (langue locale). A l’applaudimètre, Rigobert Song tient son rang de capitaine. Toujours aussi athlétique qu’exubérant, le sociétaire du club turc Galatasaray n’hésite pas à faire l’un de ces numéros dont lui seul a le secret pour ravir l’attention des supporters. C’est bientôt la fin de la séance d’entraînement. Le bus de transport de l’équipe se rapproche des joueurs. Dans le public, l’adrénaline monte. Des fanatiques réclament des maillots, des godasses, des autographes. Quelques-uns veulent poser avec les stars du ballon rond. Rigobert Song- encore lui- est le premier à aller spontanément vers la foule bigarrée.
Sur des tricots et des bouts de papiers glissés à travers les mailles du grillage, il laisse ses marques. Ses fans exultent. Le marseillais Modeste Mbami se prête également à l’exercice. On lui demande sa jolie paire de chaussure. D’un geste expressif, il promet le don pour la prochaine fois. Lorsque leur bus sort du stade, il est assiégé par une ribambelle d’enfants. Dans le but de voir de près les rois de la forêt, ils allongent des foulées en léchant des doigts le véhicule sur près de 100 mètres. Le chauffeur est obligé de rouler à une vitesse de tortue pour éviter tout accident.
Les Lions Indomptables magnétisent tellement les foules que d’aucuns désertent leurs bureaux pour venir communier avec eux. Les prestations jugées très moyennes de l’équipe locale, Cotonsport de Garoua, sur la scène nationale et africaine, depuis le début de la saison, permettent manifestement de trouver en cette sélection nationale, un “ exutoire ”. Quelques-uns caressent l’espoir que les travaux de réhabilitation du stade omnisports de Yaoundé s’éternisent… A une cadence de deux entraînements par jours, Jules Nyongha entend mettre sa bande au point physiquement et tactiquement. Le volet psychologique étant d’emblée acquis. Un match d’appui est prévu demain contre Cotonsport de Garoua. Les Rwandais sont attendus dans la ville vendredi prochain. Un seul point suffit aux Lions Indomptables pour se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise.
L’ombre de Samuel Eto’o plane
Jusqu’à lundi dernier, beaucoup des supporters des Lions Indomptables ne voulaient pas admettre que le goléador du Barça n’a pas été retenu pour le match contre le Rwanda. C’est à la séance d’entraînement au stade Roumdé Adjia qu’ils ont fini par se rendre à l’évidence. Mais mus par leur amour pour le “ catalan ”, d’aucuns ont cru devoir railler Idriss Carlos Kameni. Sa faute : avoir contrecarré une action décisive de Samuel Eto’o dimanche dernier dans les buts de l’Espagnol de Barcelone. Pour les admirateurs d’Eto’o, Kameni devait laisser son “ frère ” inscrire le but qui devait faire (presque) du Fc Barcelone le champion de la Liga espagnole.
Par Georges Alain BOYOMO à Garoua