Parée de drapeaux et d`affiches géantes, colorée par des milliers de tee-shirts rouges, jaunes, verts ou noirs, Accra, la capitale du Ghana, n`a plus qu`un sujet de conversation: la Coupe d`Afrique (CAN-2008), dont ses « Black Stars » donnent le coup d`envoi dimanche contre la Guinée.
« Nous allons gagner, +Gya Nyame+ (+Dieu seul pourrait nous arrêter+, dicton populaire au Ghana)! », s`enflamme Mustapha, un jeune homme enveloppé qui tient un +container+, un bar installé dans un conteneur au bord d`Oxford Street, une des rues les plus animées de la capitale, et porte un des innombrables tee-shirts aux couleurs du Ghana et de l`événement.
Les chauffeurs de taxi pensent aussi dans leur majorité que les « Black Stars » vont remporter leur 5e CAN.
Les taxis d`Accra participent au festival de couleurs en arborant des petits drapeaux du Ghana (vert-jaune-rouge horizontalement, avec une étoile noire au milieu) sur des mâts en plastique accrochés aux toits. Beaucoup de véhicules de particuliers en portent aussi.
Essien partout
La circulation, inhabituellement dense, indique également que l`événement se prépare. Le Ghana attend de nombreux supporters venus des pays voisins (Côte d`Ivoire, Bénin) ou proches (Nigeria), des officiels, des journalistes… De nombreuses prostituées du Nigeria ou de Côte d`Ivoire sont aussi arrivées à Accra pour la durée du tournoi.
Impossible d`oublier que la CAN commence dimanche en déambulant dans les rues. Les radios ne parlent que de ça et quand elles passent de la musique, on entend souvent une des chansons composées à la gloire du onze national, qui semble n`avoir guère d`autre choix que d`atteindre la finale du 10 février et de la gagner. Les journaux, quand ils n`évoquent pas uniquement la compétition, y consacrent trois pages sur quatre.
De grandes affiches publicitaires de plusieurs mètres de haut et de large, mettant en scène les vedettes de l`équipe nationale, rappellent encore l`imminence du coup d`envoi. Le milieu récupérateur de Chelsea (ENG) Mickael Essien, visible partout, arrive en tête des contrats publicitaires (téléphone, bière…), devant le capitaine Stephen Appiah, pourtant… blessé à un genou et qui manquera la compétition.
Marché noir
Deux grandes banderoles tendues d`une rive à l`autre de deux des principales rues d`Accra, Oxford Street et Ring Road, la rue la plus longue de la ville, souhaitent d`ailleurs un prompt rétablissement au capitaine, signe de l`union sacrée qui se noue autour des « Black Stars ».
Pour faire passer la dernière nuit avant le début de la CAN, un grand concert a été organisé samedi sur la grande place de l`Indépendance (Independence Square), avec des artistes venus de tout le continent, notamment du Nigeria, d`Ouganda ou de Namibie.
Quelques problèmes de désorganisation gâchent toutefois un peu le tableau, en particulier les prix des billets pour voir jouer le Ghana. Les places les moins chères (4 cedis – ç -, soit environ 2,5 euros) se vendent 20 ç, et les places VIP (70 ç, environ 50 EUR) s`arrachent à 500 ç (360 EUR) au marché noir.
« C`est un scandale! s`emporte Kofi, chauffeur à Accra. Il faut les mettre en prison, le peuple ne peut pas aller voir son équipe! »
Autres problèmes, certains hôtels ont été terminés à quelques jours du coup d`envoi, et tous les terrains d`entraînement ne sont pas prêts. Ce qui fait dire à un chroniqueur populaire du +Mirror+ (conservateur), Kwasi Gyan-Apenteng: « Nous sommes un pays d`incorrigibles +last-minuters+ qui passent toujours la dernière couche de peinture alors que les invités arrivent ».