Depuis le 20 septembre 2008, date de la tenue à Bafang d’une assemblée générale de réconciliation qui s’est plutôt transformée en séance de destitution de l’ancien président en la personne de Richard Djomo Tenkam, c’est un clair obscur qui règne dans le ciel de Bafang où le flambeau ne parvient toujours pas à briller. Au terme de la 15e journée, le club du Haut-Nkam est classé 10e sur 14 avec un total de 18 points.
Parmi les clubs de région de l’Ouest qui évoluent cette saison en Mtn Elite One, le cas Unisport du Haut-Nkam mérite un petit temps d’arrêt. Cette équipe fait partie de celles qui en fin de du 49e championnat ont réalisé l’exploit de conserver le gros de leurs effectifs. Les quelques recrutements opérés n’ayant servi qu’à renforcer le groupe ou remplacer les joueurs arrivés en fin de contrat. Dans le même sillage, Bonaventure Djonkep à qui appel avait été fait pour sauver ce club de la relégation a été maintenu à la tête de l’encadrement technique. Des arguments qui devaient logiquement permettre au Flambeau de l’Ouest de démarrer la saison en pompe. Contre toute attente, les pronostics seront déjoués au cours de l’assemblée générale convoquée courant septembre 2008 afin de faire taire quelques divergences et bruits de bottes qui se faisaient sentir tout autour de l’équipe. De sources concordantes, c’est monsieur Tiako, alors président d’honneur et principal pourvoyeur de fonds de Unisport qui aurait demandé la tenue de cette rencontre de paix avant la descente des joueurs dans l’arène pour ce 50e championnat. Ce qui fut fiat bien que les résultats obtenus soient le contraire de ce qui était attendu.
Pour Richard Djomo Tenkam, ancien président général de l’Unisport, «Nous avons été débarqués à la tête de cette équipe et je vous rappelle que pour ce congrès que nous avions voulu que ça se tienne, parce que si on n’avait pas voulu on n’en serait pas arrivé là, on avait le souci de rassembler les Haut-Nkamois, supporters et sympathisants autour de notre équipe fanion. Ce qui a été fait. L’autorité administrative (préfet du Haut-Nkam, Ndlr) nous a rassemblés à son domicile en matinée pour me dire que l’entraîneur principal (Bonaventure Djonkep, Ndlr) étant de chez moi, c’est à dire un Bangou, on ne pouvait pas laisser les Bangou s’accaparer de l’équipe des Haut-Nkamois. J’étais un peu sidéré parce qu’à l’aube du 21e siècle, si on doit tenir des fibres tribales pour pouvoir juger le bon sens, je pense qu’on ne sait pas là où on se trouve.» Avant même le début de la réunion, cette destitution se murmurait dans la ville. Ce qui n’a pas empêché à Richard Djomo Tenkam et son bureau de se présenter à ladite rencontre. Evitant ainsi, grâce aux conseils de certains de leurs aînés, de faire la politique de la chaise vide.
«Nous sommes arrivés dans la salle et avons anticipé sur l’intervention du préfet pour faire savoir à l’assemblée qu’on préférait se retirer et qu’on laissait la place à monsieur Leubou Emmanuel qui était vraiment désireux. Même avant le recrutement il était en campagne au quartier. Ce qui me surprend encore dans les déclarations de monsieur Leubou Emmanuel, l’actuel président, devant le préfet à son domicile ce samedi là, c’est que quand le préfet l’interpelle pour lui demander ce qu’il y a à faire, il lui rétorque que «le débat est dans la rue et que c’est à la rue d’en décider», ajoute l’ancien président qui s’indigne par ailleurs du silence complice du préfet face à ce genre de déclarations. «A partir de là j’ai compris qu’il y avait une machination. Tout ce qu’il fallait faire c’était de chercher à me retirer gentiment. Ce qui a été fait lors du congrès.»
Financements du club suspendus
De sources généralement dignes de foi, monsieur Tiako, mécène du club, était absent du pays le jour où se tenait cette assemblée générale dite de réconciliation. Mais avant de partir, il avait pris soin de laisser une correspondance qui avait été lu en public. Dans celle-ci, il renouvelait sa totale confiance à l’équipe dirigée par le président Djomo. Cette lettre qui valait son pesant d’or sera malheureusement prise à la légère par le prétendant au poste de président que par Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, préfet du département du Haut-Nkam. Preuve de plus que le congrès n’avait pas un point relatif aux élections à l’ordre du jour. Suite à ce coup de force à la tête de l’équipe, monsieur Leubou Emmanuel n’a non plus pris la présidence par voix des urnes, monsieur Tiako a suspendu les financements qu’il comptait injecter dans le club tout au long de cette saison. Pour un départ, il avait débloqué un montant de 20 millions pour le recrutement des joueurs et la signature de leurs contrats. Idem pour l’entraîneur principal dont on dit avoir touché une partie de son cachet avant le début de la saison.
