Subjugué entre le vaste projet de construction et de réhabilitation des infrastructures sportives en raison de l’organisation par le Cameroun de deux CAN et l’arrimage laborieux des clubs aux standards internationaux, l’organe que dirige Pierre Semengue s’apprête à vivre l’une des saisons les plus « catastrophiques ». Au moment même où l’Etat qui avait promis de lui venir en soutien, accuse des tensions de trésorerie.
Plus que onze jours et ce sera le coup d’envoi de l’Acte 4 du championnat de football professionnel au Cameroun. Le train de cette nouvelle saison quittera alors la gare avec dans ses wagons, des équipes dont le seul leitmotiv reste la victoire. Des rescapés de la dernière saison aux promus en passant par les fidèles clients, le challenge reste grand et l’enjeu plus que jamais important aux yeux des différents protagonistes. Si pour l’heure, l’on procède aux derniers réglages dans les états major des acteurs, à la Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc), l’assurance des responsables est diluée par la réalité implacable sur le terrain. Pays organisateur des Coupes d’Afrique des nations (féminine en 2016 et masculine en 2019), le gouvernement s’est engagé dans des travaux d’infrastructures dans plusieurs villes mère de certains clubs. Du coup, ces derniers sont priés de libérer leur terreau pour en trouver de nouveaux dans lesquels ils pourront livrer leurs confrontations locales.
La difficile équation des stades de substitution
Or, à l’observation on comprend qu’il sera bien difficile au regard de la modicité de l’offre en infrastructures, de réaliser une saison pleine. L’équation des stades restant la grosse inconnue puisque sur dix neuf stades régulièrement utilisés par la Ligue dans le cadre de l’organisation des championnats de Ligue 1 et Ligue 2, il n’en reste que huit de disponibles. La nécessité et l’urgence pour la Ligue de football professionnel de trouver non seulement des stades de substitution, mais également améliorer qualitativement ceux existants devient un impératif. Il y’a donc comme péril sur la quatrième année d’expérimentation du football professionnel au Cameroun. Car, les stades de Bafoussam, Mbouda, Njombé, Bangangté, Dschang, ne remplissent plus les critères minimums exigés. On enregistre partout des aires de jeu accidentées assimilables à des « champs de patates », des main-courantes, toilettes et vestiaires inexistants, des murs d’enceinte abîmés, une absence de points d’eau et de l’électricité. Des tableaux renvoyant à un amateurisme sans précédent. En guise d’alternative, la Lfpc relativise et propose que les équipes qui recevaient leurs matchs à domicile à Yaoundé et à Bafia évoluent désormais soit à Mfou, soit à Mbalmayo. Celles de Bamenda joueront à Mbouda. Tandis que celles de Bafang le feront à Bafoussam. Par ailleurs, la possibilité pour Ngaoundéré University d’occuper le stade de l’université dont elle porte le nom est de plus en plus envisagée. Du pur bricolage propre à notre pays.
Pierre Semengue, un soldat au front
Côté clubs, ce n’est pas non plus la joie. Pierre Semengue qui a longtemps exigé que tous les clubs professionnels issus des championnats d’élite se transforment obligatoirement soit en Sarl, en Sem, ou en Sa, a visiblement jeté un cri dans la forêt. Car cette exigence a plutôt donné lieu à un interminable conflit entre le Général d’armée à la retraite et les dirigeants de clubs qui accusent la conjoncture économique précaire. A trop vouloir que les équipes sortent du statut de simples associations pour regagner la posture d’entreprises commerciales, Semengue a attiré la foudre contre lui et de guerre lasse, le soldat a baissé finalement la garde. Pour cette nouvelle saison, il a même envoyé une correspondance au ministre des sports et de l’éducation physique (Minsep) dans le dessein d’avoir au moins une avance sur la subvention de l’Etat versé aux clubs. Laquelle avance lui permettrait de disputer au moins quatre ou cinq matchs sans éclats de voix. Mais, le soldat qui va certainement briguer un autre mandat à la tête de cette instance, s’est vu brandir une fin de non recevoir à cause des tensions de trésoreries, très fréquentes ces dernières années au ministère des Finances. Dur, dur.
Christou DOUBENA