Remis au goût du jour grâce à la fermeture du stade omnisports de Bépanda pour cause de réhabilitation, l’ouvrage construit en 1950 revit.
A quelque chose malheur est bon, dit l’adage. Le stade Mbappé Lépé, en plein quartier Akwa à Douala en fait actuellement l’heureuse expérience. Mis au rebut en 1972, année de la construction du stade omnisports de Bépanda à la veille de la huitième édition de la Can organisée par le Cameroun, le vieil ouvrage, 57 ans, semble renaître de ses cendres. Depuis le 9 décembre, le stade Mbappé Lépé abrite les matches des clubs de Douala pour le compte du 49ème championnat national de football de première division, rebaptisé Mtn Elite One. Le sommet lors des trois premières journées disputées jusqu’ici a été atteint le 16 décembre dernier, lors du derby Caïman football club contre Union sportive (1-1).
Cette rencontre a replongé les spectateurs dans l’histoire de ce stade mythique. David Mayébi, ancien joueur de l’Union sportive de Douala, aujourd’hui un des dirigeants de la fédération, ne cache pas sa satisfaction. “ Nous assistons à un retour dans l’histoire. Tant que vous n’avez pas vécu ces moments, vous ne pouvez pas comprendre. Cette ambiance me rappelle l’époque où j’étais moi-même joueur ”, se souvient-il. Adalbert Mangamba, joueur mythique de Caïman de Douala, par le “ d’un retour aux sources. Le stade Mbappé Lépé, c’est le berceau naturel de Caïman ”. En plus de l’aspect affectif, le stade draine la foule. “ C’est ça le football qu’on voulait. Vous avez vous-même vu le nombre de spectateurs. Avant on aurait dit que les matches se jouaient à huis clos. La dernière fois que j’ai vécu un tel déferlement populaire ici, c’était en 1963, Caïman a battu Oryx club de Douala un but à zéro, but de Isaac Mbettè ”, commente, satisfait Hervé Emmanuel Nkom, ancien dirigeant de Dynamo club de Douala.
Nécessaire cure de jouvence
Mais la nostalgie suscitée cache mal des déceptions. Elles tiennent toutes à l’état déplorable de l’ouvrage qui fit autrefois la fierté du football camerounais. L’ouvrage n’a pas subi la cure de jouvence qu’il aurait méritée en pareil cas. Gaspard Dongué, conseiller sportif de l’Union sportive de Douala, décrie la situation : “ vous savez, je suis un peu embêté. Avant, il y avait une très belle pelouse. Maintenant elle n’existe plus. Elle a été remplacée par du sable. Ce qui veut dire qu’on a avancé à reculons ”. “ Motchacho ” Tchoffo, témoin vivant de la déliquescence de l’infrastructure, enfonce le clou. “ C’est un véritable gâchis. J’en ai les larmes aux yeux, à voir ces tribunes autrefois pourvues de places assises si nues, et ce public contraint à suivre debout le spectacle ”. A la veille du lancement de la compétition, la Fécafoot avait pourtant entrepris de restaurer le vieil ouvrage. En dehors de l’élévation d’une partie du mur effondré, les résultats de ce nécessaire travail restent attendus. Un budget d’environ 5 000 000 Fcfa aurait été dégagé à cet effet…
Par Frédéric BOUNGOU