La coupe d’Afrique des nations, les rapports Minsep-Fecafoot, l’équipementier Puma et les maillots des Lions, le championnat national de première division, la démission du Français Patrick Georges Prêcheur, le salaire d’Artur Jorge, le fonctionnement de la Fécafoot sont autant de sujets qui ont meublé notre entretien avec le vice-président de la Fécafoot que nous avons rencontré ce lundi au Caire.
Camfoot.com: Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrez ici au Caire lors de ce premier tour?
Jean René Atangana Mballa: Pour le moment, nous n’avons pas rencontré de difficultés. Je crois que l’organisation est bien, c’est acceptable. Avec la Confédération africaine et le comité local d’organisation, nous ne rencontrons pas de difficultés majeures, c’est-à-dire qui puissent entamer le moral d’une équipe. Je crois que l’essentiel est fait. Vous savez que toute œuvre humaine n’est parfaite, mais sinon dans l’ensemble nous ne pouvons nous plaindre de quoi que ce soit, sinon les petits détails que nous pouvons d’ailleurs régler nous mêmes.
Camfoot.com: Comment se passe la cohabitation avec le ministre? Il nous est revenu que le ministre a refusé de payer les 36 millions pour dédouaner les maillots des Lions, comment la fédération et le ministère travaillent-ils au Caire?
Jean René Atangana Mballa: Vous savez l’histoire des maillots; il faut la voir différemment. Pour le ministre de Sports, quand on se souvient de ce qui s’est passé à la coupe d’Afrique des nations en Tunisie, il y a eu un problème de maillots. Finalement, on ne savait pas qui est responsable des maillots, on se jetait la pierre entre la fédération et le ministère. Le ministre a donc sorti une décision peu avant le départ, qui demandait à la fédération camerounaise de football de s’occuper de tout ce qui était sportif et administratif, et donc désormais c’est seule et seule la fédération seulement qui va s’occuper des équipements. Il est même allé plus loin en demandant que lors des réunions techniques, seuls participent les membres de la fédération et c’est ce qui est d’ailleurs fait. Ces réunions sont suivies ici au Caire par moi-même et les membres de l’encadrement technique c’est-à-dire un entraîneur et un médecin. Je crois que c’est déjà un début d’organisation. Il faut voir que ce qui est beaucoup plus important dans la démarche du ministre, c’est responsabiliser la fédération dans les domaines qui lui incombent.
Camfoot.com: Parlant justement de cette question de maillots, les membres de la délégation camerounaise ici au Caire se plaignent de ce qu’ils n’ont pas eux aussi les gadgets des Lions…
Jean René Atangana Mballa: Ce que je peux vous dire, et d’ailleurs j’ai eu l’occasion de vous le dire, c’est que premièrement les maillots appartiennent aux joueurs. Les maillots ne sont pas livrés pour qu’ils soient distribués au public. Il se trouve donc que lorsqu’une délégation se déplace, que cette délégation puisse avoir droit à une petite dotation. Ceci n’est pas obligatoire, mais l’obligation, c’est au niveau de la délégation sportive qui est constituée de trente personnes, et qui est la délégation officielle, parce qu’il faut faire la part des choses entre la délégation officielle sportive de 30 personnes de et la délégation officielle que l’État peut mettre en place pour des raisons extra sportives (la culture, la communication qui a d’ailleurs sa place, le commerce et certaines personnalités qui pour des raisons diverses peuvent prendre part à ce tournoi).
