Samedi 2 février 2008. 10h. C’est dans le hall de l’hôtel UDS Get Fund de Tamale (Ghana) que la scène s’est déroulée. Une équipe de télévision tunisienne, constituée de trois personnes, en provenance des étages supérieures débarque au hall de l’hôtel où étaient installés deux membres de l’encadrement technique du Cameroun : Otto Pfister et Thomas Nkono. Un membre de la communication de la Confédération africaine de football (CAF), avertit par un membre de la délégation camerounaise du passage des journalistes dans l’étage des Lions, menace les hommes de médias tunisiens incriminés de ne plus remonter déranger les joueurs camerounais. Thomas Nkono, l’entraîneur des gardiens de but, tient également à mettre les point sur les i : « les joueurs ont besoin de calme et de concentration et ce n’est pas bien de monter dans les chambres les déranger dans les chambres ».
Une mise en garde qui a le don d’irriter l’un des journalistes tunisiens qui réagit d’un geste de la main du genre : « ne me dérange pas ! ». Suffisant pour que Thomas Nkono, réputé très réservé, s’avance vers le tunisien pour lever l’équivoque sur ce geste d’arrogance. Sans pour autant que l’ambiance ne soit délétère, les deux hommes ont plutôt déclenché un dialogue de sourd. Devant ce mur d’incompréhension, Linus Pascal Fouda, le chef de cellule de la communication du ministre des sports camerounais lance une boutade : « si vous voulez qu’on commence le match [Cameroun-Tunisie qui se joue lundi, ndlr], on va la commencer », prévient-il.
Entre temps, Otto Pfister, l’entraîneur a vite faite d’interpeller la police pour qu’on « jette ces gens dehors ». Moins de deux minutes plus tard, lorsque la police en charge de la sécurité de l’hôtel arrive, elle trouve que les deux parties avaient déjà rangées leur colère dans les oubliettes. Thomas Nkono rentre à sa place dans le hall tandis que les journalistes tunisiens se placent devant la véranda de l’hôtel.
Plus de 40 ans de domination
« Chez nous en Tunisie, ce geste veut tout simplement dire : Ok, pas de polémique, je m’en vais ! Votre coach a juste mal compris cela », confie, Abdul, l’un des journalistes tunisiens qui révèle avoir grandi au quartier Bastos (Yaoundé). D’ailleurs, poursuit-il : « des joueurs à l’instar de Bill Tchato et autres nous ont invité à entrer dans leur chambre et on a refusé. Nous on filmait juste les couloirs ( !) », Révèle Abdul.
Pendant ce temps, quelques Lions indomptables font des va-et-vient. A l’instar de Souleymanou, ou encore de Gilles Augustin Binya et d’Alain Mosely Nkong. De leur côté, les joueurs sont invisibles. Interpellé à propos de quelques interviews, Mondher Chaouachi, le responsable presse de l’équipe tunisienne, révèle que « les contacts avec les joueurs tunisiens ne sont pas possibles aujourd’hui. Par contre, il y aura conférence de presse ce dimanche ici dans notre hôtel. Vous aurez l’entraîneur Roger Lemerre et cinq joueurs à qui vous poserez toutes vos questions ».
Moins de dix minutes plus tard, « l’incident » avec les journalistes tunisiens étaient déjà clos. La preuve, Thomas Nkono était déjà devant les cameras des tunisiens qui lui faisaient des interviews. A la fin de l’entretien, le sourire des uns et des autres ne laissaient plus de doute sur la paix retrouvée.
Sur le terrain, les deux équipes se sont entraînées ce samedi soir. Alors que les Tunisiens faisaient une séance d’entraînaient ouvert aux médias, les Lions indomptables, eux, s’entraînaient à huis clos. Le match des ¼ de finale qui oppose les deux nations aura lieu lundi 4 février à 17heures à Tamale, heure locale. Avec un avantage psychologique pour les Lions indomptables qui ne se sont jamais inclinés devant les Aigles de Carthage depuis 40 ans.
Mais avant, ce dimanche, tout le Ghana retient son souffle pour le match explosif des quarts de finale qui oppose les Black Stars de Claude Le Roy et le Nigeria du coach allemand Berti Vogts. Une fébrilité palpable dans les rues et alimentée par la rivalité historique entre les deux pays, ex colonie british. L’autre ¼ de finale de ce dimanche oppose la Côte d’ivoire à la Guinée; une simple formalité annonce-t-on pour les coéquipiers de Didier Drogba, donnés largement favoris devant le Syli National de Guinée privé de son maître à jouer, Pascal Feindouno, suspendu.
Eric Roland Kongou, à Tamale