Après avoir décroché les étoiles ghanéennes au firmament sous le ciel d’Accra, les Lions indomptables ne sont plus qu’à un pas d’une cinquième couronne continentale. Mais pour cela, ils doivent battre les Pharaons égyptiens dans un remake du match de poule.
Ce n’est pas la finale que la majorité des observateurs attendait. Pour sûr, très peu de parieurs ont misé sur cette combinaison, même les plus casse-cou. Il faut dire que du coté des bookmakers, les finalistes de cette CAN 2008 n’avaient pas la côte. Après une phase éliminatoire très approximative, les Egyptiens sont arrivés au Ghana la tête basse. Le groupe considéré comme vieillissant n’avait rien d’un champion, les critiques pleuvaient sur le coach Shehata. Même son de cloche du coté Camerounais. La phase éliminatoire a certes été plus aisée, mais la préparation jugée négligeable à cause de l’amateurisme des dirigeants. De même, des doutes s’élevaient sur l’état de forme des joueurs, et sur la qualité des sélectionnés. Mais voilà, malgré tout, la finale de cette CAN opposera bien le tenant du titre égyptien à la légende de la compétition, le Cameroun. C’était oublier un peu vite que ces deux nations cumulent 9 victoires en Coupe d’Afrique des nations (5 pour l’Egypte, 4 pour le Cameroun). Les deux finalistes ont donc déjoué les pronostics écartant les deux favoris de la compétition.
Si les Pharaons ont fait taire les critiques d’entrée de jeu par une victoire nette sur le Cameroun, les Lions pour leur part se sont construits tout au long du tournoi, au fil des matchs. Aussi, l’équipe qui se présente en finale est loin de celle dominée par l’Egypte (4-2). Sans être spectaculaires, les joueurs se trouvent, le groupe est plus confiant et solidaire. Du reste, les Lions avaient déjà montré deux visages contre les Pharaons. Battus (3-0) en première période, il ont redressé la barre (1-2) en seconde manche, mettant à profit les ajustements du coach, même si cela n’a pas empêché le naufrage final de l’équipe sur les berges du Nil.
Certes, pour beaucoup d’observateurs l’Egypte part avec les faveurs des pronostics. Outre l’ascendant psychologique qu’ils ont eu sur les Lions du fait de leur première victoire en poule, les Pharaons se livrent à une démonstration depuis le début de cette CAN. Autant le Cameroun s’est montré parfois laborieux, autant l’Egypte a affiché sa constance et a offert un jeu chatoyant. L’équipe égyptienne est solide, disciplinée, technique. Son jeu court est fluide. Déjà à l’issue de la phase de poule, Pierre Menès consultant français disait qu’elle est la seule de la compétition à présenter un fond de jeu cohérent, efficace et agréable. La bande à Zidan lui a donné raison face à l’Angola révélation du tournoi, et avec une étonnante facilité face à la Cote d’ivoire, équipe sensée la plus forte de la compétition. Les Egyptiens manquent de grandes stars internationales évoluant dans les meilleurs clubs du monde, hormis peut-être Mohamed Zidan (Hambourg), mais elle compense par l’harmonie que génère les joueurs locaux plus nombreux. Leur point faible le plus apparent est finalement… la soif de revanche des Camerounais.
Le poids de l’histoire
Historiquement, cette formation pose souvent des problèmes au Cameroun. Les Lions indomptables se sont imposés face aux Pharaons à deux reprises dans l’histoire de la CAN. C’était à chaque fois en phase de poule. (2-1) en 1996 en Afrique du sud, et (1-0) en 1988 au Maroc. De leur coté hormis cette année, les égyptiens ont pris le dessus chez en 1986, et en 1984 en Cote d’ivoire. Et puis bien sûr les Camerounais se souviennent encore de la tragique élimination de la coupe du monde 2006, à cause des égyptiens déjà hors course qui sont venus faire match nul (1-1) à Yaoundé, qualifiant de ce fait la Cote d’ivoire. Les égyptiens n’ont jamais perdu en finale de la CAN, pendant que les Camerounais n’ont perdu qu’une fois. C’était en 1986 contre…l’Egypte.
Mais jusqu’ici, les Lions ont su déjouer les pronostics qui n’ont jamais été à leur avantage. Avec un jeu moins abouti, et peu élaboré ils sont malgré tout des compétiteurs au mental hors paire. Une référence sur le continent. Ils sont encore plus redoutables quand on ne les attend pas, quand ils sont contre le mur. L’absence apparente d’un fond de jeu de leur part peu se révéler être un atout, dans la mesure où plus que jamais l’équipe est incernable pour les autres, efficace et réaliste. Bien entendu, les Lions devront peut-être faire avec un public hostile, qui a encore en travers de la gorge l’élimination du Ghana. Mais ce genre d’ambiance ils y sont habitués. Pour conquérir la couronne, ils devront aller à l’assaut de la pyramide égyptienne et l’escalader. S’ils y parviennent, au soir du 10 février le Cameroun sera la nation africaine la plus titrée dans la CAN avec cinq trophées, au même titre que…l’Egypte.