Le ministre des Sports et de l’Education physique reconduit dans ses fonctions, Augustin Edjoa, se résoudra-t-il à mettre fin au suspense aussi long que gênant concernant la désignation d’un nouvel entraîneur sélectionneur de l’équipe nationale de football? On a en tout cas assez perdu du temps et il ne faudra pas en perdre davantage si l’on veut sauver ce qui peut encore l’être avant la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des nations, laquelle débute le 20 janvier 2007 au Ghana.
L’impression qui se dégage depuis plusieurs mois s’est confirmée dimanche dernier à Malabo: l’équipe nationale du Cameroun actuel n’a pas le niveau pour jouer les premiers rôles en terre ghanéenne en début d’année prochaine. Jules Frédéric Nyongha, le sélectionneur intérimaire depuis la démission de Arie Haan en février dernier, a opté pour un schéma tactique classique en 4-4-2, mais qui était surprenante dans la disposition interne des joueurs, notamment au milieu du terrain.
En première mi-temps, Feutchine a bien occupé son couloir droit, Makoun et Mbia ratissaient dans l’axe et Nguemo était destiné au couloir gauche. Le joueur de Nancy ne s’est jamais retrouvé sur la pelouse trempée du magnifique stade de Malabo dans cette position où il n’avait jamais évolué par le passé. Conséquence : aucun centre effectué en 45 minutes si ce n’est un long ballon destiné à Njitap du côté opposé qui a achevé sa course dans le décor.
En seconde période, attiré naturellement vers l’axe qu’il connaît mieux, Nguemo a carrément abandonné le couloir. Un comble pour le côté gauche des Lions, puisque c’est un Ateba Bilayi (qui a retrouvé une place de titulaire à Châteauroux, club qui se morfond dans les profondeurs du classement de Ligue 2 française) improductif, qui avait été à nouveau choisi en latéral. Et que plus en avant, à gauche, officiait Idrissou, incapable de la moindre percussion ni de créativité face à des défenseurs équato-guinéens alertes et surmotivés.
Urgence
Quand il fallut remplacer le jeune Nguemo, c’est encore un milieu axial, Mbami, qui prit sa place. Avec un Makoun des mauvais jours et un Mbia qui a couru partout mais sans apporter l’éclair dans la transmission du ballon, il ne fallait pas s’attendre à ce que les Lions indomptables produisent un jeu un tant soit peu intéressant. Joseph Désiré Job, titularisé (en l’absence d’Eto’o et Webo) en pointe aux côtés de Idrissou, a multiplié des appels en pure perte, ne voyant aucun ballon arriver dans les pieds. Les rares qu’il a possédés, il n’a pas su les négocier, manquant de punch pour faire la différence dans les duels. Seul le couloir droit, animé par Njitap et Feutchine, qui ont multiplié les centres en première mi-temps, a pu bouger le Nzalang Nacional.
Trop d’efforts offensifs qui ont, sans doute, coûté ce but encaissé à la 39ème minute, car Juvenal est passé par le flanc droit de la défense camerounaise pour fusiller Kameni. On notera aussi, comme rare satisfaction, l’énergie indémodable de Song qui, par quelques tacles rageurs, a enrayé les actions des véloces attaquants du pays hôte. Très peu pour que les quadruples champions puissent tenir leur rang devant une ambitieuse Guinée équatoriale.
Le match de dimanche n’avait aucun enjeu sportif pour le Cameroun, déjà qualifié pour la Can 2008. Il rappelle simplement l’urgence de ne plus laisser de situations d’incertitude pourrir. Reste à savoir si le nouveau sélectionneur tant annoncé, qui ne connaît pas les joueurs et se contentera probablement une fois encore sur des recommandations, pourra, en quatre mois, redorer une âme aux Lions indomptables.
Emmanuel Gustave Samnick, à Malabo