Les choses se suivent et se ressemblent pour l’équipe nationale du Cameroun. Quelques semaines seulement après la ténébreuse soirée de la non-qualification pour la coupe du monde, revoici les Lions indomptables cloués au pied des pyramides, à plus de 2000 km de la cuvette de Mfandena à Yaoundé. Ce n’est vraiment pas surprenant, au vu de la ferveur folklorique et aventureuse qui avait emporté la délégation camerounaise ici au Caire…
Dieudonné Philippe Mbarga Mboa, le ministre des Sports et de l’éducation physique enjoint de son titre de chef de la délégation camerounaise à la Can 2006 en Égypte, avait tout d’abord importé ses ennuyeuses réunions de préparation de match au Caire. Dans l’une des salles de l’hôtel Sheraton royal garden, où il avait installé, occasionnellement, son « cabinet » ministériel. Intitulée Réunion d’information et de coordination, elle devait, selon ses injonctions, se tenir chaque jour de match des Lions indomptables.
Ce 4 février 2006, le rendez-vous est respecté. Sur la table d’honneur se trouvent outre Iya Mohammed, le président de la fédération camerounaise de football (Fecafoot) -revenu au Caire après les obsèques de son père -, un certain Jules Doret Ndongo, ci-devant secrétaire général des services du premier ministre. Il dit être l’envoyé du gouvernement de la République du Cameroun pour venir encourager Rigobert et ses compatriotes. Pour cela, la veille du match, il était dans la tanière des Lions indomptables, à l’hôtel Hilton golf pyramides resort. Il a certainement dû tenir ce genre de discours que des joueurs n’aiment pas trop – Les Camerounais vous regardent…vous savez le Cameroun entre vos mains…Le chef de l’Etat vous demande de faire ceci, de jouer comme cela, ainsi de suite-. En retour, a-t-il dit, « les Lions ont donné leur promesse d’aller jusqu’au bout, de donner le meilleur d’eux-mêmes ».
Suffisant directement pour le ministre des Sports et de l’Éducation physique de rêver du trophée? Toujours est-il que Philippe Mbarga Mboa avait déjà dressé le victorieux planning de la délégation camerounaise – et donc des Lions indomptables – jusqu’au 11 février 2006, apres la finale bien entendu. L’honneur est revenu à André Naoussi, le chef de la cellule de communication de ce département ministériel de le dérouler. On apprendra alors que ce dimanche(dernier), après une réunion en matinée, l’équipe nationale du Cameroun – la délégation sportive- devait mettre le cap sur Alexandrie pour préparer son match de demi-finales de mardi prochain, contre qui on ne savait encore. Le programme prévoyait aussi quelques moments de détente et de réjouissance, comme ce fut le cas à Yaoundé, le 8 octobre 2005.
Ce jour-là, le ministre des Sports, apprendra-t-on plus tard, avait prévu à sa somptueuse résidence près de 2 000 couverts pour fêter la qualification des Lions indomptables pour la coupe du monde 2006, en Allemagne. D’autres activités connexes étaient aussi prévues, avec des groupes culturels et d’animation conséquents. Dans cette mouvance, Ngando Picket, qui se targue d’être la mascotte de l’équipe nationale du Cameroun, avait été mis à l’écart de la fête, au profit des artistes occasionnels. Leur rôle d’haranguer du public de Yaoundé s’avéra fade. Sans succès. Leurs voix ne portèrent pas, insuffisantes donc à booster le moral de Rigobert Song et ses coéquipiers sur le terrain de résoudre l’équation égyptienne pour la qualification pour la coupe du monde.
Rendu dans les arrêts de jeu, un penalty est sifflé à la faveur du Cameroun. Pierre Wome Nlend, aussi courageux, s’élance et écrase son tir sur le poteau. Grosse déception dans les gradins. Auparavant, le ministre, lui, avait déjà disparu de la tribune présidentielle. Sur le coup, et dans les semaines à venir, le défenseur camerounais de l’Inter est voué aux gémonies. Débats. Bien que sélectionné par Artur Jorge et parce que non soutenu par ses coéquipiers, il est censuré de participer à la 25ème Can 2005 par les autorités sportives camerounaises, pour avoir « trahi » le Cameroun en ratant un penalty. Juste un penalty. Et même, Roger Owona, l’envoyé spécial d’un nouveau magazine camerounais qui l’avait en une était persona non grata dans la tanière des Lions au Caire.
Une autre histoire vient de se passer, après celle du 8 octobre. Ngando Picket et son groupe n’étaient comptés parmi la délégation officielle culturelle du Cameroun à cette compétition. Les danseuses habillées, payés et logées n’avaient pas la voix forte pour encourager les Lions sur le terrain. Et puis vînt la dure et fatidique épreuve: les tirs au but. Samuel Eto’o Fils, dont le talent est incontestable sur le toit africain et mondial, manque son tir but pour qualifier la Côte d’ivoire en demi-finales de la Can. Et, comme Wome Nlend, il tient sa tête entre ses deux mains si celles-ci ne sont en accent circonflexe sur sa tête. Le parallèle est vite établi là: que fera-t-on alors de lui ? Doit-on le chasser aussi de l’équipe nationale quoique le degré de pertes ne soit aussi important ? En tout cas, la sagesse vient de Roger Milla, le vieux lion. » Ça peut arriver…Il faut toujours s’attendre à tout pendant un match« . Tout comme il ne faut jamais être sûr de soi, en pensant que Dieu n’est pas que Camerounais. Et si seulement l’honorable Brigitte Mebande, la prêtresse en chef lors des réunions de la délégation camerounaise au Caire, le savait…
Kisito NGALAMOU, au Caire