Les Black Stars du Ghana méritent bien leur surnom de « Brésiliens d’Afrique », mais il faut préciser les Brésiliens des années 80, ceux là -la génération de Zico et Socrates- qui savaient faire circuler le ballon mais qui n’ont rien gagné à la fin.
Le Ghana, hier au Westfalen Stadion de Dortmund, a bien eu la meilleure possession du ballon et s’est créé les meilleures occasions que le Brésil, mais c’est ce dernier, nourri à la culture tactique des équipes européennes depuis les années 90, qui l’a emporté. Et plutôt largement!
On peut dire ce qu’on veut, que le Brésil lui-même n’a rien montré au niveau du jeu, on peut encore pester contre l’arbitrage pour un probable hors-jeu oublié sur le but de Adriano, mais tel est le résultat au huitième de finale qui mettait en scène le dernier représentant du football africain: Brésil 3 – Ghana 0. Ça fait mal parce qu’il y avait certainement quelque chose de positif à faire pour le Ghana. Et il faut bien chercher quelque part l’explication de cette fin plutôt décevante, après les espoirs nés des victoires sur les Tchèques et les Américains.
A notre avis, le Ghana est une équipe ordinaire, sans relief, quand elle joue sans Michael Essien. On l’avait déjà observé en janvier dernier à la Coupe d’Afrique des nations disputée en Egypte. Cela s’est encore confirmé hier. C’est le joueur de Chelsea qui impulse généralement le rythme du jeu des Black Stars. C’est apparemment le seul qui peut aider cette équipe du Ghana à faire la différence, par une maîtrise des arrières et en même temps des percées décisives vers l’avant. On n’a pas la certitude que la destinée du huitième de finale Brésil-Ghana aurait changé, mais on est au moins persuadé qu’on aurait assisté à tout un autre match avec la présence d’Essien.
Les Brésiliens avec plusieurs pieds morts sur le terrain (Adriano, Kaka, Emerson avant sa blessure, et même Ronaldo) ont pu aisément jouer à leur rythme de sénateurs parce qu’il n’y avait pas une opposition forte en face. Il aurait fallu les bousculer davantage pour qu’ils sortent de leur torpeur, comme les Japonais l’avaient fait.
Les Black Stars ont manqué de réussite sur une seule action, quand l’excellent défenseur central Mensah, monté sur un corner, a vu son coup de tête piqué enlevé sur la ligne par un pied hasardeux de Dida. Le reste du temps, ils n’ont pas eu l’astuce et le cran de tirer davantage vers le but une fois à l’entrée de la surface de vérité, comme le fit Draman à la 18ème minute.
Côté brésilien, la copie du coach Carlos Alberto Parreira est certainement à revoir. Face à une équipe européenne mieux outillée, il ne faudra pas s’amuser à jouer avec un récupérateur qui roule à 20km/h comme Emerson, et à vouloir profiter des contres. Il faudra surtout que Ronaldinho, le meilleur joueur du monde en 2005, chasse son fantôme qui évolue dans la Seleçao depuis le début de cette Coupe du monde.
E. Gustave Samnick, à Dortmund