Lions indomptables et Pharaons, sélections nationales détenant le record de trophées en Afrique, avec à elles seules, neuf titres, croiseront le fer en match de poule. Une rencontre du groupe C très attendue, considérée à juste titre comme une finale avant la lettre. Gare cependant au Soudan et la Zambie qui se positionnent en outsiders.
Avec le tirage au sort effectué ce vendredi 19 octobre 2007 à Accra, commence véritablement le compte à rebours de la 26ème édition de la coupe d’Afrique des nations 2008. Le Cameroun qui pour sa quinzième participation, n’a pas été classé tête de liste, rencontre dans la poule C basée à Kumasi, la deuxième ville du pays, les terribles Pharaons d’Egypte, quintuples vainqueurs de la coupe d’Afrique des nations de football (Can ), la Zambie et le Soudan. Des adversaires qui laissent de marbre la quasi-totalité des Camerounais. En effet, ces nombreux supporters des Lions indomptables qui ont suivi le tirage au sort à travers leurs écrans, grâce au concours des télévisions étrangères, se montrent beaucoup plus préoccupés par la non désignation jusqu’à ce jour, d’un entraîneur national. « Et pourtant, le temps presse », a lancé un quinquagénaire, manifestement désabusé par la trop longue et pénible attente.
Cameroun – Egypte, une affiche de rêve qui fait saliver les fanatiques des Lions indomptables particulier, et les amoureux du football en général. Ceux-ci, vraisemblablement, n’ont toujours pas digéré l’affront des Pharaons, ce samedi noir du 8 octobre 2005 à Yaoundé. Lors de l’ultime journée des éliminatoires de la coupe du monde Allemagne 2006, les joueurs des rives du Nil en Afrique du Nord, déjà hors course, étaient pourtant venus, au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, imposer un nul suicidaire aux capitaines Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers Samuel Eto’o Fils, Jean II Makoun, Rudolph Douala Mbella, Raymond Kalla et Pierre Womé…, privant 18 millions de Camerounais d’une sixième participation en coupe du monde et la cinquième d’affilée, après les éditions de 1982 en Espagne, 1990 en Italie, 1994 aux Usa, 1998 en France et 2002 à Corée-Japon.
Une occasion idéale s’offre donc aux Camerounais de prendre leur revanche. Ce qui de toute évidence, ne sera pas facile. Les Egyptiens ne sont pas nés de la dernière pluie. L’ossature des Pharaons, qui en sont à leur 21 ème participation, cinq fois victorieux de la Can, respectivement en 1957, 1959, 1986, 1998 et 2006, repose essentiellement sur des jeunes stars du championnat local, puisés au sein du National Al Alhy et du Zamalek du Caire, avec pour leader Mohammed Aboutreika, et Mido évoluant en premier league. De plus, l’historique des confrontations antérieures à la Can entre le deux nations, a prouvé que les Egyptiens, grâce à des footballeurs d’exceptions dont Abouzeid, El Bathal, Abdelghani, Hossan Hossan… ont souvent su donné de la réplique aux Camerounais.
Les Pharaons ont remporté leurs duels en match de poule (1 – 0) lors de l’édition organisée en 1984 par la Côte d’Ivoire et deux ans plus tard, aux tirs aux buts en finale jouée au stade national du Caire devant 100 spectateurs ! A l’inverse des Camerounais conduits par le légendaire Roger Milla, étaient plus forts en 1988 au Maroc ( 1 – 0). Idem pour la cuvée 96 en Afrique du Sud, menée par François Oman Biyick et Alphonse Tchami (2 – 1), et celle conduite par Patrick Mboma, Lauren Etame, Rigobert Song… victorieux d’un quart de final serré (1 – 0) en 2002 au Mali. La dernière confrontation entre les deux sélections, dans le cadre de la Can remonte en 2004 en Tunisie, soldée sur un score vierge.
Lions et Pharaons largement favoris
Au vue de leur palmarès élogieux, Camerounais et Egyptiens partent favoris. Mais, les deux outsiders ont eux une carte à jouer dans cette poule qui reste malgré tout très ouverte. Les Zambiens vont une nouvelle fois tenter de jouer les premiers rôles sur la scène continentale, 14 ans après la finale perdue face au Nigeria en Tunisie. Le groupe, jeune, était emmené par le doyen capitaine Kalusha Bwalya, rescapé du terrible crash d’avion qui décima en 1993, la sélection zambienne alors engagée dans les éliminatoires de la coupe du monde Usa 1994. Mais, une attention particulière sera focalisée sur le Soudan. Cet Etat qui abrita l’édition de 1970 a opéré il y a une décennie, un travail à la base. Les efforts des autorités de Khartoum sont récompensés au niveau des clubs qui rivalisent aujourd’hui d’égal à égal avec les équipes professionnelles du Maghreb, qui dominent depuis au moins 10 ans, et de manière outrageante, les coupes africaines interclubs. Pour le compte de la saison 2007, le Soudan a réussi à placer ses deux meilleurs ambassadeurs dans le dernier carré. Al Hilal a été éliminé de justesse en demi-finale de la champions league. Fort heureusement, El Mereikh a tenu à laver cet échec en accédant en finale de la coupe des confédérations prévue en novembre contre le club sportif sfaxien.
Les Lions indomptables n’ont dont qu’à bien se tenir. L’armada de professionnels camerounais n’impressionne plus personne en Afrique. Un constat que ne peuvent nier Rigobert Song Bahanag et ses coéquipiers, après avoir peiné pour obtenir la qualification devant des pays inexistants sur la planète du football, à l’instar du Rwanda, du Libéria et aussi et surtout, après avoir mordu honteusement la poussière devant la très modeste Guinée Equatoriale. Aussi, la décision de la Confédération africaine de football de ne pas retenir le Cameroun parmi les têtes de listes donne à réfléchir sur l’avenir de cette équipe, qui plus est la nomination de l’entraîneur est depuis 10 mois (depuis le démission du Néerlandais Arie Haan le 3 janvier), bloquée dans les tiroirs de l’administration.
Jean Robert Frédéric Fouda à Yaoundé