La sélection brésilienne, plébiscitée favori de cette Coupe du monde de la Fifa, avait-elle besoin du coup de pouce du trio arbitral slovaque emmené par Michel Lubos? A priori non! Surtout que pour ce match de 8e de finale face au Ghana, Carlos Alberto Parreira alignait son équipe type avec tous ses artistes (Ronaldinho, Kaka, Ronaldo, Adriano…).
Mais, alors qu’on joue les arrêts de jeu de la première mi-temps, Lucio interrompt une attaque ghanéenne et amorce la contre-attaque.
Il sollicite sur le côté droit Kaka, pendant que dans la même zone de jeu Adriano, hors-jeu, demande le ballon. L’arbitre ne bronche pas et l’action se poursuit. Kaka décale Cafu, qui centre pour Adriano, à nouveau seul et hors jeu au deuxième poteau. Adriano n’a plus qu’à accompagner le ballon dans les filets. Seuls Michel Lubos et son assistant n°2, Martin Balko, n’ont pas vu la double position de hors-jeu de l’attaquant de l’Inter Milan. Le but est validé. Les protestations des Ghanéens et les sifflets du public n’y feront rien. Les spectateurs conserveront d’ailleurs cette attitude à chaque coup de sifflet de l’arbitre central jusqu’à la fin du match.
Pourtant, sur le premier but brésilien inscrit dès la quatrième minute par Ronaldo, c’est avec justesse que Martin Balko a apprécié le mauvais alignement du latéral droit du Ghana, John Pantsil, et a laissé filer au but le désormais meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde avec 15 buts en quatre participations. D’un passement de jambes, Ronaldo a mystifié Richard Kingston avant de marquer dans le but vide. Une erreur d’alignement renouvelée par Pantsil et que le premier assistant, Roman Slysko, a bien jugé sur le troisième but brésilien signé Ze Roberto à la 84e minute.
Après l’ouverture du score par le Brésil, le Ghana, emmené par Appiah, à qui on a préféré Ze Roberto pour la distinction de l’homme du match, a pris le contrôle du match. Même si, avec déjà quatre cartons jaunes écopés durant les 40 premières minutes, pour un match disputé dans un très bon esprit, on aurait pu redouter un attentisme du dernier représentant africain dans le tournoi. Mais, le Brésil est dominé de la tête et des épaules. Ronaldinho et Kaka sont des astres éteints et les cariocas, dans tous les compartiments, manquent d’inspiration.
Sans complexes
A la 41e minute par exemple, sur une tête à bout portant de John Mensah sur un corner, Dida ne maintient sa cage inviolée que par un réflexe de gardien de handball en bloquant le ballon sur sa ligne de la jambe droite. A la mi-temps, avec 54% de possession, le Ghana a fait le jeu et assuré le spectacle même sans Essien. Ceci jusqu’à la fin puisque les Blacks Stars sont crédités de 52% de possession en deuxième mi-temps.
Tous les joueurs ghanéens à vocation offensive, quatre au total, ont tiré au but au moins une fois soit 18 tirs contre 10 pour le Brésil. En effet, le dispositif tactique mis en place par Ratomir Dujkovic n’avait aucunement vocation à limiter les dégâts encore moins à défendre.
Trois attaquants alignés d’entrée: Gyan, Amoah et Draman. A l’animation du jeu, Appiah. A la récupération Eric Addo et Suley Muntari, qui est en fait un attaquant, palliait l’absence de Michael Essien suspendu. « Les Brésiliens d’Afrique » n’auront qu’à blâmer leur naïveté dans le dernier geste en attaque car ce ne sont pas les occasions de marquer qui ont manqué. Même réduits à 10, dès la 81e minute, suite à l’expulsion de Gyan Asamoah pour un deuxième carton jaune, le Ghana a continué à jouer de l’avant avec ses arrières (Mensah, Shilla, Pappoe et Pantsil) qui ont toujours apporté le surnombre.
C’est d’ailleurs le coach du Brésil, Carlos Alberto Parreira, bien au fait de la domination du Ghana, qui a du revoir son organisation, conscient de ce que l’avantage au score n’était que la conséquence du choix porté sur son équipe par la providence et l’arbitre. En faisant entrer à la 59e minute Juninho Pernambucano, milieu défensif, à la place de Adriano, son deuxième attaquant, Parreira marquait bien sa volonté de conserver l’avance au score, mais aussi le souci d’être plus présent dans la récupération du ballon où, manifestement, Ronaldinho, Ze Roberto, Kaka et Gilberto Silva qui a pris la place de Emerson à la mi-temps, ne faisaient pas toujours le poids. Ce qui n’augure pas de la voie royale vers la 6e étoile. Même si, hier, avant le match face au Ghana, de supporters brésiliens avaient lancé un jeu concours pour savoir où il faudra fixer cette 6e étoile sur le maillot auriverde, pour que l’esthétique et l’harmonie soient sauves.
Junior Binyam, à Dortmund