À quelques heures du duel entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun, la pression monte. C’est du moins ce que l’on a constaté à la séance d’entraînement des Lions de ce matin. Une séance fortement courue par des médias, en majorité français et ivoiriens.
Comme d’habitude, c’est l’un des stades du complexe Dreamland club, à cinq minutes de l’hôtel Pyramides Golf Resort où logent les Lions indomptables, qui a accueilli la séance d’entraînement des quadruples champions d’Afrique.
Ce jeudi matin, la séance a été dirigée de mains de maître par le sélectionneur Artur Jorge. Sans aucune exception, incluant le blessé Raymond Kalla, les joueurs ont répondu présents.
Après l’échauffement constitué de tours de piste, les séquences d’étirements et d’assouplissements ont été effectués sous la conduite de Gérémi Njitap, revenu auprès de ses coéquipiers après son absence à l’unique séance de mercredi. Il disposait alors d’une dispense. Les médias ont alors reçu une autorisation de 15 minutes pour les prises de photo, et ont rapidement été priés de quitter le lieu, pour le début effectif du travail proprement dit. Le huis clos était en vigueur.
Discussions ouvertes
Éparpillés dans les espaces verts attenants du Dreamland, certains hommes de médias affûtent leurs arsenaux. D’autres bavardent, confrontent même leurs opinions sur le match Côte d’Ivoire-Cameroun, sur la rivalité Eto’o-Drogba.
Pendant que la discussion suivait son bonhomme de chemin, le journaliste du quotidien L’Équipe, Hervé Penot, a eu l’idée de rejoindre les confrères camerounais regroupés et dévissant sur le match à venir, deux imprimés de l’interview de Samuel Eto’o parue dans l’édition du jour de son journal. Abdouramane, le Media press officer des l’équipe nationale du Cameroun s’est chargé d’en prendre connaissance pour tout le groupe.
« Pourquoi les journalistes français n’aiment pas Eto’o Fils ? « « Vous accordez deux pages d’interview à Eto’o, que vous n’annoncez pas à la Une« . « Tout pour vous, c’est Drogba! » lancent presque en choeur les collègues au français. La colère des journalistes camerounais s’amplifie davantage quand ils se rendent compte que, dans l’interview sus citée, L’Équipe annonce que le numéro 9 des lions indomptables n’est pas actuellement le meilleur buteur provisoire de la CAN. Il serait auteur plutôt de 4 buts… et non 5. A cela, Hervé Penot tentera des explications contournées, sans toutefois convaincre Yves Léopold Kom, de Africa n°1, qui relance la rivalité Eto’o-Drogba. On verra samedi…
Les débats se sont subitement arrêtés par la sortie avant terme des entraînements de Timothée Atouba et de Pierre Ebede. Il est 12 heures 15. Ces deux joueurs filent à l’hôtel, à pied. L’arrière gauche pour sa part est rattrapé par une équipe de reporters de TV5. Interview. L’équipe médicale n’est pas très bavarde sur son cas, mais, l’on apprend de manière officieuse qu’il aurait été astreint à une rééducation. « Ce n’est pas grave. Il peut jouer au ballon », nous rétorque-t-on en coulisse.
La méfiance d’Eto’o fils
Sur le stade du Dreamland club, déjà plus de 2 heures que dure la séance d’entraînement. Les hommes de média, caméras et appareils photo au point, observent à travers les grilles. Quand s’ouvre la porte s’ouvre, comme des fourmis, ils se ruent sur les Lions indomptables, histoire d’arracher quelques mots. Des maux aussi, parce que certains se verront tancés par Samuel Eto’o Fils. « Vous, vous êtes de quel journal?… Je ne vous parle pas… Vous allez aller tronquer mes propos; c’est votre habitude », a-til lancé vers les journalistes ivoiriens et français. Stratégie, concluront ses admirateurs.
Les autres poulains d’Artur Jorge ne se sont pas fait prier. Rigobert Song est le plus sollicité. Et, dans cette posture, le capitaine des Lions indomptables est à son aise et répond à toutes les questions, sans tenter un quelconque pronostic. « Il ne faut pas aller dans les pronostics. Il y a quelque temps, c’était les qualifications pour la coupe du monde, aujourd’hui c’est la Can. Donc, c’est deux choses différentes; le contexte n’est pas pareil. Il y aura un match agréable à jouer. Il y aura du monde que ce soit de notre côté que du côté des ivoiriens qui chercheront à mouiller le maillot. Je souhaite que ce soit dans un fair-play total », a terminé le défenseur de Galatassaray.
Des journalistes ivoiriens n’ont pas oublié la terrible soirée du 4 septembre 2005 à Abidjan. Ils ont demandé à Achille Webo s’il pouvait rééditer l’exploit d’un autre hat-trick samedi prochain. » Ce sont des matches qu’on n’oublie pas, parce que ce n’est pas donné tous les jours de marquer trois buts en équipe nationale. J’espère que j’aurais la meilleure chance samedi de marquer ne serait-ce qu’un but puisque l’essentiel pour nous c’est la qualification pour les 1/2 finales« .
Certains journalistes en voulaient plus et ont couru dans la tanière des Lions indomptables. Déception. Des interviewes ne sont accordées que sous autorisation de l’entraîneur Artur Jorge himself. On vous l’a dit, la tension monte. La pression surtout. A quelques heures de ce match aux couteaux, concentration et sérénité sont indispensables chez les Lions indomptables.
Du côté des Eléphants de Côte d’Ivoire, le temps est pratiquement à la réjouissance, celle du retour de Dindane Aruna arrivé ce soir en terre égyptienne. Ils disent sentir que la donne a changé.
Kisito NGALAMOU, au Caire