Tad Sport Academy de Yaoundé a remporté son premier match de la saison ce vendredi, en ouverture du championnat départemental du Mfoundi. Le président de ce Centre de formation est un homme heureux. « Heureux de la victoire, et heureux que les enfants puissent enfin jouer au football », se réjouit Michel Tadoun qui s’inquiète cependant de l’avenir. Pour lui, 2019 se fera avec cette génération qui ne demande qu’à jouer. Interview.
Une victoire pour commencer après une longue attente : êtes-vous satisfait de ce début saison ?
Oui je suis satisfait. Je suis heureux de la victoire, et heureux que les enfants puissent enfin jouer au football. Au-delà du score, c’est de revoir nos gamins jouer au football. Nous étions déjà fatigués de livrer des matchs amicaux. On a été pris de coup : nous avons tenu une réunion en début de semaine et la : programmation a été faite sur le champ. Mais ce qui était important aujourd’hui, c’était que les enfants commencent. Très souvent, les matchs d’ouverture ne sont pas à la hauteur des attentes puisque ça fait seulement six mois qu’on attend tout ça, mais on remercie les autorités d’avoir trouvé un compromis.
Le calendrier prévoit cependant une quinzaine de matchs sur près d’un mois et demi. Comment jugez-vous cela ?
Je pense que c’est nous mettre beaucoup de pression et cela pourrait avoir un préjudice en termes par exemple de fatigue ou de blessures. Il faudrait avoir un effectif un peu plus large. On nous a promis une sorte de subvention que nous n’avons pas encore tous eue. Nos gamins n’ont pas eu de compétition ces derniers mois et donc, ils n’ont pas progressé. Et pour moi qui suis Manager, ça m’embête. Il est important que les choses soient bien faites ici. J’espère qu’à l’avenir on tirera les leçons de cette organisation et qu’on fera mieux l’année prochaine.
Qu’est-ce que vous entendez par faire mieux ?
On est en train de bâtir 2019, et 2019 se fera malheureusement avec cette génération que vous voyez aujourd’hui jouer à l’Annexe. Quand on regarde nos catégories espoirs, junior, cadette et amateur, nous avons des raisons d’avoir peur pour notre avenir. On doit pouvoir se dire qu’il y a un problème au niveau de la formation des jeunes. Voilà quatre catégories qui n’arrivent pas à se qualifier pour des compétitions continentales ; ça prouve le manque de moyen mis en œuvre, le manque de sérieux…ces jeunes sont laissés à l’abordage. Alors j’envoie un appel à toutes ces autorités ; vous voulez une équipe nationale A compétitive ? Vous devez vous occuper de ces jeunes. Pour mon cas, mon objectif est de venir créer ce type de structure en faisant le travail dans les meilleures conditions. Je vais bientôt lancer les catégories de 15,16 et 17 ans. Il y a un gros travail à faire. Au Cameroun il y a un talent incroyable, il y a une valeur humaine, mais mal exploitée. Il faut qu’on puisse donner la chance à tous ces jeunes ; qu’on mette les valeurs morales en avant ; que tout un chacun se remette en cause et fasse son travail dans le bon sens sans penser à ses intérêts personnels. Il ne suffit pas de donner le coup d’envoi d’une compétition. Il faut que ce championnat évolue dans de bonnes conditions, et que tout le monde accepte les difficultés ; car il y en aura vraiment.
Par Arthur Wandji