Si la CAN réunit des centaines de joueurs, deux d’entre eux sortent du lot. Par leur aura, leur parcours et surtout, leur talent balle au pied. A l’aube du début de la compétition, Didier Drogba et Samuel Eto’o n’ont pourtant pas les mêmes chances de réussite. L’Ivoirien, bien entouré en sélection, traîne depuis deux ans un statut de meilleur joueur africain qu’il compte bien confirmer au Ghana. Le Camerounais, lui, voit sa sélection dépérir sans n’y pouvoir rien changer. Tout ça pour une histoire de tirs au but…
C’est encore dans toutes les mémoires. Il y a deux ans, en quart de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, la Côte d’Ivoire sortait le Cameroun au terme d’une séance de tirs au but dantesque, où les vingt-deux acteurs avaient converti leur première tentative (1-1, 12 t.a.b 11). Comme un symbole, Samuel Eto’o manquait le sien sur son second passage, laissant à Didier Drogba le soin de clore les débats.
Le début de la fin pour le Camerounais, meilleur joueur africain en 2003, 2004 et 2005. En une fraction de seconde, et sans le savoir, l’attaquant des Lions Indomptables avait perdu plus que ses espoirs de titre. Il avait permis à son homologue des Eléphants de prendre une dimension supplémentaire. Depuis 2006, l’attaquant de Chelsea est effectivement considéré comme le seul maître du football continental, même s’il s’en défend avec modestie. « Aujourd’hui, sincèrement, celui qui peut dire que Didier est plus aimé que Samuel se trompe, explique-t-il dans les colonnes de France Football. C’est Samuel qui a le plus beau palmarès sur le continent… (Eto’o a remporté la CAN en 2000 et 2002, ndlr) Moi, je suis un peu pauvre à côté !.
Eto’o le précoce, Drogba arrivé sur le tard
Son récent parcours en sélection est pourtant flatteur puisque les Eléphants, finalistes déçus contre l’Egypte en 2006 (0-0, 2 t.a.b 4), se sont ensuite qualifiés pour la Coupe du monde en Allemagne, aux dépens… du Cameroun. Là aussi pour un penalty manqué contre l’Egypte (1-1), cette fois par Pierre Womé, lors du dernier match des éliminatoires du Mondial. Un cauchemar pour l’avant-centre du FC Barcelone, qui depuis est gêné par des blessures à répétition, souvent de longue durée. La première au genou, face au Werder Brême en Ligue des champions, fin septembre 2006, mettait un terme à ses espoirs de Ballon d’Or alors que la même année, le Barça était champion d’Espagne et champion d’Europe. La seconde à la jambe droite, au début de cette saison, le privait de trois nouveaux mois de compétition.
Ce qui rend le bilan du Camerounais assez maigre sur les deux dernières années, du moins en temps de jeu, avec seulement vingt-neuf matches disputés, pour dix-huit buts inscrits. Tout de même. Signe qu’il reste encore à l’ancien joueur de Majorque une certaine assurance au moment de faire la différence. « Ce que j’aime chez lui, poursuit Drogba, c’est sa vitesse, son instinct devant le but, ses déplacements et, tout simplement, le fait qu’il soit indispensable à Barcelone. Avec Chelsea, quand on jouait Barcelone sans Samuel, on savait qu’on allait gagner le match avant même de pénétrer sur le terrain. »
Mais cela ne console pas Eto’o qui a connu sa première cape en 1997. Depuis le dernier sacre continental en 2002, le Cameroun n’a plus rien gagné alors que la Côte d’Ivoire grandit à vue d’oeil comme nouvelle place forte du foot africain, guidéé par l’indétrônable Didier Drogba, arrivé sur le tard, justement en 2002.. Véritable meneur d’hommes, l’ancien Marseillais s’est imposé comme l’élément de base du système mis en place par José Mourinho chez les Blues. Et l’arrivée d’Avram Grant sur les bords de la Tamise n’a pas bouleversé la tendance. Drogba est inamovible, et de surcroit vénéré par tout son peuple. « Pourquoi être jaloux l’un de l’autre ?, rétorque Eto’o. S’il gagne plus que moi, tant mieux pour lui, tant mieux pour l’Afrique […] Mais, ce que j’aimerais vraiment [lui] emprunter, et je travaille pour ça, c’est [sa] détente. De la tête, personne ne joue comme lui. »