Vendredi dernier, Lilian Thuram annonçait sa retraite de footballeur de haut niveau après une carrrière qui lui aura permis de connaître tous les honneurs. A 36 ans, il a préféré ne pas prendre de risques inutiles sur sa vie d’homme, suite à la malformation congénitale qui a été détectée lors de sa visite médicale au Paris SG. Au delà d’un grand champion qui s’en va, son cas devrait nous interpeller de différentes manières.
Tout d’abord, par l’ironie macabre de cette situation. Le « gros » coeur de Lilian Thuram a été détecté le 26 juin dernier, soit cinq années exactement après la mort en Mondovision de Marc-Vivien Foe. Et c’est justement en raison de celle-ci, que des progrès ont été faits qui permettent de sauver des vie de sportifs de haut niveau. Il est triste de voir la carrière d’un champion s’achever de cette manière, mais il vaut mieux que ce ne soit pas sa vie qui s’achève sur un terrain. Or, en cinq ans, qu’a fait le pays dont était originaire Marco? Passée la commémoration, finalement rien n’a changé. Sur le plan personnel, tout un symbole, le centre de sport qu’il avait initié n’a jamais vu son terme. Et quant au plan collectif, c’est encore pire. Aucune structure médicalisée digne de ce nom n’accompagne la sélection nationale. Et pour les clubs, c’est encore pire. Il y a quelques semaines, au mois d’avril dernier, un incident sur le stade Mbappe Leppe à Doula nous a fait savoir qu’aucune ambulance n’était affrêtée pour pallier aux situations d’urgence qui pouvaient se présenter lors des rencontres du Championnat national de Première Division. Les clubs ne sont toujours pas obligés d’avoir des défibrillateurs aux entraînements. Bref, rien n’est fait pour anticiper ce type de problème.
On ergote sur les responsabilités des uns et des autres, mais personne ne prend la peine de s’attaquer aux vrais problèmes. Le monde a pris conscience de la situation, les visites médicales avant signature du contrat sont devenues des représentations de haute technologie. Il est temps pour nous de prendre le taureau par les cornes. Bien-sûr, à l’heure actuelle, nous n’avons pas les moyens des grosses écuries occidentales. Mais rien ne nous empêche de faire avec peu de moyens de la sensibilisation, de mettre des petits défibrillateurs partout où se déroule une activité sportive, fusse-t-elle « amateur ». Plutôt que de nous faire toujours remarquer négativement par des problèmes de primes, de logement ou autre ironie de l’histoire d’infrastructures. En effet, le jour où « Tutu » annonçait qu’il jetait l’éponge, nous apprenions que le début du championnat 2008/2009 était menacé par une directive de la FIFA sur les clôtures des stades.
Deux coincidences aussi importantes ne devraient pas nous laisser indifférents. Si les infrastructures ont un boost qui devrait permettre dans les prochaines années de se mettre au moins au niveau continental, les pratiquants méritent aujourd’hui qu’on s’intéressent également à eux. Qu’à défaut de celle de « Marco Foé », qu’on ait une jurisprudence « Thuram ».
Joseph François Djomo