Accra, et tout le Ghana, s’est réveillé ce vendredi matin avec la gueule de bois, le lendemain de la grosse désillusion qui a laissé des séquelles indélébiles. Hier déjà, une heure après la défaite devant le Cameroun 1-0, les rues de la capitale étaient désertes. Les populations sont restées cloisonnées à domicile pour digérer en silence l’effondrement de l’espoir que les quelques 24 millions d’habitants plaçaient dans leur équipe nationale, les Black stars.
En cette mi-journée du 8 février, Accra ressemble à une ville fantôme. La ville, grouillante, vivante, pleine de joie d’hier, s’est métamorphosée, en un clin d’oeil, en un vaste désert. Seuls les quelques rares coups de klaxon de taximen venaient perturber la quiétude retrouvée. En attendant le grand choc, la finale, Cameroun-Egypte dimanche, retour sur les dessous de la folle journée de jeudi 7 fevrie2008 qui restera gravée dans la mémoire collective de l’ancienne Gold Coast.
L’hymne du Cameroun sifflé
Jeudi 7 fevrier. 16h50. La cérémonie protocolaire de la demi-finale Cameroun-Ghana atteint son paroxysme : l’exécution des hymnes nationaux. Lorsque l’hymne du Cameroun résonne dans les baffles du Ohene Djan sports Stadium d’Accra, les quelques 30.000 spectateurs ghanéens qui mettaient le feu dans les gradins n’ont pas arrêté de taper dans leur main et dans les gadgets gonflables pour soutenir leur équipe nationale. Faisant preuve d’un manque de fair-play flagrant. Les spectateurs ne se sont pas levés non plus de leur siège pour honorer l’hymne du pays des Lions, c’est de bonne guerre. Curieusement, lorsque qu’on a entonné celui du Ghana, c’est tout le stade qui s‘est, en silence, levé pour hurler l’hymne du pays des Blacks stars.
Agogo super star
Lorsque les joueurs des deux équipes ont fait leur entrée sur l’aire de jeu pour le début de la rencontre de cette demi-finale, tout le stade n’avait d’yeux et voix que pour Junior Agogo, l’avant centre ghanéen, qui avait propulsé les black stars en demi-finale en crucifiant le Nigeria au lapirus. C’est donc sans surprise que tout le stade scandait le nom du joueur ghanéen qui est curieusement passé à côté de la rencontre.
Un cercueil pour Eto’o
Dans la guerre psychologique que les ghanéens ont décidé de livrer face aux camerounais, aucun moyen, aucune imagination n’était lésinée pour faire peur et intimider. C’est ainsi qu’on a vu dans les gradins un jeune qui s’est badigeonné aux couleurs du Ghana porter un petit cercueil sur la tête où on pouvait lire : « RIP Cameroun » ou « RIP Eto’o ». Traduction : Rest in peace (repose en paix). Malheureusement le cimetière n’en a pas voulu, puisque l’histoire retiendra finalement l’entrée de Nkong qui inscrivit un but assassin à la 72’, plongeant tout le stade dans un silence justement … de cimetière.
Gradins à moitie plein
La grande médiatisation de la rencontre Cameroun-Ghana aurait fait penser que les spectateurs allaient se marcher sur les pieds pour venir remplir le stade de la capitale ghanéenne. Il n’en rien été. Du moins jusqu’à la première mi-temps alors que le coup d’envoi était déjà donné, on pouvait voir plusieurs chaises encore non occupées. Il a fallu attendre la seconde mi-temps pour voir le stade se remplir.
Alain Nkong le « Cerveau » libérateur
Pendant la mi-temps du match Ghana-Cameroun, Alain Nkong Mosely, alias « Cerveau » s’est entraîné durant toute la pause. C’était d’ailleurs le seul joueur camerounais à ne pas être allé dans les vestiaires. Lorsqu’il fit son entrée à la 60’, Nkong qui n’avait jusque là joué que 10 minutes dans cette compétition, allait inscrire son nom en lettre d’or dans l’histoire du football camerounais.
Bikey recoit les projectiles
André Amougou Bikey n’oubliera pas de sitôt la journée du 7 février 2008. Alors que les deux Song (Rigo et Alex) étaient couchés sur la pelouse à la 90eme minute de la rencontre parce que fauchés par les joueurs ghanéens, les secouristes ont accouru sur « petit Magnan » (A. Song) et s’apprêtaient à le mettre sur la civière, Bikey a chargé un secouriste qui s’est envolé avant de chuter près d’un metre plus loin. Il faut dire que le secouriste ne voulait pas du tout voir Song de retour dans le match. Le carton rouge reçu comme sanction ne va pas calmer le courroux des supporters ghanéens qui ont lancé des projectiles sur Bikey qui sortait de la pelouse. Mécontent, le défenseur de Reading (Angl.) a refusé de sortir si les projectiles ne s’arrêtaient pas de pleuvoir. C’est finalement sous escorte policière que le malheureux Lion qui manquera la finale est sorti.
Mbami et Ayew sur la pelouse
Malgré les sentiments différents qui les animaient, le camerounais Modeste Mbami et le ghanéen Ayew André, sont restés assis sur la pelouse, devisant tranquillement sous les projecteurs de certaines télévisions. C’est après une demi-douzaine de minutes de causerie que les deux marseillais se sont séparés.
Eva Leroy en pleurs
L’épouse de l’entraîneur du Ghana était inconsolable hier à la fin de la rencontre du match perdu par les Blacks Stars du Ghana. Eva Leroy est restée près du bus de l’équipe du Ghana avec quelques amies européennes pendant que son mari accordait des interviews à la zone mixte. Lorsque ce dernier est arrivé, il a pris son épouse, en sanglot, dans ses mains et devant les journalistes, Claude Leroy a laissé entendre que l’arbitre marocain qui dirigeait la rencontre roulait pour le Cameroun du fait que le président de la Caf était camerounais. Très surprenant de la part de l’ancien sélectionneur des Lions indomptables qui avait gagné la CAN avec Les Lions en 1988.
Rassemblées par Eric Roland Kongou, à Accra