BERLIN (AP) – L’Italie a remporté sa quatrième Coupe du monde, dimanche, s’imposant 5-3 aux tirs au but contre la France lors d’une finale marquée par le dernier but de Zinédine Zidane en équipe de France, mais aussi par son expulsion lors des prolongations.
C’est Fabio Grosso qui a inscrit le dernier but d’une série de penalties sans faute pour l’Italie, alors que David Trezeguet, qui avait inscrit le « but en or » de la finale de l’Euro 2000 gagné par les Bleus face à la Squadra Azzurra, a manqué le sien.
Les deux équipes étaient à égalité 1-1 à la fin du temps réglementaire et des prolongations.
A son dernier match international, Zidane a ouvert le score sur penalty (7e), puis Marco Materazzi égalisé sur un corner (19e). Le capitaine des Bleus, pour ses adieux à 34 ans, a été expulsé en prolongations pour un coup de tête donné à Materazzi.
Un combat de boxe était annoncé entre ces deux blocs et le match commençait par un KO. Celui de Thierry Henry, sur une obstruction de Fabio Cannavaro (1ère).
Puis Gianluca Zambrotta prenait un carton jaune pour une charge sur Lilian Thuram (5e).
Du coup, pour une nouvelle faute dans la surface sur Florent Malouda, « déventé » par le duo Materazzi-Canavarro, l’arbitre argentin Horacio Elizondo, voyait rouge. Penalty, transformé en « extraterrestre » par Zinédine Zidane, d’une « Panenka » qui laissait Gianlugi Buffon impuissant. La balle, tapée en feuille morte, rebondissait sous la transversale avant de franchir la ligne et revenir frapper le montant supérieur du but italien (7e).
Pour son troisième but en finale de Coupe du monde, le 31e de sa carrière pour sa 108e et dernière sélection, Zidane devenait le premier non-Italien à tromper Buffon dans le Mondial 2006, seul Cristian Zaccardo ayant marqué contre son camp face aux Etats-Unis au premier tour.
Le penalty d’Antonin Panenka avait offert à la Tchécoslovaquie le titre de championne d’Europe, face à la RFA en 1976, mais celui de Zidane allait-il suffire pour sacrer la France à Berlin? Un penalty de Zizou avait suffit en demi-finale face aux Portugais.
Curieusement, les Bleus se mettaient à flotter. Jamais dans ce Mondial ils n’avaient ouvert le score aussi vite. Gérer cet avantage précoce n’était donc plus dans leurs habitudes.
Les Italiens, tombeurs de l’Allemagne en prolongation en demi-finale, ne s’affolaient pas, sûrs de leur force, ne s’embarrassant pas d’un marquage sur Zidane, trois fois meilleur joueur de la FIFA et Ballon d’Or en 1998.
Sur un corner de la droite d’Andrea Pirlo, Marco Materazzi montait plus haut que tout le monde pour tromper Fabien Barthez d’un coup de tête magistral (19e).
Il s’agissait du septième but sur coup de pied arrêté pour la Squadra Azzurra en sept matches en Allemagne.
Materazzi indiquait le ciel de ses doigts, comme pour dédier ce but à Gianluca Pessotto, entre la vie et la mort après être tombé d’une fenêtre du siège de la Juventus de Turin, éclaboussée par l’énorme scandale du Calciocaos.
Contraint de jouer plutôt le contre, le onze français – identique à celui alignés contre l’Espagne, le Brésil et le Portugal – tentait de s’extirper de la toile d’araignée mise en place par Marcelo Lippi.
Thierry Henry, du milieu du terrain, se lançait dans un sprint à la Jesse Owens, vainqueur des 100 et 200 mètres dans ce stade olympique, lors des Jeux olympiques de 1936, sous le regard d’Adolf Hitler. L’Antillais trouvait Franck Ribéry, mais la défense de la Nazionale veillait (25e).
