Ils vivent des situations diverses. Certains sont accrédités. D’autres pas. Ils suivent cette 26ème édition de la Coupe d’Afrique des nations avec beaucoup d’intérêts. Ils couvrent l’équipe nationale du Cameroun avec la loupe, dans l’espoir de relayer toutes les informations concernant les quadruples champions d’Afrique. Après dix jours de compétitions, et que l’affiche des ¼ est complète, ces confrères se prononcent, analysent l’organisation de la CAN, mais s’attardent surtout sur la prestation des Lions indomptables qui rencontre la Tunisie en 1/4 de finales.
Eric Kouam, journaliste RTS (Cameroun), Yaoundé
«Ce premier tour a permis à Otto Pfister de faire jouer presque tout son effectif parce que sur 23 joueurs, 20 ont joué excepté Angbwa le seul joueur de champ et les deux gardiens de buts réservistes Souleymanou Hamidou et Janvier Mbarga. Maintenant qu’il connaît tous ses joueurs, il sait qui peut apporter quoi dans cette équipe. Toutefois, il faut préciser qu’au niveau du couloir gauche, il y a un réel problème. Il y a Atouba qui présente quelques lacunes et qui a été remplacé par Bill Tchato qui à son tour ne rassure pas. Je crois que le sélectionneur a intérêt à résoudre cette équation avant la phase décisive des ¼ de finale. Au niveau de la défense, il y a également des déchets qu’on gagnerait à s’en débarrasser au moment où nous allons commencer les 1/4 de finale. Au niveau de l’attaque, on peut se réjouir de voir Samuel Eto’o former une bonne paire avec Joseph Désiré Job. Pour moi, l’effectif des Lions a retrouvé sa vitesse de croisière et au second tour, il n’y aura plus une phase d’observation.»
Yves Léopold Kom, Africa n°1, Douala
«Contrairement à 2006 où les Lions avaient survolé la première phase de la compétition avant d’échouer au ¼ de finale, je crois que la première défaite des Lions lors de leur premier match a permis de déceler les lacunes de cette équipe. Au fur des matches, l’entraîneur a fait des réglages. Maintenant que les Lions ont difficilement traversé ce premier tour, c’est une bonne chose. Les adversaires du Cameroun doivent faire très attention car les Lions, c’est comme un moteur diesel qui démarre progressivement avant d’atteindre sa vitesse de croisière. Je suis cette équipe depuis 23 ans, elle est pleine de surprise. Je peux même dire que cette équipe peut gagner la Can car un lion, même s’il est convalescent fait toujours peur aux brebis car on ne sait de quel côté il va se relever. De plus, les Lions ont été adoptés par les Ghanéens, c’est la deuxième équipe la plus supportée après le pays hôte et je crois que c’est un atout pour remporter d’autres victoires.»
Issa Mamoudou, Magic Fm (Cameroun), Yaoundé
«Globalement, il y a beaucoup de ratés dans cette Can. Que ce soit à Kumasi où les Lions étaient basés ou à Tamale, il y a beaucoup d’imperfections. Au niveau des accréditations, vous ne pouvez pas savoir comment ça fait mal à un journaliste qui a pris le soin de s’accréditer sur le site Internet de la Caf et d’arriver ici sur place au Ghana et se rendre compte que vous n’avez pas d’accréditation. Et que par la suite, les comités d’organisation prennent vos coordonnées 3, 4 ou ‘ 5 fois, et que dix jours après le démarrage de la CAN, vous n’avez toujours pas vos accréditations. Cela fait un handicap incroyable pour le journaliste qui trouve des blocus à tous les niveaux de collecte d’informations parce qu’il n’a pas de badge. Par ailleurs, le logement reste un autre problème criard. J’ai l’impression que le comité local d’organisation n’est pas sur la même longueur d’onde avec le comité central à Accra. Il y a les déplacements d’une ville à une autre pour couvrir les matches qui sont laissés à la charge des journalistes, qui sont obligés de se débrouiller pour arriver dans les villes et stades de leur choix à l’heure. Au-delà de ces limites, il faut louer l’accueil chaleureux que réservent les ghanéens aux étrangers. Que soit à Kumasi ou à Tamale, l’accueil est vraiment digne d’un pays africain.»