Pour le cas de cette coupe d’Afrique des nations, nous avons eu une livraison de maillots qui est arrivée plutôt à Paris. Entre temps on a donc décidé de faire le premier stage en Tunisie, ce qui a fait que au niveau de la réception de ce matériel qu’il y eu ce petit flottement. Les joueurs ayant d’abord fait un stage en Tunisie, il fallait d’abord donner du matériel aux 35. Il fallait que tout ce monde-là puisse avoir déjà son sac comme je l’ai dit dernièrement. Chacun a eu quarante-trois articles, ce qui est largement au dessus de ce que nous avons l’habitude d’offrir. Maintenant il en est resté un tout petit peu, et nous avons essayé de donner au moins un survêtement à chaque membre de la délégation qui accompagne le ministre et à certains membres de la fédération qui sont là. Je crois qu’il serait très bien d’ailleurs que tous ceux qui se sont déplacés dans les différentes délégations que s’il y a du matériel qu’on leur donne aussi…
Camfoot.com: Est-ce que pour résoudre ce problème il ne faut pas finalement une boutique des Lions indomptables au Cameroun
Jean René Atangana Mballa: Absolument, il faut une boutique des Lions indomptables, parce que les supporters et le public sont souvent habillés par des articles que la fédération ou le sponsor peut mettre à la disposition du grand public. Il peut arriver que la fédération ne veuille pas faire cette activité parce que c’est un travail supplémentaire, mais on a eu l’habitude souvent dans les grandes compétitions comme celle-ci, que les tops sponsors prennent en charge chacun une partie des membres de la délégation. Mais je pense que la commercialisation des équipements des Lions indomptables et les gadgets deviennent de plus en plus indispensables. Mais vous savez que nous sommes dans un pays dont les revenus ne sont pas élevés, parce que quand vous voyez un maillot qui sort de chez puma, comptez-le à quarante, cinquante mille francs cfa. Alors, vous ne connaissez pas beaucoup de camerounais qui peuvent se permettre d’acheter des maillots à ce prix. Or ils veulent porter les maillots des Lions. Tout ce qui est fait c’est par des imitateurs qui les fabriquent et puis les mettent sur le marché à des prix accessibles à tous les camerounais. Vous savez c’est vraiment un problème très gênant…
Camfoot.com: Est-ce que vous ne pouvez pas prendre langue avec l’équipementier avec Puma pour cette question?
Jean René Atangana Mballa: Oui mais, vous savez, on a un équipementier aujourd’hui qui est en train de gagner le marché des équipements. Je vous citerai l’exemple de cette coupe d’Afrique. Avec seize participants, vous avez pu voir qu’il y a huit qui sont habillés par Puma. Ils sont engagés dans la conquête de ce marché et je crois qu’en ce qui concerne le côté supporter et grand public, nous allons revoir avec eux, leur dire exactement ce qu’un Camerounais peut débourser pour avoir un maillot des Lions indomptables, pour qu’ils essayent de revoir leur prix.
Camfoot.com: Pourquoi n’avoir pas étendu le contrat jusqu’au niveau des clubs de notre championnat comme c’est le cas dans d’autres pays ?
Jean René Atangana Mballa: Nous y avons pensé. Mais, ce que vous devez savoir c’est que la fédération a perdu de sa crédibilité dans le temps par rapport aux engagements qu’elle avait avec les différents sponsors. C’est pour ça qu’avant notre arrivée, il n’y avait pas de sponsors à la fédération parce que les engagements n’avaient pas été respectés. Et puis, il y avait un bicéphalisme entre la fédération et le ministère, et finalement c’est le sponsor qui s’est retrouvé le dindon de la farce. Tous les sponsors sont donc partis. On s’est attelé d’abord à faire la cour à ces sponsors. Pour cela nous avons associé le ministère des Sports dans toutes les négociations avec ces sponsors. Maintenant qu’ils sont revenus, il ne nous reste donc qu’à poursuivre, parce que la véritable préoccupation au Cameroun maintenant c’est le financement du football sur le plan national.
Nous pouvons négocier auprès d’un sponsor qui n’est pas forcement Puma; pour habiller nos clubs. Ce serait une bonne chose, parce que c’est un chapitre très important dans le budget d’une équipe. Déjà nous essayons de voir avec notre sponsor du championnat qui fourni du matériel, mais ce n’est pas assez. La fédération doit continuer. Mais pour travailler, il faut être tranquille. Si la fédération passe les trois quarts de son temps à régler les litiges, ça va être difficile qu’on travaille. Malheureusement, c’est le cas. Nous passons beaucoup de temps dans des querelles, et puis finalement on ne peut pas vraiment respecter un programme qu’on a arrêté.
« On dépense beaucoup d’argent pour d’autres choses, qui ne rapportent rien au Cameroun. Le football est la seule chose qui marche mieux dans notre pays. »
Camfoot.com: Puisque vous parlez du championnat, quelles sont les nouvelles que vous avez de la 47ème édition lancée au pays samedi dernier?
