Ce que l’on peut remarquer en premier chez ce garçon, c’est sa coupe de cheveux dont la forme rappelle celle d’un bonnet. Elle attire inexorablement les regards dans cette ville de Garoua où les tradition fortes s’abritent derrières les hauts murs qui parsèment la ville. Venant d’un jeune, habitant un quartier à majorité musulman, ce look a de quoi étonner. Pourtant à vingt ans Nassourou Moussa est discret. Peu prolixe, il peut passer plusieurs heures dans un lieu sans rien dire. Et Pourtant…
Une fois en possession du ballon, Baba, comme on l’appelle affectueusement ici, se métamorphose complètement. De garçon timide, il devient un véritable animateur de l’attaque, à la limite, un provocateur. De toutes les manières, c’est un véritable poison pour la défense adverse. En six matches de championnat, il a inscrit cinq buts. Balle au pied, Nassourou est un véritable régal. Sa maîtrise de balle a fasciné un confrère de Crtv Douala lors du match Coton Sport-Union de Douala, au cours duquel, il n’a cessé de le qualifier de feu follet. Depuis le début de la phase retour du Championnat. Il se classe à la tête du tableau des buteurs. Cet enfant du quartier Kolléré de Garoua a fait ses débuts en division d’élite loin de son terroir, dans la capitale Yaoundé.
En effet, s’il est formé dans le centre de formation des cotonniers, c’est à Cintra de Yaoundé que le jeune prodige de Garoua est d’abord parti promener son 1,80 mètre et ses 70 kilogrammes. Arrivé en 1999 dans le club de la capitale, Nassourou le quitte au bout de trois ans et 27 buts en championnat de première division. Si on lui demande d’évoquer ses années de Cintra, c’est avec nostalgie qu’il parle de la finale de la Coupe du Cameroun perdue de justesse devant Fovu de Baham par deux buts contre trois. Mais, c’est avec un réel plaisir qu’il retrouve depuis le début de cette saison ce qu’il appelle » l’équipe du village », c’est-à-dire Coton Sport. Après une phase aller passée la plupart du temps sur le banc de touche, Nassourou profite du départ du coach Djonkep pour exploser. Buteur comme Coton Sport en cherche depuis fort longtemps, Nassourou est aussi un très bon dribbleur, doublé d’un passeur adroit. S’il ne marque pas, c’est avec beaucoup de plaisir qu’il fait marquer ses coéquipiers.
Malgré ses qualités, il n’a jamais pu intégrer une sélection nationale. Il a buté à deux reprises à la porte de la sélection. Sa première présélection se déroule en 2001 avec les cadets. En 2002, il est encore présélectionné chez les juniors. Sans succès. Nassourou a grandi en plein centre de la ville de Garoua. Dans le quartier-maire, nom donné à cette partie de Kolléré proche de la maison de l’ancien maire Mohamadou Bako, c’est aussi dans ce quartier qu’il intègre le groupe II de l’école publique qui y est implantée. Mais en 1996, le virus du football le pousse à abandonner le collège Lamido Hayatou où il est admis. Nassourou a pour idole, tenez-vous bien, Nicolas Anelka. Parce que » son jeu me plaît beaucoup « , répond-il simplement. Et c’est tout naturellement qu’il rêve de porter le maillot de Paris Saint Germain. Et, bien sûr, celui des Lions indomptables.
Abdelnasser Garboa