L’ancienne équipe qui avait usé de son entregent pour trouver ce mécène pour le club est aujourd’hui traitée de tous les noms d’oiseau. Ce qui a suscité une réaction de son chef de file. «Nous sommes aujourd’hui à mi-parcours du championnat. Je n’ai rien dit depuis et n’était pas parce que je n’avais rien à dire. J’entends des choses pas possibles. Comment imaginez-vous qu’en début de championnat nous avons fait des pieds et des mains pour recruter un entraîneur, signer son contrat. On lui a versé son argent…Nous avons recruté des joueurs sur la base du support qu’avait donné l’entraîneur principal en la personne de monsieur Djonkep Bonaventure… Tout ce que nous avions à faire à l’époque en tant que dirigeants c’était de négocier les contrats des joueurs amenés par l’entraîneur et payer leur argent. Bonaventure Djonkep est aussi supporter de l’Unisport et natif de Bafang ; d’où la confiance à lui faite. Il nous a donné les montants des contrats à négocier avec les joueurs et en fonction des différentes catégories. Et c’est ce qui a été fait. Aujourd’hui on nous traite de tous les noms. Que les 20 millions qui nous ont été donnés pour le recrutement on est allé se distraire avec à Bafang. Je n’y comprends rien parce que tous les documents sont là et clairs. Les bons de décharge produits par les joueurs sont là», explique Richard Djomo. A en croire certaines indiscrétions, des élites du Haut-Nkam seraient aller rencontrer le président d’honneur mécène pour lui rapporter que l’argent débloqué pour le recrutement a été dilapidé dans les gargotes et boîtes de nuit de la ville de Bafang.
En plus des fonds dilapidés, l’ancien président et son staff sont accusés d’avoir libéré illicitement le joueur Gérard Poungoué au point d’aller à la Fécafoot décharger de l’argent y afférent. Dans le même sillage, il leur est reproché de travailler dans l’ombre, en conditionnant les officiels de matches, pour que Unisport perde ses rencontres. «Quand on est monté en première division, monsieur Poungoué et sa maman sont venus me voir pour me laisser entendre qu’ils ont trouvé une voie qui devit amener le premier en Indonésie et qu’il fallait qu’on lui accorde une permission. Ce que je lui signé c’était une permission d’un mois pour aller faire un test. Et puis pour l’encourager à aller et réussir, j’ai sorti 20.000 Fcfa de ma poche que je lui donné comme participation pour son voyage. Depuis qu’il est parti, je ne l’ai plus jamais revu et il ne m’a non plus appelé», se dédouane Richard Djomo qui dit avoir adressé plusieurs correspondances, qui sont restées sans suite, à la fédération pour le cas de ce joueur.
Tout en rappelant que son objectif premier n’est pas de revenir à la présidence de l’Unisport, Richard Djomo Tenkam fait savoir qu’il continue jusqu’ici à financer Unisport, d’abord en tant que supporter, et ne voit pas comment il pourrait encore travailler pour sa chute. Toutefois il croit savoir que «c’est lamentable que de nos jours avec la professionnalisation que prône l’instance faîtière du football dans le monde, que Unisport soit encore aujourd’hui à procéder en milieu du championnat à procéder à la collecte des fonds dans les réunions de quartiers. Je ne dis pas que c’est mauvais mais ce sont des signes d’essoufflement. On était dans de très bonnes dispositions parce que le président d’honneur nous avait promis plus de 100 millions de francs Cfa pour la bonne marche de l’équipe… Unisport appartient à tout le monde et nous devons rassembler nos idées derrière cette équipe pour voir comment faire avancer les choses normalement.» En attendant que les élites du Haut-Nkam trouve une solution à cette crise, le club en souffre au niveau de ses résultats parce que classé 10e en 15 matches pour 18 points. Aux dernières nouvelles, le mécène qui disposerait des 100 millions destinés à la bonne marche de l’équipe serait prêt à financer de nouveau le club et en compagnie de l’ancienne équipe dirigeante du club. Rencontré récemment pour avoir sa version de fait par rapport à cette affaire et bien d’autres litiges en cours au sein de Unisport, Emmanuel Leubou, l’actuel président s’est montré hostile aux préoccupations du reporter de Camfoot.
Blaise Nwafo à Bafoussam