Le directeur technique du développement à la fédération Camerounaise de football (Fecafoot) fait le bilan technique de la prestation des lions indomptables au premier tour de la 26ème édition de la coupe d’Afrique des Nations. L’ancien entraîneur nationale prescrit également la formule pour venir à bout de la Tunisie lundi prochain au Tamale Sports Stadium.
Camfoot.com: Quel est le bilan technique que vous pouvez faire du premier tour de cette Can pour ce qui est de l’équipe du Cameroun ?
Dominique Wansi : Disons que le début a été un peu laborieux, laborieux parce que tout n’était pas en place, on jouait de manière pas tout à fait exacte, mais ce qu’on peut dire est que l’équipe est entrain de monter en puissance, les deux derniers matches ont permis à l’entraîneur de faire des ajustements tactiques et de bien maîtriser ses hommes. Comme tu le dis si bien au plan de l’animation général, il y a des petits problèmes. Je crois qu’au milieu de terrain les gars doivent prendre les risques et ne pas jouer juste ; Mbami par exemple joue juste, c’est à dire ‘’j’ai le ballon je donne’’, Modeste Mbami est un milieu, il doit être percutant, il a les qualités pour cela, prendre le ballon faire une pénétration dans la surface, frapper, revenir récupérer, etc. Voila ce qu’on aimerait voir. Aussi Emana qui joue sur le flanc gauche, il doit libérer l’espace pour que quelqu’un comme Atouba monte et qu’il (Emana) referme et que lui (Atouba) aussi prenne des risques. Au plan défensif c’est vrai on a des soucis sur les flancs mais on a des joueurs de métier, Njitap et Atouba c’est des joueurs qui connaissent bien leur affaire et qui doivent ne plus nous faire douter, jouer le jeu et jouer franchement. Ce qui manque à Njitap c’est un tandem. Epalle joue devant lui mais on aimerait les voir jouer en tandem, en dédoublement ; ‘je donne, j’appelle, tu me remets, je couvre, etc.’ ce n’est pas encore très visible. Que Geremi monte comme il monte pour centrer, que Epalle ferme, et il ne faut pas toujours centrer, il faut une logique d’organisation, on aimerait voir un travail de récupération, d’approche et de finition et là j’admire Eto’o. Le troisième but contre le Soudan est un cas d’école, c’est à dire que Mbami a mis une passe en profondeur et il (Eto’o) est parti il a joue juste, voila ce qu’on aimerait voir. Il y a le capitaine Song qui se bat, qui se démène et le petit Bikey fait beaucoup d’effort pour le couvrir, il faut qu’on en voit un peu plus, donc grosso modo l’équipe a commencé moyennement mais fini en puissance. Mais il y a les quarts de finale, c’est une autre dimension mais c’est la que le Cameroun sait agir.
Camfoot.com: On constate qu’après trois matches le Cameroun n’a pas encore son équipe type ?
Dominique Wansi : Il faut dire la vérité, on n’a pas fait de matches amicaux de haut niveau qui auraient permis d’asseoir l’équipe, de connaître à fond les caractéristiques individuelles des joueurs, les caractéristiques même de l’équipe, asseoir sa philosophie, asseoir son concept et assurer une animation de jeu. On devait savoir qui anime, qui fait quoi, mais on constate que c’est au fur et à mesure que nous jouons qu’il (Pfister) maîtrise les hommes, mais je crois que c’est une bonne leçon pour le futur.
Camfoot.com: On peut dire que tout ça c’est parce que le coach a été recruté sur le tard ?
Dominique Wansi : Je ne sais pas à quoi est dû ce problème là, c’est vrai que le coach des lions est arrivé tard, je ne sait pas si ç’a été au niveau de matches amicaux, mais je dis, les matches amicaux nous auraient rendu service. On serait beaucoup plus fort, mais le Cameroun c’est le Cameroun, les gars sont entrain de prendre la mesure de la compétition, ils sont entrain de réagir au coup par coup, c’est aussi cela la compétition.
Camfoot.com: Lors des deux dernières coupes d’Afrique des nations on n’a pas traverse l’étape des quarts de finale, vous pensez que l’équipe que vous avez vu jouer pendant le premier tour peut traverser cette étape ?
Dominique Wansi : Une équipe comme la Tunisie est une équipe solide, complète qui sait jouer au football qui a une organisation de jeu en finesse, très aérée, qui sait conduire le ballon de la défense en attaque et vis versa, bref ils ont une tactique appréciable. Mais c’est une équipe que nous connaissons. Nos atouts c’est le mental, c’est les qualités athlétiques, mais côte jeu, c’est moyen. Mais lorsque nous nous trouvons devant une équipe elle se pose les questions. Regardez la Zambie qui cartonne le Soudan et qui devant nous est crispée, c’est aussi la force du Cameroun.
Camfoot.com: On constate qu’à chaque match Otto Pfister termine avec trois attaquants. Vous qui êtes technicien, qu’est ce que le coach recherche à ce moment ?
Dominique Wansi : Vous posez la même question que je me suis posée toute la nuit. Tout à l’heure j’ai posé la même question à l’entraîneur et j’ai une réponse qui m’a pratiquement satisfait, parce qu’à trois zéro, l’entraîneur a voulu tourner l’équipe, faire jouer tout le monde. C’est une réponse acceptable à ce stade là. Parce qu’il faut que tout le monde rentre dans la température de la compétition.
Camfoot.com: Est-ce que dans un match sérieux il peut se permettre ce genre de risque, où l’on sort un milieu de terrain pour un troisième attaquant lorsqu’on mène au score?
Dominique Wansi : Ça m’étonnerai quand même, on menait pas trois buts à zéro à moins de dix minutes de la fin je crois que c’est un risque mesurable. Mais de grandes compétitions, il faut être prudent, mais le second tour c’est des véritables compétitions qui s’engagent, l’entraîneur doit être très au fait de la connaissance de la compétition.
Camfoot.com: Si vous étiez entraîneur des lions indomptables sur quoi allez vous travailler pendant ces cinq jours qui nous séparent des quarts de finale ?
Dominique Wansi : Après le match c’est le décrassage, c’est la régénération, la récupération, le groupe qui n’a pas joué doit travailler. Vous savez lorsqu’un groupe joue et récupère, il y a un groupe qui ne qui ne joue pas, il faut un peu diluer la surcharge dans des petits matches. Nous avons vu comment la Tunisie joue, il faut bâtir une tactique, mais moi j’ai toujours joué en fonction de mes qualités; le Cameroun doit jouer en fonction de ses qualités. D’après moi à quelques jours, je devrais travailler sur les schémas précis, les schémas qui marchent. C’est pas un secret, vous voyez que le côté droit est très travailleur et le côté gauche est très souvent isolé, ce qui amène Atouba à jouer comme il joue, c’est à dire n’étant pas très sollicité, le jeu ne variant pas d’un côté à l’autre, ça fatigue Njitap, tout le monde le cherche et Atouba qui n’est pas trop sollicité s’implique beaucoup en attaque. Il faut que nous varions le jeu, construction lente et jeu en une deux touches, rapide en profondeur, ça il le faut. C’est un peu ce sur quoi en principe l’entraîneur devait travailler. Donc on a quatre jours pour asseoir une tactique de base, une tactique de circonstance suffisante et préparer en fonction des points forts de l’adversaire, c’est à dire leur schéma préférentiel, les hommes forts, les hommes clés, le gabarit des joueurs on doit exploiter toutes ces qualités.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Tamale