Pendant une semaine, « l’affaire Eto’o » a animé les débats et déchaîné les passions. Avec les excuses presque inattendues de l’attaquant, la pression devrait retomber. La grande bataille attendue ou souhaitée contre le joueur n’a finalement pas eu lieu. Et maintenant quelle leçons tirer des cette affaire, quid des relations entre joueurs et journalistes ?
C’est connu, quelque soient ses qualités, une personne ne fait que rarement l’unanimité. Si le « Pichichi » national est sans doute l’une des personnalités les plus adulées du pays, son coup de boule a permis de voir qu’il n’est pas tant aimé. Son image en ressortira sans doute écornée malgré ses excuses. En se la jouant à la Zidane hors des terrains, il a étalé au grand jour une de ses facettes que l’on connaissait peut-être, mais que l’on avait pas encore vu en action. Cependant, reconnaissons tout de même la grandeur du geste de l’homme, qui pour une fois a su faire preuve d’humilité en faisant publiquement son mea-culpa. Connaissant le tempérament et la fierté du joueur, ces excuses ont certainement autant surpris plus d’un, au moins autant que « sa crise de folie » passagère de vendredi. De quoi redorer son blason, et faire remonter sa cote au plus bas ces derniers temps. Ce geste pourrai même être considéré comme une faveur, car n’oublions pas que Samuel Eto’o ne s’est toujours pas excusé de son différend avec les journalistes français. En 2005, déçu de sa 10e place au classement France Football pour le Ballon d’Or, le Lion Indomptable s’en était pris à la presse française: « Ce que ne tolèrent pas les Français, c’est qu’un Africain triomphe sans être passé par chez eux. S’ils ne sont pas contents, qu’ils aillent voir leur mère. Ceux qui ne croyaient pas en moi me lèchent le cul aujourd’hui pour une interview. »
Eto’o avait-il le choix?
Mais le triple ballon d’or avait-il réellement le choix, sinon que de plier à défaut de rompre ? Même si les autorités locales ont prôné l’apaisement dans ce conflit, trop d’intérêts étaient en jeu, principalement du coté d’Eto’o qui avait plus à perdre. Les sponsors ne badinent pas l’image que leur ambassadeur sont sensés véhiculer. Pris dans un scandale de mœurs récemment au Brésil, Ronaldo a été vertement rappelé à l’ordre par Nike. Quant à Ronaldinho, ses multiples sorties nocturnes ont fait reculer tous les grands clubs pour son acquisition.
La grande bataille attendue n’a donc pas eu lieu. La presse camerounaise demandait une peine de prison pour l’avant centre, et l’association des journalistes était prête à témoigner car il n’existe pas d’image de l’agression. ! « Eto’o et Bony sont des amis », disait-on dans les rédactions « Cette affaire se règlera donc entre amis ». Tout ce remue ménage s’est ainsi apparentée à une tempête dans un verre d’eau, puisque Boney n’a pas porté plainte. Quid des relations entre joueurs et journalistes ? Car le problème n’est pas simplement le conflit entre deux individus mais les mauvais rapports entre la presse et tous ceux qui participent à la chaîne sportive. Beaucoup de choses ont été dite cette semaine, et les deux camps se sont traités de tous les noms d’oiseaux. Samuel a pris l’engagement d’œuvrer à la normalisation de ces relations afin que chacun puisse respecter le travail de l’autre, afin que « la presse et les Lions cohabitent sereinement ensemble ».
Tout devrait donc rentrer dans l’ordre. A chacun à présent d’assumer pleinement son rôle, c’est dire taper dans le ballon pour les joueurs, et écrire ou parler pour les journalistes. Mais encore faudrait-il pour cela que le black out instauré autour des joueurs durant le conflit prenne fin.