Raul Aguas commence à trouver la situation difficile. L’adjoint d’Artur Jorge, lui aussi sans salaire, évoque pour la première fois des problèmes qui selon lui, datent de plusieurs mois maintenant. En espérant ne pas être obligé, avec son compatriote, d’abandonner l’équipe nationale du Cameroun à 8 jours du match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations 2006, au Caire.
Camfoot.com: Raul Aguas, des media camerounais et français font état depuis une semaine de problèmes de salaires en retard chez le staff technique de l’équipe du Cameroun. Ces problèmes sont-ils avérés chez ce staff dont vous faites partie avec Artur Jorge, Jules Nyongha et Jacques Songo’o?
Raul AGUAS: Oui, c’est la vérité, c’est vrai! Pourtant, nous n’avons rien dit à la presse au Portugal. Nous entrons dans notre 7eme mois sans salaire. Nous avons demandé plusieurs fois notre dû au ministère, et on nous répondait à chaque fois: « l’argent est déjà parti, l’argent a de la difficulté à arriver ». Les 3 premiers mois, nous n’avons rien dit, mais après c’était toujours « la semaine prochaine, la semaine prochaine… ». On en parle maintenant parce que la semaine dernière, des gens ont dit au Cameroun que nous avons reçu la moitié de notre salaire.
Camfoot.com: confirmez-vous avoir reçu cette avance?
Raul AGUAS: Ce n’est pas vrai, jusqu’à maintenant, on est toujours sans salaire, on est au 7ème mois sans être payés.
Camfoot.com: Que comptez vous faire maintenant, avec Artur Jorge et les deux autres entraineurs: vous allez tout de même en Coupe d’Afrique sans être payés?
Raul AGUAS: Moi, je pense que l’on doit être payés avant d’y aller! Les représentants du ministère nous l’ont promis à Bilbao fin décembre. Ce n’est pas normal! Rien n’est normal. Par exemple, nous avons demandé d’aller au Cameroun pour superviser les entraînements des juniors en route pour le tournoi de la Francophonie, Nous attendions donc nos billets d’avion, qui ne sont jamais arrivés. Même pour superviser les matches de nos futurs adversaires, nous avons attendu en vain.Ce n’est pas de notre faute.
Camfoot.com: Le staff technique n’a donc assisté au match amical du Togo samedi dernier en région parisienne?
Raul AGUAS: J’ai attendu et je n’ai rien reçu. Après le 8 octobre, lors de notre dernier séjour au Cameroun, nous avons tenu une réunion de préparation pour la CAN. Tout a été mis sur papier: le coût du stage, les voyages pour la francophonie etc. Nous n’avons même pas pu visiter les installations du stage en Tunisie à l’avance, ni celles d’Égypte.
Camfoot.com: Vous n’êtes donc pas allés au Cameroun depuis plusieurs mois. Votre contrat stipule pourtant bien que vous devez résider sur place….
Raul AGUAS: Vous savez, tous les joueurs de l’équipe nationale habitent en Europe. Au début, juste après notre arrivée, j’ai fait beaucoup de voyages pour regarder les joueurs. Au Cameroun, que pouvons-nous y faire? Il n’y a pas de terrains pour s’entraîner, il y a beaucoup de choses. Souvent on nous dit de venir au Cameroun. Mais je ne sais pas ce qu’on va faire là-bas. Pour les entraînements ce n’est souvent pas possible.
On avait convenu qu’en cas de qualification au Mondial, on emmènerait en Égypte des joueurs moins connus, et même certains jouant au Cameroun. Après le 8 Octobre, tout a changé: on va au Caire avec les professionnels pour ramener la Coupe d’Afrique. Il reste encore ici en Europe beaucoup joueurs à superviser!
Camfoot.com: Pourquoi la liste officielle des 23 est-elle sortie si tard, le 10 janvier seulement, date limite de son dépôt à la CAF?
Raul AGUAS: A Bilbao, il y avait tout le monde, même le président de la Fécafoot Mr Iya (Mohammed). Nous avons fait la liste, et tous les joueurs que nous avons demandés sont venus à Paris pour le rassemblement, sauf Womé. Notre liste de 23, donnée aux autorités camerounaises après le match de Bilbao, je le répète, la nuit même du 28 décembre 2005, est celle-ci [il dresse la liste sur un papier]. Et’o’o arrive le 15 janvier, Atouba et Womé étaient aussi convoqués même s’ils n’étaient pas à Paris lundi.
Camfoot.com: En cas d’absence de Womé, comme c’est le cas, quelle solution de rechange aviez-vous envisagé?