Jean René Atangana Mballa: La première journée s’est déroulée sans problèmes, d’après les informations qui me sont parvenues. La deuxième journée se jouera ce mercredi 1er février. De ce côté-là, je pense qu’il n’y a pas eu de problèmes.
Camfoot.com: Il nous est revenu que des clubs regroupés au sein de l’Acpd (Association des clubs de première division) menaçaient de boycotter le championnat…
Jean René Atangana Mballa: C’est vrai que l’Acpd a interpellé la fédération pour savoir quand est-ce que leur seront payées leurs subventions. Et puis même, j’ai lu dans leur mémorandum qu’ils demandaient une somme de 15 millions… Il ne faut pas qu’on fasse la confusion dans tout. Moi, j’ai été président de club. J’ai commencé quand j’avais 25 ans. J’ai financé une équipe de ma poche pendant 15 ans. Je n’avais jamais reçu de subvention ni de l’État ni de la fédération. Quand on crée un club, quand on est à la tête d’un club, on faut savoir à quoi s’en tenir. Il ne revient pas à la fédération de commencer à financer un club, sinon on va aller jusqu’où? Vous savez combien de clubs il y a au Cameroun ? Combien de clubs veulent être créés ? En 1ère division, il y en a 16, en deuxième division, il y en a environ 250, en troisième division, il y en a à peu près 400. Et maintenant pour le championnat des jeunes… Moi je crois que c’est un faux débat, et le problème de financement comme je le dis, il faut essayer de trouver des solutions globales.
Camfoot.com: Qu’entendez-vous par « solutions globales »?
Jean René Atangana Mballa: Quand je dis « solutions globales », c’est que, d’abord, l’Etat doit être impliqué. Dans la mesure où, le football, étant ce qu’il représente pour les Camerounais aujourd’hui, je crois ce sont des milliers de jeunes qui se déversent dans le football. À ce titre seulement, je crois que l’État devrait se montrer plus intéressé. Et comment? Je prends par exemple les clubs. Comme cela se fait dans les grands pays de sport, on voit les collectivités qui sont impliquées! Plusieurs sociétés nous disent ici que si vous voulez que nous sponsorisions le football, il faut que l’on tienne compte de ça dans les impôts que nous payons! Donc, c’est un débat que nous voulons provoquer avec l’Etat, pour que chaque club puisse avoir au moins un sponsor officiel. Voyez-vous, Cotonsport marche bien pourquoi? Parce qu’il y a une société, la Sodecoton, qui soutient financièrement. Pourquoi ne dirait-on pas que Sonel ou Snec sponsorise Canon ou Union? Cela est devenu un problème social aujourd’hui, et l’Etat doit être impliqué et non que cela reste une seule affaire de la fédération! Donc, je crois que le problème de financement, il faut le voir sur cet angle. Je ne parlerai pas des infrastructures, qui restent le plus grand problème que nous avons aujourd’hui. Pour cela, il faut une volonté du gouvernement. Et ensuite, une politique de développement des infrastructures à laquelle on associerait les collectivités locales, des sponsors, etc. Tout le monde en parle, mais personne ne fait rien. Tout le monde dit « oui, le football c’est le grand ambassadeur », mais personne ne fait rien! On dépense l’argent pour d’autres choses, qui ne rapportent rien au Cameroun. Quand vous me dites, « le football marche mal »… Non. Je vous dirais que le football est la seule chose qui marche mieux dans notre pays. C’est le football seul qui, jusqu’aujourd’hui, a donné une bonne image du Cameroun à l’étranger. Vous ne pouvez pas me prouver le contraire! Malgré ce qu’on dit, la fédération commence ses championnats et parvient à les finir! Je ne sais pas ce qui se passe dans d’autres secteurs. Je crois que pour ce que le football apporte à ce pays, il faut que tout le monde essaie de le prendre très au sérieux.
Camfoot.com: Ce championnat commence avec la démission du directeur général, Patrick Prêcheur sur qui tous les espoirs étaient placés. Comment la fédération a-t-elle apprécié son départ six mois seulement après son arrivée?
