« C’est fini cette fois. La peau de l’éléphant a été dure à cuire »; lançait un confrère ivoirien dans la tribune de presse. Un moment de joie et de liesse qui n’a pas étouffé les gorges à entonner un « Eto’o, Eto’o » au moment où ils amorçaient la descente des escaliers. Le ton était donné pour le déferlement des « coups de gueule » et autre « cancans » qui accompagnent toujours les rencontres Cameroun/Côte d’ivoire.
La « rivalité » ivoiro camerounaise a atteint son paroxysme avec les éliminatoires couplées CAN/coupe du monde qui a vu la qualification des éléphants au dépens des lions indomptables. Le contexte de qualification avait quelque chose d’un peu réducteur qui ternissait l’image de bravoure qui doit être celle d’un pays qualifié après effort tenace et âpre lutte.
Dire que la côte d’ivoire a été aidée par les égyptiens, ou dire qu’elle a essuyé 2 défaites contre le Cameroun, même si cela n’est pas une remise en question de la qualification reduit l’intensité de la jubilation. Tout un décor planté pour permettre à deux peuples qui se connaissent parfaitement de verser salives et encre dans un domaine où chacun se dote des « armes de destruction massive » pour mieux anéantir son « frère ».
Lorsque le camerounais brandit avec orgueil le palmarès éloquent des lions comme un trophée de guerre, et rappelle toujours à qui veut l’entendre les dates charnières et les moments intenses qu’ils ont fait vivre au peuple
> ivoirien, l’ivoirien quant à lui, dit vivre le présent qui se conjugue avec la nouvelle vague de joueurs talentueux qui affichent clairement leur ambition d’écrire une nouvelle page dans l’hitoire du foot ivoirien et
partant « représenter dignement l’Afrique ». Ce qui, à la base n’est que de simples querelles pour « plaisanter » prend parfois l’allure d’une joute oratoire où « le débat contradictoire » cède à une querelle de personnes et à des revendications à la limite vindicatives. L’éternel débat Cameroun/Côte d’ivoire qui a pour format réduit Eto’o/Drogba connaît une fois de plus avec cette CAN un autre tournant.
Que le nom d’Eto’o soit mêlé aux chants après un match où il aura été le « malheureux » tireur de penalty qui a propulsé les éléphants en demi-finale rappelle un autre scénario de penalty raté qui les a amenés en Allemagne.
C’est dire que dans cette « gueguerre », les camerounais eux-mêmes reçoivent leurs propres coups, ce qui n’est pas pour déplaire aux ivoiriens qui ont pris de l’ascendant une fois de plus. De « merci Womé » on est passé à
« merci Eto’o ». De la raillerie au menu en attendant le faux pas de l’autre côté.
Ce qu’il conviendrait de circonscrire dans cette « rivalité » qui a le mérite de stimuler les deux camps à l’émulation est le dérapage verbal et la propension à pousser la recherche du travers de l’autre dans les
limites des faits et images qui choquent la décence. Ce qui reconforte et coupe l’herbe sous les pieds des âmes rompues à la chicane est cette phrase qui revient toujours sur les lèvres: « Camerounais et ivoiriens sont des frères ».
Mustapha Nsangou, au Caïre