Raul AGUAS: Pour nous Womé devait venir de toutes façons, nous l’avions convoqué! Avant notre départ pour Tunis, tous les joueurs présents étaient ceux que nous voulions. Vous savez que la plupart des joueurs présents à Paris étaient au courant de leur convocation depuis un moment déjà, certains étant en France depuis 4 ou 5 jours déjà avant le rendez-vous du rassemblement. C’est la preuve que nous avons donné cette liste depuis un moment déjà. Ce n’est pas possible de dire que la liste n’était pas prête la veille de la date limite de la CAF. Si la liste n’est pas sortie publiquement dans la presse avant, ce n’est pas de notre faute. Nous avions donné la liste définitive des 23 après le match de Bilbao.
Camfoot.com: Selon vos dires, au moment où on se parle, le staff technique n’est toujours pas payé. Vous partez tout de même à la Can dans ces conditions?
Raul AGUAS: Vous savez, on est en Tunisie, la Can n’est pas en Tunisie cette année mais bien en Egypte. Nous avons donné beaucoup de temps pour que la situation s’arrange, et il y a encore quelques jours pour nous payer. J’espère qu’il vont le faire. Si nous réagissons aujourd’hui, c’est parce que des choses qui sont sorties qui ne sont pas la vérité. Nous n’avons jamais parlé de notre situation salariale à personne, ni au Cameroun, ni au Portugal. Des choses sont toujours dites entre deux personnes! Si cette nouvelle est sortie au Cameroun, ce n’est pas de notre fait. Je parle souvent avec la presse portugaise, presque tous les jours. Elle me pose souvent des questions sur nos joueurs: et bien je ne leur ai jamais parlé de salaires en retard. Nous avons de bonnes relations au Cameroun avec tout le monde, mais certaines choses qui sont sorties la semaine dernière ne sont pas la vérité.
Camfoot.com: Seriez vous alors capables, avec Artur Jorge après le stage de Tunisie, d’abandonner l’équipe en route pour l’Egypte si on ne vous donne pas votre dû?
Raul AGUAS: Normalement, nous aurions pu ne pas venir du tout, rester au Portugal, et se mettre en contact avec la Fifa. Nous ne l’avons pas fait, donnant le maximum d’opportunité au Cameroun de régler le problème. C’est ce que nous voulons, que tout se passe bien, que ce ne soit pas de notre faute. Nous aimons être ici, avec les joueurs, les fans. Si la Can 2006 finit, au mois de février, ce sera 8 mois déjà sans salaire! Ce n’est pas normal. Le monde entier le sait maintenant, et ce n’est bon pour personne. J’espère quand même que nous ferons la Can!
Camfoot.com: Sportivement, comment voyez-vous cette compétition? Le Cameroun peut-il aller loin?
Raul AGUAS: Ce n’est pas un grand probleme. Les joueurs sont motivés. Si les 23 joueurs que nous avons convoqués sont là, nous aurons une équipe très très forte. Avec un grand Eto’o, nous serons les 1ers favoris. Mais il faut faire attention aux bonnes équipes qui sont là: la Tunisie est championne en titre, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Maroc…
Je vois 6 ou 7 équipes qui peuvent remporter la Coupe d’Afrique. Mais nous, avec tous nos joueurs, notre motivation et un grand Eto’o, nous pouvons être dans les 2/3 équipes plus aptes à gagner.
Camfoot.com: Quel est le programme du stage de Tunisie?
Raul AGUAS: On découvre l’endroit, que nous avions pourtant demandé à visiter avant. Pourtant à Bilbao, on avait eu des assurances: « Ok, encore deux jours, et on va vous téléphoner au Portugal pour aller visiter les installations » J’ai attendu des nouvelles sur ma chaise jusqu’à me fatiguer (rires) Bon, on va attendre, on ne sait même pas si on aura un match sur place. Ce n’est pas nous qui faisons des propositions aux équipes pour des matches amicaux. Je ne sais pas qui de la fédération ou du ministère qui le fait. Mais l’un d’eux doit parler avec nous pour voir si nous sommes d’accord, etc. Nous sommes entraîneurs, et pas autre chose. Il y a des gens pour ça, comme dans toutes les équipes où nous sommes passés.
Camfoot.com: Quel est votre dernier mot?
Raul AGUAS: J’espère que dans le futur, l’organisation sera beaucoup mieux, il y a encore beaucoup de choses à faire au Cameroun: des terrains pour s’entraîner, des choses comme cela notamment!
Propos recueillis par Jean-Pierre ESSO