Juchés sur un nuage d’orgueil, les camerounais présents au stade Ohene Djan Stadium d’Accra sont tombés bien bas au coup de sifflet final donné par le béninois Codjia Koffi. A côté des égyptiens qui jubilaient dans un délire indescriptible, les camerounais, eux, étaient, inconsolables. Kameni pleurant à chaudes larmes était effondré sur l’aire de jeu. Ses co-équipiers vont le consoler en vain. Dans les gradins, plusieurs fans étaient toujours vissés sur leur chaise, comme s’il y avait une troisième mi-temps dans cette finale.
A la zone mixte, les Lions indomptables, comme s’ils s’étaient passés le mot, ont filé devant les journalistes en silence. C’est Alexandre Song qui inaugurera ce passage. Réagissant aux sollicitations des hommes de médias qui insistaient pour une interview, « petit Magnan », avec une tête d’enterrement, a craqué : « mais je ne refuse pas de parler ! Vous ne comprenez pas…», a-t-il tonné avant d’aller s’installer dans le bus.
S’ils n’ont pas réagi bruyamment comme Alexandre Song Bilong, les autres sont passés sans dire un mot à l’endroit des journalistes. Seuls Bill Tchato, Modeste Mbami, vont donner leur « impression sur la finale », avant de filer à la hussarde.
Le capitaine Rigobert Song, passant en dernière position, et toujours disponible pour la presse, a accordé un « long » entretien de… trois minutes. Sur une éventuelle retraite internationale après cet échec à la CAN, le capitaine des Lions a eu cette réponse cinglante : « j’ai 31 ans, je ne suis pas malade. Je me porte bien. Ce n’est pas parce que j’ai commis une erreur lors de la finale, qu’on ne reconnaîtra plus ma valeur intrinsèque ». Au contraire, poursuit Magnan : « il y a d’autres défis qui nous interpellent à l’instar des éliminatoires de la CAN 2010 en Angola, les éliminatoires de la Coupe du monde. Autant de compétitions qui sont les motivations pour nous ».
Au Kotoka Airport of Accra, deux avions de la Camair, la compagnie aérienne nationale, étaient chargés de transporter les délégations camerounaises vers Douala et Yaoundé. Comme pour exorciser le mal qu’ils viennent de vivre, les camerounais, dévissaient sur tous les sujets, sauf sur la finale. Camfoot.com fait un retour sur les dessous de cette palpitante finale.
Cordon de sécurité pour John Kuffour
En raison de la présence du président ghanéen John Kuffuor lors de la finale Cameroun-Egypte, les services de sécurité du stade ont été renforcés par ceux de la garde présidentielle. C’est ainsi que les spectateurs étaient passés au peigne fin et devaient montrer pattes blanches avant d’entrer au stade.
Le charter égyptien
A l’occasion de la finale, les fans des Pharaons ont organisé un charter de trois avions pour venir porter les co-équipiers du capitaine Ahmed Hassan à la victoire. A leur descende d’avion à Accra, Les pilotes et les hôtesses avaient un petit drapeau égyptien entre les mains. Les supporters étaient tous vêtus de maillots portant les noms des joueurs. Les footballeurs les plus prisés étaient Abou Treika et Mohamed Zidan, les deux goleadors égyptiens. Dans les gradins, armés de trompettes et de gadgets gonflables, ils ont déroulé les drapeaux rouges et blancs du bord Nil, et donné de la voix pour porter les Pharaons à la victoire. La nuit, au Kotoka International Airport d’Accra, regardant les temps forts de la finale remporté par leur pays sur les écrans de télé ghanéens, ils ont encore entonné les chants, joué de la guitare et soufflé dans les trompettes.
Eto’o, la star
Malgré la présence de toutes les personnalités, au stade d’Accra lors de la finale, Samuel Eto’o a ravi la vedette à tout ce beau monde. A la sortie des Lions indomptables du Cameroun pour le début de la rencontre, les fans acclamaient le Fc Barcelone. Pendant l’exécution de l’hymne national, alors que l’image de Samuel Eto’o passait sur l’écran géant du stade, tous les spectateurs ont scandé son nom et il a repondu avec un sourire.
José Mourinho à Accra
Personne ne l’a vu arriver. Il a débarqué au Novotel Hôtel, l’hôtel des Lions et a tout fait pour passer inaperçu. D’un pas alerte, l’ancien entraîneur de Chelsea a reconnu Roger Milla, l’a embrassé et alors qu’ils dévissaient, un petit attroupement se formait autour d’eux. Il a gentiment coupé court à l’entretien pour s’engouffrer dans un des ascenseurs de l’hôtel. Sur les raisons de sa présence au Ghana, la rumeur a vite fait d’affirmer que Mourinho est là pour négocier son contrat pour entraîner les Blacks stars du Ghana. Seul l’avenir pourra donner une réponse claire à ces allégations. Mais une chose est sûre, Mourinho a était un des consultants de la CAN de la chaîne européenne de sport, Eurosport.
Otto Pfister console Song Bilong
Son remplacement dès la 15ème minute de la finale Cameroun-Egypte a surpris tout le monde. Blessé lors des demi-finale contre les Black stars du Ghana, Alexandre Song, la révélation camerounaise de la CAN 2008, ne s’était pas complètement remis de sa blessure, en dépit des assurances du Pr. Guillaume Achou, le médecin des Lions et de l’intéressé. Sur le terrain, le verdict fut implacable. L’infatigable « petit Magnan » intraitable depuis le début de la compétition a perdu, au milieu du terrain, tous ses duels devant le remuant Abou Treika. Otto Pfister qui l’a sorti après un quart de jeu a bien compris que que le jeune était frustré. En bon psychologue, le coach allemand a attendu le Lion indomptable au bord de la pelouse pour le consoler en le tenant par les épaules. Il n’a pas en tout cas pas réussi sa mission si on se fie au comportement du joueur qui a enlevé sa médaille d’argent de son cou, immédiatement après l’avoir reçu des mains de Sepp blater, le président de la Fifa avant de bouder royalement la presse à la zone mixte réservée aux interviews.
Mbami et le poteau
A chacun sa manière de gérer la défaite contre l’Egypte. Alors que certains à l’instar de Kameni pleuraient à chaudes larmes et que d’autres étaient effondrés sur l’aire de jeu, Modeste Mbami est allé s’asseoir sur la pelouse, et adossé à un poteau des buts du stade. Le ballon entre les jambes, le marseillais paraissait lointain. Les grandes douleurs sont muettes, dit-on. Un comportement qui a attiré l’attention du coach égyptien Hassan Shehata, qui, pris de compassion, est venu relevé Mbami qui est allé prendre sa médaille.
Lot de consolation
Ils étaient au moins trois Lions indomptables à se consoler avec un ballon de la finale. Après le coup de sifflet final du béninois Codjia Koffi, certains joueurs camerounais se sont rués sur les ballons de la Caf pour les garder en souvenir. C’est le cas de Mbami, Bikey, Alain Nkong, qui avaient entre leurs mains, leur « trophée de guerre », comme lot de consolation.
Eric Roland Kongou, à Accra