Seidou Mbombo Njoya était l’invité de la Redaction de la CRTV ce mardi soir. Il a voulu expliquer les raisons de la décisions des autorités du football. Selon lui, « contrairement aux autres activités, nous sommes doublement impactés parce que les mesures barrières qui ont été prises ici et là, dans certains pays, comme vous pouvez l’imaginer, les premières mesures telles que celles qui limitent les rassemblements à 50 personnes, la distanciation sociale, nous impactent directement. «
L’interview complet :
Comment faut-il comprendre cette décision d’arrêter les compétitions nationales ? J’aimerais avant toute chose préciser que c’est toute l’industrie du football qui paie un tribut fort de cette pandémie. C’est toute l’industrie du football qui est impactée par cette pandémie qui dévaste tous les continents. Aucun pays, aucun continent, aucun secteur d’activité n’est épargné. Et c’est une situation extrêmement complexe que nous traversons au même titre que les autres fédérations. Contrairement aux autres activités, nous sommes doublement impactés parce que les mesures barrières qui ont été prises ici et là, dans certains pays, comme vous pouvez l’imaginer, les premières mesures telles que celles qui limite les rassemblements à 50 personnes, la distanciation sociale nous impactent directement. Nous organisons des compétitions pour permettre aux gens de se rassembler, c’est extrêmement difficile. Ça, il faut d’abord qu’on explique cela, qu’on comprenne que nous sommes les premiers impactés. Nous avons pris le pool de la situation et nous avons décidé de procéder à des sensibilisations pour protéger notre famille du football, nous avons apporté des soutiens, nous sommes allés au chevet des footballeurs professionnels et bientôt ceux du football amateurs aussi seront certainement concernés, et les clubs, nous sommes à leur chevet depuis le début de cette crise. Mais voyez-vous, il fallait commencer à se poser des questions sur l’avenir, savoir comment on va réagir, est-ce qu’on reprend les championnats, est-ce qu’on ne reprend pas. Le bureau exécutif de la fédération camerounaise de football qui s’est appuyé sur un rapport de la commission médicale qui s’est tenue, il n’y a pas très longtemps, des larges concertations se sont faites tout le long de ces derniers jours et nous avons contacté le Comité technique transitoire (CTT) qui, à l’unanimité ont trouvé que c’était bien raisonnable de mettre un terme aux championnats Elite One et Elite Two et de manière générale, au niveau du bureau exécutif, nous avons décidé de mettre un terme à tous les championnats, que ce soient les championnats amateurs, que ce soient les championnats professionnels. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des risques avec la vie des joueurs. Aujourd’hui, je vais paraphraser une citation du président de la FIFA qui dit ceci : “aucun match, aucune compétition, aucun championnat ne mérite qu’on lui sacrifie, ne serait-ce qu’une seule vie.” N’était-il pas possible d’organiser des matches à huis-clos ? Le deuxième argument, c’est que si vous voulez reprendre le championnat, vous devez mettre en place le protocole qui est indiqué pour tous les secteurs d’activités. Si vous avez aujourd’hui à reprendre le championnat, il faut dépister tous les joueurs et toutes les équipes. Et dépister, ça a un coût et ce coût-là, nous n’avons pas les moyens pour le faire. Ce coût est important, on parle là, de 1000 joueurs, pour reprendre le championnat. Donc, aujourd’hui, nous avons fait un choix juste. Et quant à l’aspect sportif, nous avons pris la décision de ne frustrer personne, puisque que comme vous le constatez dans le communiqué, aucune équipe ne descend, les équipes vont jouer à 20 l’année prochaine… On prend une décision qui garantit une certaine équité sportive. La santé n’a pas de prix. Je dis, la santé publique est au-dessus du football. Cela signifie-t-il qu’il n’y aura donc pas de Coupe du Cameroun, ce grand moment de communion