Sérénité et bons résultats sur le terrain ne riment pas forcément avec tranquillité financière. Dans l’entourage des Lions indomptables, des problèmes de primes sont signalés pour des entraîneurs et l’encadrement médical…
A priori, on pourrait penser que ce beau monde serait aux petits oignons vu les efforts déployés par tous, des joueurs jusqu’au staff médical en passant par les entraîneurs. Mais les informations puisées à bonnes sources font état de ce qu’un problème de prime secoue en sourdine entraîneurs et corps médical, qui ruminent leurs colères, mais n’osent pas lever le petit doigt, par peur, certainement, des représailles des fonctionnaires pour la plupart.
En principe selon les conventions régulièrement appliquées au sein de l’équipe nationale, Artur Jorge était en droit de s’attendre au double de la prime remise aux joueurs, mais ce n’est pas le cas ici au Caire. Les cas les plus pathétiques sont ceux de l’entraîneur adjoint Raul Aguas et du préparateur des gardiens Jacques Songo’o. Selon nos sources, le ministre aurait dit à Raul Aguas qu’il n’est pas connu par l’Etat du Cameroun, seul son compatriote Artur Jorge à été recruté comme entraîneur du Cameroun et à ce titre a droit aux primes de matches.
Pour le cas Jacques Songo’o, la même source révèle que le ministre a rappelé qu’aucun décret ne nomme l’ancien portier des lions indomptables au poste d’entraîneur des gardiens de l’équipe nationale, et pour cela il ne rentre dans aucune comptabilité. Jules Frédéric Nyongha reçoit après chaque match gagné un million de francs, Le Professeur Atchou,le patron de la l’encadrement médical, Daniel Teky, Georges Onana, les deux kinés de l’équipe touchent chacun un million et demi, après chaque victoire. Alphonse Benoît Essama le directeur administratif et son adjoint Stephen Tataw eux perçoivent à peine cinq cents mille francs. Une grille de prime qui ne reposerait en apparence sur aucune base pré-établie. Ce qui donne l’impression que le ministre paye à la tête du client. Cette impression est d’ailleurs confortée par l’information voulant que, lors des matchs comptant pour les éliminatoires de la coupe du monde 2006, les joueurs et tous les membres de l’encadrement technique et médical touchaient le même montant.
Chaque joueur de l’équipe nationale jusqu’ici reçoit après chaque victoire, la rondelette somme de cinq millions de francs CFA. Tous les joueurs ont donc perçu dix millions pour les deux victoires enregistrées devant les Angolais à la première journée et le Togo à la deuxième journée.
Il est question pour le ministre Mbarga Mboa de ne ménager aucun effort pour éviter tout mouvement de joueurs. C’est pourquoi après chaque rencontre, il prend les dispositions pour que chaque joueur soit payé dans sa chambre. Ces joueurs que nous avons approchés disent d’ailleurs beaucoup de bien du patron des sports. Par contre, les autres membres de l’encadrement des Lions n’ont pas bonne mine. La raison: ils ne sont pas toujours contents de la manière dont ils sont traités après les victoires des Lions.
Conscient de cette situation le ministre Mbarga Mboa depuis son arrivée au Caire, fait des réunions séparées. Les joueurs, les entraîneurs et l’encadrement médical, chaque groupe passe a son tour devant le ministre. Ce qui n’était pas le cas il y a peu. Seul Artur Jorge est logé à meilleure enseigne. Le coach lusitanien des Lions indomptables touche un peu plus de cinq millions après chaque match gagné.
Qu’est-ce qui peut expliquer que pour cette compétition les autres membres de l’encadrement soient différemment traités? Est-ce des consignes reçues par le ministre de sa hiérarchie, notamment le premier ministère qui est bien représenté dans la délégation officielle ici au Caire ? Pour en savoir plus dans cette affaire de prime qui resurgit au sein de l’équipe du Cameroun, nous avons tenté de joindre les responsables sur place au Caire.
Le directeur administratif des équipes nationales, Alphonse Benoit Essama joint au téléphone à 14h 10′ samedi après midi s’est empressé de nous demander d’où on tenait l’information avant de nous renvoyer chez son patron, le directeur des Sports. Robert Ndzana avec un air rassuré puisque certainement informé par Essama à simplement dit »allez demander aux intéressés ». Les intéressés pour leur part sont restés eux aussi évasifs. « Il n’y a absolument aucun problème de primes dans l’équipe » a rétorqué Jules Frédéric Nyongha. Un autre qui a souhaité parler sous le sceau de l’anonymat a dit »on n’a pas tous reçu les mêmes primes », il n’a d’ailleurs pas voulu faire beaucoup de commentaires.
Toujours dans notre souci d’en savoir plus au sujet de ces questions de primes, qui peuvent à la longue perturber l’ambiance du groupe si rien n’est fait, nous avons appelé André Naoussi, responsables de la communication au ministère des Sports et de l’Éducation physique. « Tout le monde a eu ses primes, les primes sont payées après chaque match, chacun est payé selon les accords du début » a-t-il déclaré.
Précisions ministérielles
Lors de la réunion dimanche matin avant le match contre la RDC, la presse a interpellé le ministre des sports, chef de la délégation camerounaise au Caire sur ce sujet. Le ministre, contrairement aux cadres de son ministère qui faisaient dans la langue de bois, n’a pas caché qu’il s’est posé un problème de cette nature. Concernant le cas Raul Aguas, le ministre a dit » C’est avec Artur Jorge que nous avons signé de contrat, c’est Artur Jorge qui a souhaité amener, Aguas et que ce dernier soit payé sur son salaire, c’est pour quoi nous lui avons donné un salaire conséquent ». Pour les primes, le ministre a affirmé que Artur Jorge reçoit pratiquement le double des primes des joueurs parce qu’il y a une partie à reverser à son compatriote d’adjoint. Selon le ministre, Aguas n’a pas apprécié qu’il soit obligé de passer par le patron de l’encadrement technique des lions pour toucher les primes. « Nous avons donc décidé de lui remettre sa prime à main propre depuis la victoire contre le Togo, il a le même montant que Nyongha »
Le cas de Jacques Songo’o a également fait l’objet de beaucoup de débats. Voici la position du ministre Mbarga Mboa : « Aucun décret ne nomme Jacques Songo’o, c’est Artur Jorge qui m’avait demandé à Paris d’intégrer Songo’o dans l’encadrement technique, parce que pour moi je ne voyais pas la nécessité de nommer un troisième entraîneur« . Le ministre affirme que malgré cette situation tout le monde touche les primes dont le montant diffère cependant de celui des joueurs.
Guy NSIGUE, au Caire