Le vice-champion du Cameroun en 2001 est aujourd’hui aux portes de la2è division. Le président du Tonnerre Kalara club (Tkc) de Yaoundé, Antoine De Padoue Essomba Eyenga, n’y va jamais de main morte, chaque fois que son équipe subit une défaite. Il trouve toujours une raison pour expliquer la déroute. Ainsi, a t-il jeté l’opprobre sur ses propres joueurs, dont il a fustigé la protestation en dessous de la moyenne à la 26ème journée du championnat national.
« Mes joueurs ont été nuls au cours de cette rencontre. Ils n’ont pas été à la hauteur. C’est lamentable! Ils se font battre par une équipe de Caïman de Douala dont les joueurs n’ont même pas le minimum pour manger et aller aux entraînements. Je ne paierai pas les salaires de septembre s’ils continuent avec les mauvaises performances ». Ce raz-le-bol était exprimé le 29 septembre dernier, dans les colonnes de notre confrère Le Messager (N°1567), après que le Tkc ait subi, le veille, une défaite (1-3) devant le Caïman de Douala, déjà vainqueur du club de Mvog-Ada à l’aller sur le même score.
Tonnerre qui venait ainsi de perdre une importante rencontre qualifiée de « duel des mal classés » reste, à quatre journées de la fin du championnat, cloîtré à la 14è place du classement général avec 23 points, devant Caïman de Douala (15è avec 22 points) et Stade de Bandjoun, qui occupe le 16è et dernier rang avec seulement 21 points. Ce qui suppose que si le championnat venait à se terminer aujourd’hui, le Tkc ne descendrait pas en deuxième division. Mais, il n’en est pas vraiment si éloigné, à en juger par ses contre-performances successives depuis le démarrage de la saison, et qui, au soir de la trentième journée, pourraient entraîner le finaliste de la dernière édition de la Coupe de la Caf dans l’abîme. Une éventualité que redoutent les supporters de ce club, malgré le méa-culpa du Secrétaire général du comité provisoire de gestion, André Marie Ndongo, très optimiste pourtant: « Il n’est pas possible que le Tonnerre descende en deuxième division. Aussi, refusons nous d’associer le nom de notre équipe au mot relégation.
Le calendrier nous est très favorable. A part le déplacement de Limbé, à la 28è journée, pour affronter Victoria United, nous allons livrer les trois autres matches sur notre terrain d’Ebolowa, respectivement contre Renaissance de Ngoumou, Racing de Bafoussam et surtout la lanterne rouge stade de Bandjoun ». Tonnerre -Stade, probablement l’affiche la plus alléchante de la trentième journée que certains n’hésitent plus à qualifier de finale des mal classés, où le perdant gagnera le ticket de l’enfer de la deuxième division. L’équation pour le Tkc est de remporter ses quatre dernières rencontres. Une chose qui lui permettrait de ne pas se faire rejoindre, encore moins de se faire devancer par ses adversaires, quelles que soient les performances futures de ces derniers. Reste cependant à craindre que l’excès d’optimisme d’André Marie Ndongo ne plaide plutôt contre son équipe dont les résultats enregistrés à la maison n’ont pas été, jusque-là, les meilleurs qui soient. Des onze matches perdus jusqu’ici par les coéquipiers de Gaspard Aloma, six l’ont été à domicile.
Querelles
Tonnerre paye de ce fait le prix d’un début de saison tumultueux, marqué par des querelles internes qui ont opposé la fraction autochtone et légitime (conduite par Emile Onambelé Zibi et madame veuve Omgba Zing, le fondateur du Tonnerre en 1934) qui reprochait une gestion » gabégique » à Antoine De Padoue Essomba Eyenga, taxé d’imposteur allogène, par conséquent, indigne de présider aux destinées du club. C’est en grande partie ce qui justifie la maigre moisson du Tonnerre au terme de la phase aller: 13 points, et une quinzième place peu honorable pour une équipe finaliste de la dernière Coupe de la Confédération africaine de football (Caf). L’eau a débordé le vase à la seizième journée, entraînant avec elle le Suisse Raoul Savoy, et ses collaborateurs camerounais Gilbert Mballa et Hans Agbo, qui assumaient respectivement les fonctions de manager général – entraîneur principal, entraîneurs adjoints N° 1 et N°2 du club. Leurs têtes sont tombées le 15 juin, à Ebolowa, après un autre faux-pas (0-1) face à Fovu de Baham :
« Après 16 journées de championnat et de bons et loyaux services, mon staff et moi-même sommes dans la triste obligation de constater qu’il nous est impossible de mener à bien notre mission. En effet, si sur le plan purement technique, nous avons déployé les efforts nécessaires, nous n’arrivons toujours pas à nous expliquer les piètres résultats enregistrés jusqu’à lors. En sportif de haut niveau que nous sommes, et respectueux des règles de la haute compétition, il nous semble logique d’en tirer les conséquences qui s’imposent pour vous permettre de créer le choc psychologique nécessaire au sein du groupe de la première équipe ».
La démission de ce trio n’avait pas surpris grand monde, contrairement à l’arrivée aux commandes techniques, de deux anciens de la maison, Alexandre Belinga (limogé lui aussi le même jour de Renaissance de Ngoumou pour insuffisance de résultats) et Richard Obatteba (qui conduisit l’équipe en finale de la Caf en 2002, avant de claquer la porte, à l’arrivée de Raoul Savoy, sous la tutelle de qui il refusait de travailler). Pour le moment, seule la Coupe semble leur sourire, puisqu’ils ont récemment qualifié le club pour les demi-finales.