Il ne va certainement pas comprendre ce qui se passe en ce moment et à cette étape de sa carrière. Lui, l’ancien chef militaire qui a anéanti les velléités de centaines de milliers d’indépendantistes qui se battaient contre la France pour récupérer leur pays. Même le Chef de l’État n’a pas pu le mettre en retraite et a préféré créer une catégorie militaire dénommée la deuxième section pour le pousser un peu à côté des activités militaires. Et lorsqu’il montre son intérêt à se déporter dans le football, ce fut avec les acclamations de son unique chef, Paul Barthélemy Bi Mvondo.
Le sempiternel problème de la gestion de la Ligue met à mal sa résilience. Depuis 2011, il est à la tête de l’instance qui gère les deux Ligues de football du Cameroun, une nomination qu’a assumée le président de la Fécafoot de l’époque, Mohammed Iya. Les raisons étaient probablement bien plus que valables. Pour une ligue naissante, on a besoin de l’accompagnement de pouvoirs publics. Et à cette époque, Pierre Semengué pouvait poser le problème directement au téléphone à Mr Paul Biya. Des centaines de millions des fonds publics étaient ainsi sécurisés.
Des ententes avaient été prises qui faisaient qu’il ne resterait que pour un seul mandat, le temps de permettre à la Ligue de bien se lancer.
Mais par chez nous, on aime à s’éterniser et à s’approprier les titres de manière définitive. Pratiquement huit ans plus tard, la Ligue qui devait se renouveler auprès des présidents de club ne l’est toujours pas et la crise est désormais bien réelle.
Samedi devait avoir lieu le démarrage du championnat d’élite entre Eding Sport de la Lékié et Yong Sport Academy, mais ce qui s’est passé, est simplement hallucinant.
Le reportage de NewsduCamer.com
Un stade militaire sonnant creux. Quelques individus éparpillés dans les gradins. En première ligne dans la tribune d’honneur, le général Pierre Semengue, président de la Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc). A ses côtés, Jean Phillipe Obama, directeur des normes et du suivi des organisations sportives, représentant le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et quelques personnalités peu connues. Toutes les cérémonies protocolaires sont exécutées, aux sons et rythmes d’une fanfare. Le décor est planté. Place au match. Eding sport et Yong sport academy (Yosa), les deux adversaires attendus, ne se présentent pas. Le collège arbitral se concerte un quart d’heure au rond central, et siffle la fin du match. Loin d’être un film de fiction, le match d’ouverture de la saison sportive 2019 vient d’échouer ce 26 janvier 2019. Le Syndicat des clubs d’élite de football du Cameroun (Sycec) a réussi son coup.
Et pourtant, la Lfpc misait sur une discorde au sein du mouvement pour remporter la partie. « De notre côté, tout est prêt », continuait d’assurer le patron de la Ligue quelques heures avant, sur la radio nationale. Alors que les nouvelles depuis la veille disaient que le club du Nord-ouest n’avait pas fait le voyage de Yaoundé. Le lendemain, le mouvement se poursuivra dans tous les stades où étaient programmés les rencontres. Si Coton sport était annoncé à Limbé pour affronter Avion du Nkam, l’adversaire, lui, avait déjà saisi la Lfpc pour solliciter le report du match, faute d’avoir de licences. Au finish, aucun match ne s’est joué.. Certains clubs se sont présentés dans les stades, d’autres pas, certains ont des licences, d’autres des listes provisoires signées du secrétaire général de la Lfpc, d’autres ne disposent d’aucune pièce dans ce sens…
Issue incertaine
« Notre règlement règle le problème du forfait», rappelle Pierre Semengue qui parle d’un forfait pour le deux adversaires. Les clubs n’ignorent pas cette menace, mais exigent la tenue de l’assemblée générale prévue par les statuts. Ce texte fondateur de la Lfpc prévoit en son article 71, al.3, que « le président de la Ligue présente à l’assemblée générale les comptes annuels consolidés de la Ligue au 31 décembre de chaque année », et l’alinéa 5 du même article indique que « l’assemblée générale accorde son quitus ou non » à ces comptes. C’est aussi l’instance qui valide les décisions du Conseil d’administration en début de saison, y compris le budget. Le général Pierre Semengue ne l’entend pas de cette oreille : « la Ligue s’est assise le 3 janvier avec la Fécafoot pour décider d’un commun accord que le championnat se jouait le 26 janvier, et il était convenu que la ligue allait tenir un conseil d’administration pour entériner tout ça. Ce conseil s’est tenu le 11 et tout le monde a signé », réitère-t-il. La même résolution parlait également d’une assemblée générale avant l’ouverture de saison. L’homme n’en fait pas cas. Ralliant plutôt à sa cause le ministre en charge des sports, qui a tenu une réunion de crise jeudi dernier, pour exhorter les clubs à baisser le bras. Le Sycec qui semblait fléchir, a ignoré la convocation d’une session extraordinaire du conseil d’administration du lendemain où il leur était demandé de présenter les documents juridiques de leur syndicat.
Retour à la case départ. Le général Semengue dénonce « l’animosité des clubs, je voudrais dire de l’entité Sycec qui n’a plus d’existence légale mais qui, je ne sais sur quelle base, tient les présidents de clubs». Le moteur semble s’être grippé au démarrage. Il faudra un autre round de négociations pour sauver la saison. Et peut-être même Pierre Semengue qui redoute que quitus lui soit refusé.