« Nous avons tout donné au cours de ce match, malheureusement il nous a manqué un peu de chance. C’est aussi ça le football. Il y a des jours où rien ne vous réussi […] C’est dommage parce qu’on aurait voulu gagner cette compétition pour notre public. »
On comprend la déception de Daniel Armand Ngom Kome, à l’issue du quart de finale perdu samedi dernier, 4 février 2005 face à la Côte d’Ivoire. Au cours de cette rencontre, le joueur a une fois de plus démontré son importance dans le dispositif de jeu de Artur Jorge. Cela avait d’ailleurs été le cas lors des précédentes sorties du Cameroun au cours de cette 25ème édition de la Can de football qu’accueille l’Egypte. Et cela, que Ngom Kome soit titularisé ou aligné comme remplaçant.
Face à la Côte d’Ivoire, cependant, le joueur s’est très souvent retrouvé sans soutien lors de ses débordements qui ont contraint les joueurs ivoiriens à commettre de nombreuses fautes, pas toujours sanctionnées par l’arbitre de la rencontre, le Marocain Mohamed Guezzaz. Comme ce tacle brutal de Akalé Kamga à la 22ème minute, par exemple. Une faute qui méritait sans doute un avertissement de l’Ivoirien, mais l’arbitre sifflera tout juste un coup franc, qui ne donnera rien. On comprendra donc l’exaspération de Ngom Kome après un énième tacle de Didier Zokora ou son énervement après une autre faute de Arthur Boka, ses « gardes du corps » au cours de cette partie.
Mais, c’était sans compter avec les qualités du joueur camerounais. « Il est accrocheur sur le plan défensif, grâce à son centre de gravité bas. Il possède une grande facilité à éliminer son adversaire balle aux pieds. En outre, il a une aisance dans le jeu à un contre un et dans les centres », fait remarquer à juste propos Engelbert Mbarga, son entraîneur à l’Ecole de formation des brasseries du Cameroun et dans d’autres sélections jeunes. Ngom Kome a débuté comme milieu défensif, puis milieu offensif (1994-1995), pour finir milieu de couloir droit quand il arrive chez les Juniors en 1998. D’où sa polyvalence.
Talent
Malheureusement, comme pour toute l’équipe, la chance n’aura pas été de son côté samedi dernier. Sa tentative de bicyclette à la 89ème minute est renvoyée par le dos d’un Ivoirien. Mais les exploits de Ngom Kome ne passent pas inaperçus. Puisqu’il a été sacré meilleur joueur Caf/Mtn du quart de finale. Une reconnaissance qu’il aurait déjà dû recevoir face au Togo; et pourquoi pas contre l’Angola, lorsqu’il impressionna par ses permutations permanentes et opportunes avec Roudolph Douala, Ngom Kome est l’auteur de la passe décisive reprise par Samuel Eto’o pour le troisième but camerounais face à l’Angola.
Du haut de son mètre 72, l’ancien capitaine des Cadets (1996) et des Juniors (1999) a façonné les Lions Espoirs de son label de travailleur et de sa technique raffinée aux Jeux Africains de 1999 et plus tard aux Jeux Olympiques de Sydney 2000. Son bagage technique et sa force tactique lui ouvrent les voies de la Can malienne (2002).
On se rappellera de lui comme celui qui a insufflé, à chacune de ses percées, un souffle nouveau aux Lions, qui étaient en marche pour leur premier doublé sur le continent Africain. Quelques mois plus tard, une vilaine blessure au genou l’éloignera du groupe qui prendra part à l’expédition française de 2003 pour la Coupe des confédérations. Ambitieux, l’ancien joueur de Stade de Bandjoun, puis de Coton Sport de Garoua au Cameroun, rêve de progresser avec un club du haut du tableau. Depuis 1999 qu’il a embrassé le professionnalisme en Espagne, où Daniel Ngom Kome a jusqu’ici fait l’essentiel de sa carrière, il navigue entre la D1 et la D2.
Bertille M. Bikoun