Ça y est. Sauf surprise camerounaise de dernière minute, la quarante-huitième édition du championnat national de 1ère Division sera mise en route ce week-end. Ce samedi, Coton Sport de Garoua remet donc son titre en jeu en ouvrant la saison face au promu Lion Ngoma à Ebolowa, qui accueille pour la circonstance le premier match de D1 de son histoire.
Une telle information aurait sous d’autres cieux été au centre de toutes les rédactions, et même des conversations des amoureux du foot. Pas ici… « Le football est mort au Cameroun », répètent à longueur de discussions ceux qui ont eu la chance d’assister à des championnats qui se jouaient devant des stades pleins, avec des affiches qui divisaient tout un pays, et même des rencontres qui se déroulaient en nocturne. Le président Ngassa Happi, dernier à avoir rapporté une Coupe d’Afrique au Cameroun, relatait dans Cameroun Sports Tourisme et Voyages, un hebdomadaire de la place, daté du 7 février dernier(quelle année), sa nostalgie d’une certaine époque et à cette occasion évoquait la recette de la finale Canon- Union de 1980. Une somme (91 millions), qui même sans tenir compte de l’inflation et de la dévaluation du CFA, ferait du club qui aurait ce budget, un privilégié à l’heure actuelle.
Alors, pourquoi est-on tombé si bas, malgré le fait que les Camerounais s’intéressent toujours autant au football ? La saison qui commence est la synthèse parfaite des problèmes de notre football local. Un début de championnat en mi-février alors que d’autres pays sont dans la dernière ligne droite ou au moins bien avancés dans le leur. Aucune certitude sur l’ouverture. Une ouverture dans l’anonymat général, qui plus est placée en concurrence frontale avec un autre évènement sportif de premier plan (l’ascension du Mont Cameroun). Aucune vedette reconnaissable dans les effectifs, un calendrier inconnupublié in extremis, bref une incapacité à suivre l’évolution du football actuel. Tous les observateurs accusent la « fuite des cerveaux » pour justifier le peu d’intérêt pour le football local. C’est vrai qu’aujourd’hui l’essentiel de notre équipe nationale évolue à l’extérieur, mais d’autres nations subissent cette saignée sans pour autant que leur championnat ne perde en intérêt. Longtemps, l’équipe de France, la fameuse championne du Monde, évoluait à l’étranger, mais les taux de remplissages des stades et les audiences télé étaient à la hausse. L’Argentine et le Brésil évoluent à deux vitesses, avec une équipe nationale à l’étranger et un championnat local de bonne facture. Et même sur le plan africain, les championnats tunisien, marocain, et sud-africain résistent bien à la saignée permanente de leurs meilleurs éléments.
Les raisons sont donc ailleurs, notre football n’a pas su maîtriser le virage opéré par le football international. Et si ce week-end, les cœurs camerounais battront d’avantage pour Barcelone que pour Canon, Union ou Sable, c’est en grande partie en raison de la faillite des responsables de notre football. Actuellement, le football est d’abord médiatique. Et la première des choses est de voir le spectacle. Et pendant qu’on peut voir des matchs de tous les pays du monde toute la journée dès qu’on est « câblé », on ne peut pas suivre, même en differédifféré, (à défaut du en direct) le championnat local. Au mieux, on a quelques images de mauvaise qualité approximative dans les journaux télévisés, qui nous montrent des conditions de jeu d’un autre âge, dans des stades défraîchis et un public famélique. Bref un produit qui souffre de la concurrence de ceux de l’extérieur. Les nostalgiques des années 80 ne peuvent pas oublier que le paysage médiatique a changé depuis, que d’un pays sans télévision, nous sommes passés à une flopé de chaînes. Et que nous devons créer des conditions pour que les gens s’intéressent malgré la concurrence. Ce qui signifie améliorer les conditions d’accueil dans les stades, créer des vedettes, jouer sur l’aspect enjeu, plutôt que qualité, mettre des professionnels à leur place et assumer enfin le statut pro de notre championnat en donnant aux joueurs des salaires et des conditions d’existence décentes. Et l’environnement camerounais le permettrait si les dirigeants le voulaient.
Fidèles à notre statut de partenaire du football camerounais, nous avons choisi de faire notre part en vous permettant de suivre au mieux le feuilleton que constitue notre championnat. Chaque journée aura son match-phare et très vite, l’essentiel des rencontres sera couverte. Et à partir de la mi-mars, vous pourrez voir des extraits des tranches de vie de ce championnat. Avec des portraits des hommes en forme, des petits sujets pour permettre à nos jeunes joueurs d’avoir de nouveau une vitrine. Si petite soit-elle. Mais, notre traitement sera également interactif, puisque vous aurez la possibilité dans les semaines qui viennent de parier sur les rencontres de championnat. Sans payer, mais pour permettre à la communauté toujours nombreuse de Camfoot d’avoir une compétition interne, avec possibilité, comme toujours de se « coch » au moment où les classements hebdomadaires sortent. Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’attends avec impatience ce moment. En espérant que les différentes familles du football camerounais permettront aux vrais acteurs (les joueurs) de s’exprimer.
Joseph DJOMO