A Douala, l’affiche du quart de final de samedi prochain entre le Cmeroun et la Côte d’ivoire suscite moult commentaires. D’aucuns y voient encore un duel à distance Drogba – Eto’o.
Lions indomptables et Éléphant auraient-ils un destin lié ? Il faut croire oui puisque le sort, appelons-le ainsi, prend un malin plaisir à croiser régulièrement les deux fauves de la forêt africaine. Abidjan, 1984 : 2-0 en faveur du Cameroun lors de la quatorzième édition de la Coupe d’Afrique des nations. Deux années plus tard, en Égypte, la bande à Roger Milla, Thomas Nkono et Emmanuel Kundé l’emporte de nouveau, 1 à 0 en demi-finale de la Can. Le seul succès jusqu’ici des pachydermes remonte à Sénégal 1992. Joël Tiehi, Abdoulaye Traoré, Alain Gouamene prennent une belle revanche en s’imposant à l’étape des demi-finales, aux tirs au but. Lors de la Can 2000 co-organisée par le Nigeria et le Ghana, Camerounais et Ivoiriens firent une chaude retrouvaille dont la chronique retient qu’elle entra dans les annales de l’histoire du sport. Après avoir reçu une retentissante raclée devant les Lions indomptables et éliminés dès le 1er tour (3-0), les Éléphants furent accueillis à leur descende d’avion au retour d’Abidjan par … les militaires. Bagayoko et ses coéquipiers reçurent une ‘’leçon de civisme et de patriotisme », pour reprendre la terminologie du feu président Robert Gueï, dans les casernes Zambakro quelques jours avant de retrouver…leur liberté. Ce qui ne les évite pas un nouveau supplice, en 2002, au Mali (1-0).
« Drogba n’a pas convaincu… »
Tout frais encore dans les mémoires, les mémorables confrontations des éliminatoires Can/Mondial 2006. Ayant reçu une hyper-médiatisation, le choc aller à Yaoundé dans le chaudron du stade Ahmadou Ahidjo (près de 90 000 spectateurs) tourne à l’avantage des coéquipiers de Samuel Eto’o (2-0). Les Ivoiriens plièrent le petit doigt en attendant de pied ferme les Camerounais au match retour. 4 octobre 2005, stade Felicia d’Abidjan. La confrontation entre les deux fauves furent retransmis en mondo-vision par près … de 100 chaînes de télévision. C’est la désillusion ! Achille Webo, auteur d’un hat trick infligèrent à Drogba et ses coéquipiers une défaite historique, 3-2 (l’artificier de Chelsea quitta le terrain en larmes). Une déconvenue qui fut qualifiée de… ‘’séisme »… »sutnami »…. »dimanche noir à Abidjan »…par les confrères Ivoiriens. Malheureusement, les Lions indomptables concédèrent un nul à la dernière journée à Yaoundé devant l’Égypte (1-1) qui permit aux Éléphants de se qualifier pour la coupe du monde. Et Voilà que la Can 2006 vient opposer à nouveau les deux nations. Drogba et ses coéquipiers plieront-ils l’échine une ènieme fois devant l’appétit vorace d’Eto’o Fils et compagnie ? Telle est la question qui fait jaser l’ensemble des Camerounais, de toutes couches sociales confondues.
« Drogba n’a pas convaincu depuis le début de la Can. Pendant que Samuel Eto’o est dans une forme étincelante. Les Ivoiriens se sont qualifiés pour les ¼ de finale au forcep alors que les Camerounais ont fait carton plein » argue Arnaud Ntchapda, un journaliste sportif. D’aucuns vont jusqu’à qualifier les Éléphants « d’élèves des Lions indomptables » au regard des statistiques des différentes confrontations qui tournent à l’avantage du Cameroun. Un ‘’benskinneur » (conducteur de moto-taxi) franchit carrément le rubicond en affirmant, péremptoire, que « les Ivoiriens devraient signer forfait et ne pas croiser les Lions. D’ailleurs, si j’étais à la place d’Artur Jorge, c’est l’équipe réserve qui devrait jouer. Les titulaires, quant à eux, doivent se reposer pour affronter les Pharaons en finale ».
Les médias pronostiquent
Au lendemain de la victoire des Lions sur la République démocratique du Congo dimanche dernier, qui confirme par ricochet le duel en quart de finale Cameroun – Côte d’Ivoire, les commentaires les plus contradictoires fleurissent sur ce choc explosif. Le premier coup de feu est venu des médias locaux. Le quotidien Mutations barre sa Une avec « Cameroun- Côte d’Ivoire le choc : le duel Eto’o -Drogba relancé ». Un autre quotidien, La nouvelle Expression personnalise le choc : « Eto’o- Drogba : le duel ». L’hebdomadaire sportif STADES pronostique carrément que « les Ivoiriens ne verront rien ». Les radios privées et publiques et même les chaînes de télé locales organisent des débats les plus houleux sur cette confrontation. Le sujet fait la vedette dans les bureaux administratifs, les transports en commun, les lieux publics tels les bars et autres cabarets dont les éclats de voix rythment souvent les arguments des uns et des autres. Jean Robert Fouda, un journaliste sportif de la capitale économique camerounaise est ultra optimiste : « 3-0 ! C’est la victoire assurée pour les Lions. On n’en fait qu’une bouchée. Le Cameroun n’a encore rien prouvé dans cette Can. On réserve le meilleur pour la fin ». Les pronostics les plus répandus donnent une large victoire aux Lions indomptables. D’ailleurs « cette Côte d’Ivoire ne convainc personne. Pas même les Ivoiriens », déclare Guy Nkoumbia, un enseignant. Ce à quoi rétorque Jean Éric Andjick, un confrère : « je me méfie des équipes qui ne convainquent pas. Ces genres de nations vont souvent très loin à la Can. Le Cameroun n’a-t-il pas remporté la Can en 1988 en marquant seulement … 4 buts dans tout le tournoi ? » À méditer !
Eric Roland Kongou à Douala