Yves Atanga, (Cameroon tribune), Cameroun
«Sur le plan sport sportif, je suis marqué par la prestation hésitante des Lions indomptable. Je vois comment on marque des buts et on est qualifié pour les ¼ de finale, mais personnellement, je ne suis pas encore convaincu par cette prestation. Je crois que les 1/4 de finale permettront aux Lions de dévoiler complètement leur visage car à ce niveau, il n’y a plus de match nul et ce ne sera plus possible de se rattraper après une défaite. De l’autre côté, il y a des équipes comme la Côte d’Ivoire qui gagnent et qui convainquent. Par contre, des équipes comme le Ghana sont dans le même lot que le Cameroun qui gagnent sans convaincre. C’est à partir de cet instant qu’on va voir notre véritable visage.»
Bertille Missi Bikoun, (Quotidiens Mutations), Cameroun
«Au niveau de la discipline, je crois qu’on ne peut faire de grands reproches aux Lions indomptables qui respectent les consignes des coaches. Cependant, il y a des petits cas d’indisciplines qui ne sont connus du grand public mais qui n’entament pas de manière fondamentale la sérénité du groupe. Personnellement, je suis habituée de la tanière des Lions et je ne trouve pas grand-chose à les reprocher. C’est vrai que certains confrères se plaignent de certains Lions qui refusent d’accorder des interviews, mais il faut reconnaître qu’il y a des confrères qui ne les abordent pas dans un cadre strictement professionnel et cela peut les agacer. De l’autre côté, les Lions ont l’obligation d’accorder des interviews aux journalistes car nous sommes venus des quatre coins du monde pour venir rendre compte de cette compétition et ce ne serait pas bien pour les Lions de ne pas s’acquitter de ce devoir car s’ils sont aujourd’hui de grands joueurs, de grands noms, c’est grâce à nos supports qui permettent de les médiatiser.»
Etienne Manguelle 2, CRTV, (Cameroun)
«Pour la première partie de la CAN qui vient de s’achever, je donnerai une note de 10/20. Face à la première sortie des lions face à l’Egypte, on a encaissé trois buts en une mi-temps et je pense que c’est trop pour un pays du gabarit du Cameroun. La seconde et la troisième sortie face à la Zambie et le Soudan se sont soldées par des victoires mais beaucoup sont restés sur leur faim car il n’y a pas la manière dans ces victoires. La suite de la compétition sera difficile pour les Lions, mais à l’analyse, cette équipe évolue crescendo et pourra arriver en finale.»
Romain Balland, Eurosport (France)
«C’est vrai que nous sommes habitués aux compétitions européennes qui sont très bien quadrillées. Tout est très bien calé. Il y a des moments où on peut filmer ou pas, faire des interviewes aux joueurs ou ne pas les faire. Ici à la Coupe d’Afrique des nations, c’est plus souple et plus aléatoire. Un système qui a deux aspects. L’aspect positif et le négatif. Sur un plan négatif, ce qu’on ne sait pas toujours comment cela va se passer. L’aspect positif, c’est qu’on peut faire des vraies rencontres et où l’on peut faire des interviews à certains joueurs qu’on ne pourrait pas rencontrer en Europe. En ce qui concerne les joueurs camerounais, il y a deux cas de figures. Il y a un cas de figure général qui concerne 22 des 23 joueurs qui sont très disponibles. Il y a par exemple Rigobert Song qui connaît son statut de cadre, de capitaine et qui nous accordent des interviews ainsi que ses co-équipiers. Il y a ensuite le cas particulier de Samuel Eto’o qui est évidement dans le viseur de tous les médias européens et mondiaux. A ce niveau, on n’arrive pas à savoir si Eto’o cherche à se préserver ou s’il a un fort caractère et il n’en fait qu’à sa tête. Or, nous on n’est pas là pour faire des histoires à qui que ce soit. Nous sommes là pour faire notre travail et parler des choses positives. Par exemple le fait qu’Eto’o entre dans la légende du football africain avec ses 16 buts en battant le record que détenait l’Ivoirien Pokou. Hélas, on ne peut l’avoir en interview.»
Propos recueillis par Eric Roland Kongou, à Tamale