Pour le compte de la première journée du championnat de première division, la Panthère sportive du Ndé a battu As Lausanne de Yaoundé sur la plus petite des marques, 0-1 au stade Ahmaou Ahidjo de Yaoundé. But marqué à la 8ème minute de jeu par Emma Mimbang.
Au terme d’un match qui a vu une nette domination de la Panthère, face à une formation de Lausanne plutôt moribonde.
Le match aurait pu ne pas se jouer tant l’antre de Mfandéna a été le théâtre d’un autre acte du litige fratricide qui divise depuis quelques mois les anciens membres de cette formation sportive nouvellement promue en division d’élite. Deux formations différentes de Lausanne sont présentes. L’une et l’autre conduites par Siméon Fossouo et Samuel Noufessi, respectivement président exécutif et fondateur d’As Lausanne d’Anguissa. Les uns et les autres font valoir qu’ils sont la vraie équipe. La police est appelée au secours.
L’entrée des vestiaires est fermée à clés. Des policiers y veillent et filtrent le passage, à partir du couloir qui mène aux vestiaires. Seuls les joueurs de la formation reconnue par la Fécafoot, et leurs dirigeants peuvent accéder au stade. Les autres sont refoulés hors du lieu. Vêtus de leurs maillots et tenant en main leurs licences de l’Elite two.
Ces derniers sont pourtant déterminés à perturber la rencontre, à défaut de jouer.Alors que l’on croit la situation sous contrôle, les joueurs de Lausanne, version Noufessi surprennent le public en escaladant la clôture grillagée du stade, précédant leurs amis de l‘autre camp sur la pelouse où ils prennent place. Sous les youyous de leurs fans disséminés dans les gradins. Apeurés, les joueurs de Nzuimanto rentrent rapidement dans les vestiaires. Suivis de leurs adversaires. Le temps de voir les policiers ramener l’ordre. Les hommes en ténue qui avaient plutôt l’intention de déloger les grévistes par la force, se résignent à leur prodiguer des conseils. Ils le comprendront et quitteront la pelouse, mais demeurent à l’entrée des vestiaires.
Lamentations
Appelant Jésus au secours, un de ses joueurs (Guy Mebande selon un proche, Ndlr), est tout en larmes. «Qu’est-ce que je vais devenir ?j’ai tout donné à cette équipe, et j’ai perdu énormément de choses», se lamente-t-il.
Alors que la partie est lancée dans ce cafouillage, la tension monte encore d’un cran. Le pleureur est inconsolable. Samuel Noufessi ne tient plus et a l’intention de reprendre l’action forte : «à tout moment, on peut toujours envahir le terrain». Un homme en ténue et un responsable de la Fécafoot tentent en vain de lui faire admettre que c’est peine perdue.
«Vous ne pouvez pas comprendre ; c’est toute ma vie à terre», lance-t-il. Un de ses joueurs est en larmes. Un autre joueur s’en prend à un policier : «chef, c’est notre avenir, nous avons trop souffert pour faire monter cette équipe, et aujourd’hui, on nous chasse comme ça». A côté, c’est un avocat proche de l’équipe de Noufessi qui est en passe d’en venir aux mains avec un haut gradé de l’armée qui lui oppose la force. Les deux hommes vont copieusement s’engueuler. Jusqu’à ce qu’arrive un autre haut gradé de la police, peu enclin à dialoguer. A coups de fouets, l’officier s’engage à renvoyer brutalement dans les gradins tous les mécontents. «Qu’est-ce qu’il y a même ? On vous parle, vous ne voulez pas comprendre ? » s’interroge-t-il en lançant de grand pas et fier de son action.
La partie peut enfin commencer, avec une heure de retard. La tenson est vive dans les gradins, où l’équipe locale n’a visiblement pas de supporters. Ou plutôt, tous les drapeaux et fanions visibles dans les gradins portent els couleurs du Fauve du Ndé. On comprend pourquoi le but de la panthère est salué par le stade tout entier.
Visiblement, l’équipe locale est mal aimée dans son fief. Le différend est né de la dispute entre les deux anciens alliés d’hier. Des sources concordantes disent qu’à un moment, Samuel Noufessi, le fondateur d’As Lausanne d’Anguissa, a dû confier la présidence de l’équipe à Siméon Fossouo qui a supporté les charges jusqu’à ce que l’équipe accède en Elite one. Le fondateur convoque une assemblée générale élective. Il butera aux textes qui en donnent le droit exclusif au président. La scission est ouverte. Face à la crise, la Fécafoot donne raison à Siméon Fossouo, la personne habilitée à décider au nom de l’équipe. La guerre est désormais complète. Le fondateur garde l’entièreté des joueurs pendant que son vis-à-vis qui conduit l’équipe reconnue par la Fécafoot, se voit obligé de constituer une nouvelle équipe qui s’entraîne au quartier Nkolbisson, abandonnant à l’autre faction, la base d’Anguissa.
Lindovi Ndjio