Jean René Atangana Mballa: Je crois que monsieur Patrick Prêcheur a eu une mauvaise entrée en matière, comme on dit. Il a mal apprécié la mission qui lui était dévolue, et pour laquelle beaucoup de gens auraient dû l’aider. Vous savez, quand vous venez dans un pays comme le Cameroun… Nous avons une fédération qui est très importante, mais qui a ses réalités. Donc, pour pouvoir la diriger, il faut d’abord pouvoir mesurer, maîtriser un certain nombre de données. Malheureusement, Patrick Prêcheur est venu avec toute la bonne volonté, mais il s’est heurté à ces réalités. L’entrée a été mal négociée.
Camfoot.com: Comment est-ce qu’on gère ce départ à la fédération? Que prévoient les textes?
Jean René Atangana Mballa: Il faut dire que le départ de monsieur Prêcheur nous cause quand même un problème. D’abord il arrive avec la coupe d’Afrique des nations qui nous concerne tous, dans la mesure où après notre faux pas non-qualificatif pour la coupe du monde, je crois qu’il était question qu’on prenne très au sérieux notre participation à la Can. Cela étant, pour les affaires courantes, il y a une administration à la fédération, qui a d’ailleurs mis le championnat en route. Ensuite, il y a un vice-président qui est resté au Cameroun qui suit le quotidien. A notre retour, il est prévu un comité exécutif, au mois de mars, au cours duquel que nous saurons vraiment examiner ce départ de monsieur Prêcheur.
Camfoot.com: Devrait-on s’attendre à ce qu’on nomme un nouveau directeur général?
Jean René Atangana Mballa: Oui. Absolument, il faudra nommer un nouveau directeur général. Mais là, nous allons revoir ensemble les conditions de sa nomination. Vous savez, chat échaudé a peur de l’eau froide. Nous ferons certainement un appel à candidatures, et puis nous verrons. Ce sont des évènements qui instruisent l’homme, donc, c’est difficile de penser qu’on sache tout.
Camfoot.com: D’aucuns ont évoqué le fait que le championnat devrait être lancé avec une assemblée générale et non avec un comité exécutif comme cela a été le cas. Que répondez-vous à ceux-là?
Jean René Atangana Mballa: C’est une méconnaissance des textes. Quand vous lisez les textes, ils disent que les résultats sont validés par le comité exécutif de la fédération. Et le comité exécutif a le pouvoir, entre deux assemblées, de prendre un certain nombre de solutions qu’il soumettra à la prochaine assemblée. Dans le cas actuel, c’est le comité exécutif qui valide les résultats, valide le calendrier. L’assemblée générale est une assemblée plutôt législative. C’est-à-dire, c’est elle seule qui légifère, c’est elle seule qui examine les amendements sur des statuts et règlements, alors que le comité exécutif est chargé de la gestion courante, quotidienne même de la fédération. Cela n’a rien à voir avec le championnat. Toutes les mesures que le comité exécutif prend maintenant doivent être entérinées par la prochaine assemblée, en l’occurrence le retour à 16 clubs, le système de relégation et de montée en première division.
Camfoot.com: Nous recevons des informations selon lesquelles la Fécafoot est secouée par une crise financière, qui serait due en gros par la non-qualification des Lions pour la coupe du monde. Comment entend-t-elle renflouer ses caisses pour faire face à la nouvelle saison qui a commencé?
Jean René Atangana Mballa: Ce qui est sûr, c’est que la fédération doit connaître des moments très difficiles. Mais, il faut faire la politique de ses moyens. C’est-à-dire quand nous avons eu par exemple de l’argent après notre participation à la coupe du monde de 2002, nous avons fait un budget dans lequel était prévue une rubrique Investissement assez importante. Cette année, tout ce qui est investissement doit être gelé, et puis nous allons donner la priorité de la fédération et des compétitions. C’est-à-dire, il faut adapter nos activités avec nos moyens.
Camfoot.com: Vous parlez de geler, ça veut dire que le Centre technique d’Odza ne sera jamais terminé?