Sur un nouveau corner, c’était « bis repetita ». Pirlo trouvait la tête de Materazzi, mais Lilian Thuram, à nouveau impérial pour sa 121e sélection record, sauvait son camp (28e).
Puis sur un nouveau corner de Pirlo, c’est cette fois Luca Toni de la tête qui trouvait la transversale française, Barthez une nouvelle fois n’étant pas sorti chercher la balle (40e).
Chaque corner équivalant à un penalty côté italien, le danger planait sur le but de Barthez, dès le retour des vestiaires (46e).
Sur un raid d’Henry, Cannavaro sauvait son camp avec détermination (47e). Le capitaine italien, pour sa 100e sélection, ne voulait pas revivre le scénario de la finale perdue de l’Euro 2000, étant avec Francesco Totti et Alessandro Del Piero l’un des trois rescapés du naufrage de Rotterdam.
La France, physiquement au sommet, poussait. Sur une action de Ribéry, Zidane trouvait Malouda, abattu dans la surface par Zambrotta, mais l’arbitre ne disait rien (55e). La minute suivante, Malouda débordait, mais personne ne suivait.
A la 56e minute, Patrick Vieira, l’un des cinq champions du monde de 1998 alignés au coup d’envoi par Raymond Domenech, impérial mais blessé, laissait sa place à Alou Diarra.
Le public scandait le nom de Zizou, les Blancs français prenaient le match en main.
Lippi changeait pour les 30 dernières minutes Totti invisible et Perrotta, par Daniele De Rossi et Vincenzo Iaquinta. Sur le coup franc suivant, Luca Toni battait Barthez de la tête, mais il était hors jeu (62e).
La minute suivante, Henry défiait Buffon qui dégageait du poing.
Le match était âpre, tendu entre ces 23 Italiens évoluant tous en Série-A, et bientôt en Série-B ou C pour certains, et des Bleus inscrits majoritairement dans les plus grands clubs européens ou jouant à Lyon et Marseille.
Un coup franc de Prilo de 25 mètres frôlait le montant droit de Barthez (78e).
La plus vieille équipe de France alignée dans un Mondial pliait sans rompre.
Sauf Zidane, quand Cannavaro fondait sur lui, jambes en avant (80e). Il se plaignait de l’épaule droite, mais restait sur la pelouse.
« On vit ensemble, on meurt ensemble », avait dit Zizou. Héroïque.
Auteur de deux buts de la tête en finale face au Brésil en 1998 (3-0), Zidane continuait dans ce match à les tirer (82e).
Lippi lançait Del Piero, un attaquant à la place de Camoranesi (86e).
Abidal et Thuram sauvaient devant Toni (88e).
L’Italie et la France, à égalité deux victoires partout en Coupe du monde, ne voulaient se départager. Les prolongations commençaient.
Battu aux penalties par la France en quart de finale en 1998, l’Italie voulait échapper à cet exercice qui ne lui réussit pas. Elle se rappelait avoir perdu ainsi la finale de 1994 face au Brésil. Et en demi-finale du Mondial 1990 face à l’Argentine.
Relayé par Malouda, Ribéry frappait à ras du montant droit (99e) et Domenech remplaçait Ribéry par David Trezeguet (100e), l’homme du but en or de la finale de l’Euro 2000.
Sur un centre de Sagnol, Zidane plaçait un coup de tête magistral sous la transversale mais Buffon sortait une claquette extraordinaire (104e).
Domenech lançait Sylvain Wiltord à la place d’Henry (106e).
Zidane ceinturé par Materazzi sortait de ses gonds en donnant un coup de tête dans la poitrine du défenseur de l’Inter. Il était expulsé (109e).
La France devait évoluer à 10 pendant 11 minutes. L’Italie évoluait sous la bronca du stade olympique.
Les Italiens semblaient cuits physiquement, Wiltord frappait au-dessus (119e).
Tout se jouait aux penalties comme lors du quart de finale de 1998. Mais Zidane n’était plus là pour tirer le premier, victorieusement, comme il y a huit ans.