Il y a quelques mois, au cours d’un entretien, mon interlocuteur ironisait sur les problèmes du football africain et me posait le problème sous forme de devinette. Si on affrétait deux avions, un pour les dirigeants, le second pour les joueurs et que l’un des deux se crashait, lequel serait le plus dommageable pour le football ? Le foot camerounais semble y répondre année après année, tant aux exploits de nos joueurs succèdent des images et des attitudes de nos dirigeants qui nous dégoûtent chaque jour un peu plus de notre sport-roi.
Le dernier tournoi Interpoules qui vient de se dérouler en est le reflet. Que retiendra-t-on de celui-ci ? Certes que trois équipes sont montées, mais aussi les innombrables problèmes posés par les dirigeants et le sempiternel jugement de Salomon de la FECAFOOT. Que s’est-il exactement passé avec la licence de Jules Ka’a, le portier de l’AS Cetef de Bonaberi ? Comment une telle erreur a-t-elle pu être commise ? Et pourquoi le joueur a-t-il finalement été aligné puisque son nom ne figurait pas dans les listes de joueurs autorisés à disputer la compétition qui se trouve encore sur le site de l’institution de gestion de notre football ? De même, pourquoi avoir fait rejouer la rencontre entre le Tonnerre et Cetef ? N’existe-t-il pas des textes qui prévoient ce qui se passe en cas d’arrêt de la rencontre avant le coup de sifflet final ? Nos responsables ont préféré faire de petits arrangements entre amis, transformant un tournoi officiel en simple tournoi de vacances où les règles peuvent changer.
Le changement des règles en méthode de gestion semble avoir encore de belles années devant lui puisque depuis Garoua où il se trouvait, le président de la FECAFOOT nous a informé que l’équipe nationale ne se produirait pas avant février prochain, nous affirmant n’avoir jamais été au courant d’une quelconque rencontre contre le Nigeria. On veut bien le croire, tout comme on veut bien croire que le sélectionneur national que l’on a besoin de rappeler à coups de communiqués de presse n’en fait qu’à sa tête, mais cette situation témoigne de l’existence d’un réel problème au sein de cette institution. Qui dirige la maison et portera la responsabilité des ratés éventuels ? Parce qu’il est inconcevable, sauf lorsqu’il s’agit du Cameroun, d’annoncer de but en blanc préparer la Coupe du Monde 2010 et de ne rien faire pour. La date libérée par la FIFA devrait permettre de faire des essais, d’imaginer des configurations sans nos cadres ou alors de se frotter à des équipes de niveau mondial, vu que notre campagne éliminatoire pour la CAN 2008 ne nous offre que des seconds couteaux continentaux. Au lieu de ça, on nous a fait vivre le feuilleton du sélectionneur voyageur qui ne veut venir au Cameroun qu’à ses conditions. Il est pourtant évident que n’importe quel contrat de travail prévoit le lieu d’exécution et les conditions annexes, notamment pour ce type de contrat avec un expatrié, les billets d’avions à disposition. Il suffit de voir les termes dudit contrat pour régler cette situation sans bruit.
Mais, on est au Cameroun… Un pays où l’on ne sait pas quand se déroulera la finale de la Coupe, qui clôt la saison. On suppute, on guette la fumée blanche annonciatrice et visiblement, elle a du mal à arriver. La finale se jouera sûrement une nouvelle fois de façon précipitée, sans un quelconque respect pour les joueurs et encadreurs qui se préparent depuis plus d’un mois. Le football moderne utilise souvent des expressions telles que « préparation physique », « mise en place tactique » que les équipes sont sensées préparer en fonction des échéances. Visiblement, Fovu de Baham et l’Union de Douala, tout comme leurs supporters devront préparer cette finale, le match le plus important de leur saison à l’aveugle. Et pourtant, il suffirait d’intégrer la date de la finale de la coupe à notre calendrier national. Mais pourra-t-on demander à la plus haute personnalité du pays d’intégrer dans son calendrier une date choisie par d’autres ? De ce type de réponses dépendra l’avenir de notre football. Car, il faut bien le dire, le football international se joue aujourd’hui dans les bureaux. De la politique de détection des talents à la gestion des rendez-vous internationaux, tout se décide à l’avance afin que les sportifs n’aient pas de préoccupation autre que leurs performances. Chez nous, on en est loin, mais jusqu’ici, les deux avions continuent de voler. Il ne reste qu’à espérer qu’en cas de crash, ce soit le bon qui subisse ce sort.