Jean René Atangana Mballa: Non non non. Le centre d’Odza a un financement à part. Au cours de la dernière réunion de chantier que nous avons eue avec toutes les parties (l’entrepreneur, l’architecte, la Fifa et la Fécafoot), nous avons arrêté un dernier planning pour que les travaux s’achèvent en fin du mois de février ou première quinzaine de mars pour être dans les limites. Il faut dire que ce chantier a connu quand même un problème au niveau de son financement, suite à la chute du dollar. Vous savez, la Fifa donne 400 000 dollars à chaque association. La Fécafoot a rajouté à peu près 600 000 dollars. Au moment où le marché et les études avaient été faits, le dollar était à 750 francs. Au moment où les travaux démarrent, le dollar tombe à 500 francs. Et là, ça fait qu’il y aura un gap d’environ 70 à 80 millions, qu’il faut tout simplement chercher à couvrir. Sinon, les travaux avancent normalement. Cette première partie du centre – constitué du mur d’enceinte d’1.5 km, 2 bâtiments, un forage et le grand stade) va être terminée et réceptionnée. Ainsi, le centre pourra être opérationnel, et en même temps, nous allons démarrer les travaux des deux autres stades.
» Notre équipe nationale a propulsé le football camerounais à un niveau très élevé et le reste n’a pas suivi »
Camfoot.com: Parlant toujours du championnat, le problème des arbitres se pose. A quoi doivent-ils s’attendre?
Jean René Atangana Mballa: Avec le départ du directeur général, le problème des arbitres reste dans une petite confusion. J’ai entendu que les arbitres réclameraient beaucoup d’impayés, alors qu’il ressort que le directeur général aurait donné de l’argent. Ça c’est le premier problème, et puis, leurs équipements sont arrivés aussi. Mais, je crois que, pour qu’on perfectionne notre arbitrage, il faut revoir le statut des arbitres. Parce que, ce que l’arbitre gagne au Cameroun ne lui permet pas de faire correctement son travail. C’est vrai il y a beaucoup de tentations, mais nous devons chercher à ce qu’il ait des revenus qui lui permettent de vivre. Ce qu’un arbitre gagne en France par match par exemple, est très important. Or, quand vous voyez nos arbitres qui touchent 30, 40 000 francs, c’est tellement insignifiant par rapport à ce que nous leur demandons. Il faut qu’un arbitre ait un salaire, de telle sorte que s’il déconne, cela lui fera un manque à gagner, il pourrait perdre certains avantages. Donc, il faut revoir le statut des arbitres; il faut revoir le statut des entraîneurs. Ça aussi, c’est très important. Et je dis que tous ces partenaires du football doivent avoir une base juridique sur laquelle ils doivent évoluer normalement.
Camfoot.com: Pendant que nous partions du pays, on nous annonçait des arbitres non retenus pour la nouvelle saison, qu’on écartait à la pelle. N’y aurait-il pas finalement un problème au niveau de leur gestion?
Jean René Atangana Mballa: J’ai entendu parler de ça aussi. Mais, le problème fondamental, c’est qu’il y ait des bases juridiques, des statuts pour les différents corps. Parce que, quand un arbitre entre dans la fédération, son parcours doit être soutenu par un statut. Pour qu’il connaisse ses droits, ses devoirs. Mais, aujourd’hui, tout est un peu fait parfois à la tête du client. Et nous devons essayer d’éradiquer. Il faut professionnaliser le football camerounais. Regardez ici en Égypte ou du moins les pays du Maghreb, on est surpris que ces pays dominent les compétitions continentales. C’est parce qu’ils ont une bonne organisation; c’est pratiquement du sémi-professionnalisme. Il faut qu’on en arrive au Cameroun! Malheureusement, notre équipe nationale a propulsé le football camerounais à un niveau très élevé et le reste n’a pas suivi. Ça c’est la véritable difficulté que nous avons aujourd’hui, parce que, quand on donne l’image du football camerounais à l’étranger, c’est par rapport aux résultats de l’équipe nationale. Vous voyez que derrière, ça ne suit pas. Comment combler ce vide? Là est la question.
« Artur Jorge aurait dû être payé au moment où il devait être payé! »
Camfoot.com: Monsieur le président, puisque vous parlez de l’équipe nationale, venons en. Les quarts de finales sont annoncés ici au Caire avec un certain Côte d’Ivoire – Cameroun. Pour les Lions indomptables, c’est un nouveau contexte? A la Fécafoot, les conditions de préparation vont-elles changer?
