La tradition qui commande une entrée laborieuse en compétition suivie d’une bonification au fil des rencontres n’a plus été respectée par les lions. C’est un premier tour marqué par un réveil des lions beaucoup plus en jambes comme on aime à les voir, alliant rigueur au beau jeu le tout dans un esprit de gagne qui est devenu leur propre.
Les matchs de poule sont toujours des confrontations âpres entre les équipes pour glaner le maximum des points possibles histoire d’éviter le bourbier des « si » lors du dernier match. En 3 matchs disputés avec autant de victoires, 7 buts marqués contre un seul encaissé, le bilan des lions lors de ce premier tour qui vient de s’achever est on ne peut plus éloquent. Pour sa première sortie, les Lions croisaient le fer avec les palancas negras d’Angola. On attendait voir le visage qu’allait présenter les premiers après leur élimination du mondial allemand. Pour les seconds, il fallait confirmer que leur statut de mondialiste n’était pas usurpé. Une belle affiche qui n’a pas déçu les férus du foot. Sur un score de 3 buts à un, les Lions ont disposé de l’Angola, donnant de la plus belle manière un coup de semonce à leurs prochains adversaires. Samuel Eto’o aura marqué ce match de son empreinte de buteur de classe en réalisant un hat-trick.
La bonne prestation du premier match, ayant fait pâmer plus d’un d’admiration, il fallait continuer sur cette lancée de victoire. Au second match, l’adversaire portait aussi l’étiquette de mondialiste. Les éperviers du Togo du redoutable Sheyi Adébayor. Ayant résisté en première manche, ils ont dû plier l’échine face à « l’ouvre-boîte » qui a fait parler la poudre. Aussi à l’aise dans le rôle de passeur, Eto’o sert la balle du deuxième but à Meyong Zé qui ne s’est pas fait prier pour réaliser une belle talonnade à la « Madjer ». Cette seconde sortie des camerounais sera aussi marquée par la sortie de Raymond Kalla sur une civière suite à un claquage. On nous annoncera plus tard qu’il est out pour la suite de la compétition. Avec 6 points engrangés sur 6 possibles, s’étant offert le ticket de qualification pour les quarts de finale, le troisième match s’annonçait comme une simple formalité pour faire tourner l’effectif.
« Il faut gagner tous nos matchs pour faire peur à nos adversaires! » Cette déclaration est de l’icône du football africain, son Excellence Albert Roger Milla. C’est dans cette optique de victoire que s’est inscrit le troisième match des Indomptables, sans complaisance aucune.
La synthèse entre les « cadres » de l’équipe (Song-Saidou-Njitap-Eto’o) et les nouvelles figures qui n’ont pas fait leur apparition lors des deux premiers matchs (Kameni, Anbgwa, Ateba) ou qui sont apparues dans le cours du jeu (Boya, Meyong Zé, Olembé, Emana) a montré que les Lions peuvent avoir plusieurs configurations et évoluer dans plusieurs schémas. Hormis la victoire sur la RDC sur un score de 2 buts à zéro, ce match était aussi celui des retrouvailles. Claude le Roy, sélectionneur des Simbas retrouvait en face de lui non seulement les joueurs dont il a pétri certains de ses propres mains, mais aussi un homme, Jules Nyongha qui fut son adjoint lors de la CAN égyptienne de 1986. Mais, s’il est une personne dont la rencontre avec LeRoy était attendue, c’est bien Eto’o « le Fils » qui, au nom de la piété filiale « n’a pas tué le père ». Le seul coup qu’il lui a assené est d’abord une marque de gratitude avant d’être un signe de maturité.
L’autre fait marquant de ce premier tour aura été le public qui a subi l’aimantation du jeu attrayant des Lions. Assez nombreux lors du premier match, le nombre est allé croissant lors du deuxième et du troisième match. Ils sont de plusieurs nationalités: Comoriens, Éthiopiens, Érythréens, Soudanais, Djiboutiens… Ils bravent le froid glacial et parcourent des kilomètres pour rallier le stade de l’académie militaire situé en banlieue cairote. Brandissant leurs drapeaux, ils chantent et dansent pour le Cameroun qui est devenu « l’équipe des sans équipes ».
Le volume du jeu déployé par les poulains du coach portugais Artur Jorge lors de ce premier tour est rassurant pour la suite de la compétition. Loin de tout triomphalisme, le 8 octobre 05 ayant servi une bonne leçon, les quarts de finale qui s’annoncent relevés ne sauraient turlupiner les Lions dans leur antre quelqu’en soit le calibre de l’adversaire en vue.
Moustapha Nsangou, au Caire