nationale autour du Président de la République ? Je pense que pour cet aspect-là, nous nous sommes rapprochés des autorités et nous allons certainement nous concerter avec les autorités de la République parce qu’il s’agit d’une fête nationale qui implique le football. Vous pensez bien que je ne vais pas vous répondre aujourd’hui, j’attendrai que nous discutions avec les autorités, notamment la tutelle avant de donner la décision sur ce sujet. Cette décision aura des répercussions sur d’autres compétitions aussi grandes comme le CHAN. Dans l’immédiat, qu’est-ce qui va se passer sur ce front-là, puisqu’il s’agit d’une compétition qui concerne ces joueurs nationaux qui ne vont plus se produire en championnat? Vous avez parfaitement raison, encore faut-il que le CHAN puisse effectivement avoir lieu prochainement. Comme vous le savez, la compétition a été reportée pour une date ultérieure, pour l’instant, nous n’avons aucune visibilité par rapport à cette compétition, comme d’ailleurs la CAN 2021. Aujourd’hui, personne n’est en mesure de savoir comment va évoluer la maladie, l’épidémie. Ce qui est certain, c’est que pour le CHAN, nous pensons que c’est extrêmement compliqué aujourd’hui, le personnel de la CAF est confiné, les transports aériens n’ont pas repris, vous avez des disparités entre les mesures sanitaires d’un Etat à un autre, qui font qu’aujourd’hui, il est difficile de se positionner, d’avoir une idée précise de quand les compétitions vont reprendre. La CAN, c’est prévue pour 2021, il n’y a pas de problème pour l’instant dessus mais si jamais, nous n’arrivons pas à organiser les éliminatoires avant septembre, il est très probable que cette date va être bougée. On a écouté Monsieur Ahmad Ahmad récemment sur Deutsche Welle, il n’était pas très clair. Il disait : nous allons nous rencontrer, nous allons nous concerter pour voir ce qu’il faut faire… mais il s’agit quand même du Cameroun, pour le CHAN et pour la CAN, c’est quand même beaucoup d’investissements, dans cette affaire, bien sûr, il y a le Covid mais il n’y a aucune visibilité. Madame Mballa, le CHAN et la CAN appartiennent au Cameroun, elles vont se dérouler au Cameroun. Aujourd’hui, nous sommes devant une pandémie dont nous n’avons aucune maitrise. Personne n’a aucune maitrise, que ce soit la CAF ou la FIFA, tout le monde est dans l’expectative, on veut voir comment va évoluer la maladie du Coronavirus dans les semaines à venir. Et à partir de là, on sera fixé. Je comprends la position du président Ahmad qui, évidemment, est très prudent, il ne veut pas prendre des engagements qu’il ne pourra pas respecter. Nous sommes dans cette situation extrêmement complexe où on ne peut pas faire des prévisions sur l’avenir mais ce qu’on peut faire, c’est réfléchir et mettre en place des scénarii. Mais dire à quelle date ces compétitions vont se jouer, c’est très compliqué. Ce qui est certain, c’est que ces compétitions se joueront au Cameroun, quel que soit le cas. Merci président d’être venu apporter ces éclairages sur le plateau du 20heures 30, vous avez certainement un mot de conclusion ? Je tiens à dire que ce sont des décisions douloureuses à prendre parce que les amateurs du football sont nombreux au Cameroun et qui attendent impatiemment le retour du football dans les terrains. Mais sachez que le football est la chose la moins importante, la santé publique n’a pas de prix. Nous devons faire profil bas, nous devons être responsables, c’est ce que nous avons fait, mais préparer le retour du football. La fête du football reviendra, quel que soit le cas. Avec la grâce de Dieu, nous avons commencé à avoir un espoir mais je dis que les amateurs du football prennent leur mal en patience, surtout qu’ils prennent soin d’eux et de leurs familles parce que c’est ça le plus important dans le contexte dans lequel nous nous trouvons. Mais demain, nous aurons une conférence de presse, nous donnerons plus d’informations à ceux qui sont intéressés.Documents joints
juyas