En débarquant à Bandjoun en début de cette saison sportive au sein de Stade local, le coach Nana Saleng, par ailleurs entraîneur provincial de football à l’Ouest, était conscient que le challenge s’annonçait périlleux. Il ne s’attendait pas à connaître de tels tourments. Son équipe a glissé, et continue à glisser sur une pente et le revers à domicile le 28 septembre dernier lors de la 26ème journée de championnat de D1 face à Canon (0-1) n’y a rien arrangé.
Il a plutôt été une catastrophe, on peut le dire. Les gars de Bandjoun se sont créé des occasions à la pelle. Et ont fini par s’incliner une fois de plus : » C’est difficile à expliquer. Je pense toujours que le traumatisme du début de saison est plus profond qu’on ne le croit. C’est comme si, désormais, notre stade faisait peur aux joueurs. Ils ont peur de mal faire et quand ils sont menés, les choses ne font qu’empirer », disait un encadreur technique qui refuse de délivrer son identité. Il a peur, lui aussi. C’est vrai. Personne ne fait plus confiance à personne. Un climat de méfiance qui se vit et se ressent au fil des jours. Au point où les joueurs, acteurs principaux, n’ont plus le coeur à l’ouvrage : « Nous jouons maintenant pour notre carrière. C’est toujours une bonne chose si on se fait remarquer par un autre club.
Parce que à Stade, ça ne vaut plus la peine », soutient l’un d’entre eux. Les effets de cette déclaration sont d’ailleurs visibles. Rarement lors des dernières séances d’entraînement, le coach est parvenu à rassembler une dizaine de joueurs. Et quand bien même il y arrive, ces derniers ne perçoivent aucune prime d’entraînement. Les primes de matches sont aussi reléguées depuis longtemps aux calendes grecques. Un comité directeur que préside le directeur de l’Institut universitaire de technologie (Uit) de Bandjoun, Jean Médard Fogue, a pourtant été mis sur pied pour sauver les meubles. En vain. La situation reste inquiétante et préoccupante. A quatre journées de la fin de la compétition, Stade de Bandjoun n’a que 21 points au marquoir. Soit quatre match gagnés et neuf nuls. Pour un goal average plus que négatif. Des résultats presqu’alors insuffisants pour garantir son maintien au sein de l’élite. Quelques supporters rencontrés dans la ville de Bandjoun avouent ne pas se reconnaître dans la dernière place (16è sur 16) occupée par leur équipe fanion. Ils déplorent ce qui leur arrive. Nostalgiques d’une certaine époque, ils n’oublient pas les joies ressenties quand Stade a disputé, en 1996, la finale de la Coupe du Cameroun. Qu’il a cependant perdue face à son voisin immédiat, Racing de Bafoussam : » Les joueurs bossaient « , se souvient-on.
Pourquoi sont-ils à la traîne aujourd’hui ? Les querelles de prééminence dans le staff administratif ont pris le dessus sur toutes les autres considérations. L’actuel président de Mount Cameroon, Calvin Foinding, a voulu donner un coup de main à Stade, dont il est un ancien dirigeant. Il y a même convoyé des ballons (30), doublés d’une somme d’argent (500 000 F Cfa). Mais les différentes assises convoquées ont tout simplement avorté. « Rien ne peut se faire en l’absence de Victor Fotso », réplique t-on dans le camp d’en face, même si l’on sait qu’il veut en faire une « affaire personnelle ». Stade de Bandjoun était un sentiment. Petit à petit, cette flamme est en train de disparaître au profit des messes de minuit qui se tiennent pour souhaiter sa descente dans l’enfer de la D2. Personne ne peut le souhaiter. D’autant moins qu’en recrutant Matip (milieu de terrain) et Koudou (attaquant), l’équipe de sauvetage voulait sortir Stade d’une crise savamment montée. Mais l’on s’étonne tout de même qu’au cours d’une saison, l’équipe de Bandjoun n’ait pu trouver un titulaire pour son brassard. Un capitaine comme on voit dans plusieurs clubs. Cela témoigne d’un manque de sérénité en son sein. Le » bateau » est en voie de naufrage. Reste qu’il y a encore quatre étapes à franchir avant le prononcé du verdict. Stade décidera de son destin à l’extérieur de Bandjoun (Douala, Buéa, et Akonolinga). On attend, en croisant les doigts.
Michel Ferdinand