Lors du match d’entrée des Lions indomptables qui a vu la victoire du Cameroun sur les Palancas Negras d’Angola, il y avait certes des jeunes demoiselles camerounaises d’une troupe culturelle venues de Yaoundé et la troupe à Ngando Picket venue de Douala, mais les voix qui étaient le plus entendues étaient celles des militaires égyptiens. Des milliers, qui ont troqué leurs armes et solides tenues kaki noires pour des uniformes de couleurs vert, rouge, orange, bleue et autres. Versés dans les gradins, ils ont été chartérisés par le comité d’organisation pour venir faire foule lors des matches…
Il y avait en réalité deux groupes. L’un était considéré comme des supporteurs camerounais, tandis que l’autre était rangé derrière les Angolais. De gauche à droite, ils se faisaient entendre. En criant. En chantant. En dansant. Ils tombaient dans tous les sens. Toutes les mélodies étaient sous la cadence de deux musiciens, tenant chacun un gros tam-tam dans les bras, et qui dandinait d’un point à l’autre des gradins.
Un speaker indiquait souvent la hôlà, comme dans les grands stades européens. Parfois, on les entendait lancer un «Angola! », entrecoupé par le son amplifié du tambour. Notamment quand cette équipe possédait le ballon. Une solide motivation du 12ème joueur on vous dit ! Curieusement, les mêmes sont restés pour la seconde rencontre opposant le Togo à la Rdc (0-2).
Cela dit, samedi dernier au stade militaire du Caire, les trois cinquième des personnes qui avaient pris d’assaut les gradins étaient des militaires, pour en devenir la majorité. Ceux-ci n’ont pas payé d’entrée : ils y ont été chartérisés. Pour les organisateurs de cette compétition, il y a un souci de ne pas laisser les gradins vides. De faire de cette Can une véritable fête populaire, afin que les médias ne critiquent pas l’organisation, commente Abdel Salam, un journaliste égyptien, correspondant en Turquie pour Cihan news agency. Ce confrère ajoute cependant que « Ce n’est pas seulement en Egypte, mais durant toutes les Can ».
Un petit challenge, puisque ces « spectateurs » occasionnels font partie des pensionnaires de l’Académie militaire dont le stade dépend et que dirige Shief Fathy Nuser. Un joyau, d’une capacité de 30000 places environ, ouvert en 1989 et situé à 25 kilomètres du centre ville.
Dans ce vaste espace qui abrite aussi les matches du championnat local, plein de chaleur et de couleurs. Mais surtout des messages, mis en exergue sur des pancartes à quelques endroits précis du stade. « No racism », peut-on lire derrière les buts angolais à la 1ère manche. Le même message transparaît sur un tableau posté derrière les grilles sous la tribune présidentielle, avec cette fois « Contro it razzismo ».
L’autre message porte sur le travail des enfants. « Red Card to Child Labour » (Carton rouge au travail des enfants), interpelle une autre pancarte. Ce que vient d’ailleurs amplifier une chanson que portent des meilleures voix de la musique africaine. L’appel au fair play comme le recommande la Fifa est lisible sur une pancarte à l’entrée du tunnel du stade de l’Académie militaire du Caire. « Be fair play », y lit-on. Un appel qui tient la route jusqu’ici, car, au troisième jour de l’ouverture de la 25ème édition de la Can, aucun grand incident n’a été dénoncé.
Dans les coulisses
– Iya Mohammed endeuillé
La victoire des Lions indomptables contre les Palancas Negras n’a pas été bien fêtée par le président de la fédération camerounaise de football (Fecafoot). Alors qu’il appreciait encore ces premiers trois points pris samedi, Iya Mohammed a appris le décès de son géniteur. « Nous vous informons du décès du père de M. Iya Mohammed, le président de la Fécafoot à l’âge de 85 ans survenu à Garoua dans la nuit du 21 au 22 janvier 2006», a communiqué par texto la Fécafoot.
Il y a quelques jours, c’est Charles Emedec, 2ème vice président de la fédération qui perdait sa mère. Iya Mohammed a donc forcément écourté son séjour en terre égyptienne. Le DG de la Sodecton a pris un vol dimanche pour le Cameroun. Des esprits superstitieux en ont vu un signe : les Lions vont remporter la Can. Car, arguent-ils, quelqu’un a été sacrifié !
-La vraie-fausse diarrhée d’Adebayor
Beaucoup en étaient à s’interroger sur l’absence de l’attaquant togolais dans le onze entrant du Togo face à la Rdc de Claude Leroy ( 0-2) samedi dernier, qu’un communiqué griffonné au bic est venu lever les inquiétudes. « Suite à des problèmes digestifs, le joueur togolais numéro 4 (Emmanuel Adebayor, ndrl) à été remplacé au coup d’envoi par le numéro 4 Olufade », statue le communiqué, rédigé rapidement à la main et en français. En fait de « troubles digestifs », il en était rien.
On parle d’indiscipline de la part de l’international togolais annoncé à Arsenal. Il existe un conflit entre l’attaquant et son coach. Stephen Keshi l’avait alors sanctionné, en l’enlevant de la liste des onze entrants. Ce dernier est rentré dans les dernières minutes. Des sources annoncent même qu’il pourrait se retirer de la Can. Mais, dimanche et lundi également, Emmanuel Adebayor était présent à la séance d’entraînement matinale de son équipe à la Cité du 6 octobre, tout près de leur prochain adversaire, les Lions indomptables.
– Djemba Djemba pas content
Ce milieu de terrain camerounais est de nouveau sur la sellette. La nouvelle a circulé dans le « QG » des journalistes (Pharaoh hôtel) selon laquelle il aurait «agressé» un journaliste de Canal 2 international, la chaîne de télévision privée camerounaise. La scène s’est passée au moment où le joueur devait regagner ses coéquipiers dans le bus après leur victoire contre l’Angola. Le Lion Indomptable est tombé sur Sam Ango, qui était posté non loin du bus des Lions. Eric Djemba Djemba reprocherait à Sam Ango de souvent tirer sur lui pendant ses programmes sportifs. Ce que ce dernier ne nie pas d’ailleurs . « C’est vrai que je me suis deux à trois fois attardé sur son cas, mais de là à venir m’agresser, je pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas sur son caractère », regrette l’homme de média. A la séance d’entraînement d’hier, le joueur d’Aston Villa en Angleterre est sorti de l’aire de jeu le premier, et n’a pas voulu répondre aux sollicitations de la presse de son pays.
Kisito NGALAMOU, envoyé spécial au Caire.