Je tiens d’abord à féliciter les Lions indomptables qui viennent de réaliser un exploit. Il faut d’abord souligner que la Tunisie était un des cinq représentants du continent africain à la dernière coupe du monde. Et en 2004, la Tunisie était le vainqueur de la coupe d’Afrique. Tout ceci grandit le Cameroun qui a éliminé un adversaire de taille. Au regard du palmarès des Tunisiens et des Lions indomptables, quadruples champions d’Afrique, ce match palpitant, plein de rebondissements ne surprend guère.
Un mot sur le classement des joueurs et la stratégie mise en place par l’entraîneur Otto Pfister ?
L’entraîneur a aligné en début de rencontre une équipe solide constituée de 4 défenseurs, 5 milieux de terrain et un attaquant lorsque nous perdions le ballon. Et dès que le Cameroun récupérait le ballon, les Lions jouaient avec un dispositif de 1-4-3-3. Je m’explique : Emana se retrouve dans la position de l’attaquant droit, Idrissou à gauche et Eto’o dans l’axe central. Et au milieu du terrain, Makoun, Mbia et Song étaient à la récupération. Une fois que le ballon était perdu par les camerounais, Idrissou bloquait le couloir gauche, revenait au milieu de terrain. Emana fait de même. Vous constaterez que c’est un système de jeu qui sacrifie Eto’o sur le plan tactique. Il n’est pas évident pour un joueur comme Eto’o de se retrouver seul comme avant-centre.
Eto’o a donc été sacrifié par qui ?
Par les choix tactiques de l’entraîneur. J’estime que l’entraîneur a bien fait d’adopter cette stratégie car on musclait son milieu de terrain pour sevrer les tunisiens de ballons. Et Otto Pfister comptait que sur un exploit individuel d’Eto’o pour faire la différence. Sur un plan psychologique, les Lions ont tiré les leçons du passé et abordé ce match avec le maximum de sérieux. Ils ont marqué deux buts et cela leur a donné un avantage psychologique certain.
A quel niveau, les Lions ont pêché ?
Sur les deux buts des tunisiens, je n’ai pas de reproches à faire à l’équipe du Cameroun. En football, il faut des erreurs pour qu’il y ait des buts. On ne peut pas reprocher aux Lions d’avoir encaisseé, on ne peut jeter l’opprobre ni sur les attaquants, ni sur les défenseurs ou un quelconque compartiment. Le football est un sport collectif, on joue ensemble, on attaque ensemble et on défend ensemble. Sur le premier but, il y a un coup franc qui occasionne le but. S’il faut désigner un coupable, on dira que les attaquants n’ont pas fait leur travail, les milieux n’ont pas fait les leurs et les défenseurs ont été obligés de commettre la faute pour éviter un but. Malheureusement, le coup franc a été concrétisé. Sur le deuxième, il y a une exceptionnelle conservation du ballon et les tunisiens nous chipent le ballon pour marquer…
Il y avait pourtant une faute individuelle d’Idrissou…
Je ne voudrais souligner cela car je soutiens que l’équipe des Lions indomptable a gagné à onze et défendu à onze. Je crois que ce qui est important, c’est de souligner la force des Lions qui sont allés puiser au fond d’eux pour prendre le dessus alors que les tunisiens étaient revenus à 2-2. On a marqué un troisième but et on a réussi l’exploit de conserver cet avantage alors que les gars étaient visiblement fatigués.
Analysons tous les compartiments. Comment avez-vous trouvez la performance du gardien de but, Idriss Kameni ?
Il a été impeccable ! Il a sauvé le Cameroun à un moment décisif, je crois que le score était à 2-1. Si les Lions avaient encaissé à ce moment là, cela devrait changer le cours du jeu, mais il a été décisif dans certaines actions qui semblaient fatales.
La défense ?
Dans ce compartiment, je trouve que les défenseurs ont fait leur match. Je trouve Song et Bikey ont fait leur travail. Geremi également a été impeccable et décisif sur les coups francs. Atouba à qui on reprochait souvent certains manquements a été plus percutant que d’habitude. C’est vrai qu’il a fléchi un peu d’où son remplacement.
Et le milieu du terrain ?
Makoun n’a pas donné le rendement qu’on lui connaît. Mbia, était très explosif, et physiquement il rappelle notre ami le défunt Foé. En plus, il est technique parce qu’il est capable de se transformer en récupérateur et en relayeur. Il a le jeune Song Bilong qui a avalé plusieurs kilomètres et a été efficace partout au milieu du terrain du terrain. En seconde mi-temps, on a vu Gilles Binya, percutant et même Epalle virevoltant sur le côté, obligeant les adversaires à reculer et à le surveiller en duo.
Que dire alors de l’attaque ?
Idrissou était à cheval entre l’attaque et le milieu. Il venait fixer les deux défenseurs centraux tunisiens qui étaient très grands dans l’espoir de donner un peu d’espace à Eto’o. Les gens pourraient penser qu’il n’a pas bien joué mais c’est mal apprécié car Idrissou a eu un rôle ingrat à savoir donner un coup de main à Sammy et bloquer le couloir gauche lorsque les Lions perdaient le ballon. Quant à Eto’o, il est bon, mais on n’a pas encore retrouvé le grand Eto’o que tout le monde attend. Ses dribles ne passent pas, ses accélérations sont infructueuses, Eto’o, n’anticipe pas. Ce Eto’o que nous découvrons à la Can est l’ombre de lui-même, tactiquement et techniquement. Eto’o a besoin d’être un electron. Or aujourd’hui, il a été positionné en attaque où il était esseulé. Mais on espère que le match de demi-finale contre le Ghana, il pourra sortir le grand jeu qui fait de lui une super star mondiale.
Propos recueillis par Eric Roland Kongou, à Tamale