Jean René Atangana Mballa: Non non, les conditions de préparation ne changent pas. Je vous ai dit que les joueurs ont pris conscience. Donc, c’est même inutile de le leur répéter. Ils savent qu’ils étaient dans la même poule que la Côte d’Ivoire qui est qualifiée pour la coupe du monde, à leur place, s’il faut le dire ainsi. Maintenant, nous rencontrons la même Côte d’Ivoire en quarts de finale. Vous savez, c’est un match à enjeu. Il est question que chaque équipe essaie d’asseoir sa prédominance: pour le Cameroun pour dire que nous sommes les meilleurs et pour la Côte d’Ivoire pour dire que nous n’avons pas volé notre qualification pour la coupe du monde. C’est un match qui doit se jouer sur les nerfs. Mais je pense que nos joueurs sont bien préparés. La Côte d’Ivoire est une très grande équipe, et je pense que nous aurons droit à un très beau match.
Camfoot.com: Nous ne saurions terminer cet entretien sans évoquer ce problème de prime qui a resurgit au sein des Lions indomptables. Comment avez-vous vécu cela?
Jean René Atangana Mballa: De toutes les réunions auxquelles j’ai assisté, il ne me semble pas qu’il y ait un problème de prime en tant que tel. Je ne sais pas. Je sais que tout a été réglé. Le ministre a rencontré dernièrement des entraîneurs pour cette affaire de prime. J’étais là et je l’ai entendu demander s’il y avait encore un problème, je les ai entendus dire, tous, qu’il n’y avait plus un problème.
Camfoot.com: Avant cette CAN, le cas Artur a été amplement évoqué. Que S’est-il passé exactement? A-t-il été payé finalement?
Jean René Atangana Mballa: Le salaire d’Artur Jorge a finalement été payé. Mais, je crois que le problème n’est pas seulement celui du salaire d’Artur Jorge. C’est tout le système qu’il faut revoir. L’État prend des engagements et finit par les respecter. Et les mécanismes qui sont tout autour doivent être de telle sorte que ces engagements soient respectés au moment où ils doivent l’être. C’est un peu là qu’il y a problème. Avant qu’on parte de Yaoundé, le salaire d’Artur Jorge a été engagé. Il était payé! Mais, il aurait dû être payé au moment où il devait être payé! Il en est de même pour les compétitions: chaque fois que les équipes veulent se déplacer… même pour venir à la Can ici (en Égypte), c’est toujours à la dernière minute que le déblocage des fonds a été fait. À quoi cela est donc dû? Je ne sais pas. Je ne maîtrise pas bien les mécanismes… Est-ce la préparation du budget? Je ne sais pas trop. Parce que pour les compétitions comme la Can qui sont connues depuis très longtemps, on arrive au ministère des Sports, qui nous dit qu’il a déjà envoyé. Il faut peut-être voir le Premier ministère… C’est tout ça qui peut poser problème. La solution serait de voir au niveau des Finances, pour que toutes ces compétitions soient prévues, afin que l’argent qui leur est alloué soit débloqué, à temps.
Camfoot.com: Monsieur le président, un dernier mot? Peut-être quelque chose que vous auriez souhaité ajouter à cet entretien?
Jean René Atangana Mballa: Ecoutez, on ne dira jamais tout. Actuellement, on est tous concentrés par cette coupe d’Afrique que nous souhaitons bien terminer. Mais, ce n’est pas une fin en soi. Nous pensons que, de retour au Cameroun, les responsables du sport et du football en particulier doivent plutôt essayer de travailler sur du long terme. Qu’importe les résultats parce que, c’est justement à cause de ces résultats immédiats que nous avons négligé beaucoup d’autres choses. J’ai cité le problème des infrastructures, celui de la formation, du financement, etc. Tout cela doit être revu, pas dans un cadre d’une grande assemblée qui ne servira pratiquement à rien. Mais, des comités de réflexion avec des gens qui maîtrisent bien le domaine, des techniciens, des sponsors, des juristes, pour qu’on essaie de faire un programme, par exemple sur cinq ans. Je crois que c’est par une telle démarche que nous pourrons perfectionner le football camerounais.
Entretien mené par Guy NSIGUE, Kisito NGALAMOU et Elvis TIAGUE, au Caire