Souvent déçus, ils ne lésinent pas sur la violence pour se faire entendre. Ils ont choisi de supporter les « Nassaras ». Ils sont jeunes, vieux, tolérants, fanatiques…Mais une chose les rassemble : leur amour invétéré pour l’Union » Kamakai « , l’équipe qui détient le record de longévité en division d’élite. La sixième équipe du championnat 2003 est en DI depuis 1958. Mais en 45 ans d’existence son palmarès reste bien maigre : une Coupe du Cameroun en 1985 et deux Coupes d’Afrique.
Ce palmarès peu grandiloquent n’a pourtant jamais entamé le moral de Pascal Chatué.
Habillé d’un pantalon sombre et d’une chemise aux couleurs de son équipe préférée, il clame : » J’aime l’Union depuis le début des années 60…Je prie tous les jours pour qu’elle gagne. Depuis 1960, j’ai assisté à tous les matches de l’USD à Douala. Quand j’étais plus jeune, j’allais même à Yaoundé, à Bafoussam, à Nkongsamba… « . C’est vrai que Pascal Chatue n’est plus du tout jeune, comme en témoigne son visage ravivé par l’âge, pourtant malgré la soixantaine, tous les soirs, il part de New-Bell pour assister aux entraînements à Bépanda.
Une fidélité et un quasi fanatisme qui tranchent totalement avec l’intransigeance des jeunes supporters du modèle de Justin Kameni, président du Comité de soutien de Newstyle Bépanda.: » Nos joueurs doivent toujours gagner ! C’est vrai que nous n’avons jamais connu les affres de la D2 en 45 ans d’existence… En revanche, nous avons soif de trophées, de titres nationaux et pourquoi pas continentaux ! « . C’est d’ailleurs pour cela que l’on observe, malgré les deux victoires consécutives des poulains du coach Youdom, une chute d’adhésion des supporters.
Chez les « Vert et blanc « , on s’organise en comité de soutien par quartier, par zone et par province. On en compte une centaine sur toute l’étendue du territoire. Chaque comité compte en moyenne une cinquantaine de membres. La qualité de membre ne s’octroie qu’après l’achat d’une carte de supporter, dont le coût varie entre 1000 et 1.00.000 Fcfa. Ensuite, il faut être assidu aux entraînements (les fonds sont destinés aux caisses du club). Tous les dimanches, lorsque l’Union joue à domicile, il faut acheter son billet d’accès au stade pour soutenir les joueurs. Le contrôle de comportement s’effectue à travers des réunions hebdomadaires qui se déroulent au sein de chaque comité de soutien.
L’organisation des charters quant à elle est de la responsabilité du président des présidents des comités de soutien, Jean Bosco Mougoué, et tout supporter désireux de se déplacer est tenu de se rapprocher de lui. Derrière cette organisation apparemment bien structurée, se cache une incompréhension totale entre les différents acteurs et les supporters. Il est ainsi courant de voir un fan prendre violemment à partie un joueur ou un dirigeant. Des attitudes qu’explique ainsi François Taboue : » la réaction de certains fans reste regrettable et demeure une affaire individuelle… Un fanatique violent a en lui, au de-là de son amour pour l’équipe, des gènes de violence qui n’ont rien à voir avec le football, qui reste tout de même un jeu. Quant à moi, je viens au stade, quels que soient les résultats de l’Union « .
Et très souvent ils sont plus nombreux à l’entraînement qu’au stade le dimanche. Des fois, pour éviter ce type de comportement, Youdom programme l’entraînement dans la matinée. » Billy « , le responsable du matériel des Nassaras a sa petite idée là –dessus : » Union n’a pas de supporters, ce sont des détracteurs ; ils viennent soutenir l’adversaire, s’assurer le dimanche de notre défaite et sont très déçus quand nous gagnons. Et nous sommes 5e avec trois victoires consécutives » . En attendant, le stade de la Réunification désespère de voir les » vert et blanc » supposés ou vrais remplirses gradins et augmenter ses recettes. Pourtant, au bout du compte, la force d’une équipe c’est aussi la présence massive de ses fans.
Louisette Renée Thobi