Un bien affligeant spectacle rythme en cette veille de rentrée sportive, la vie de certains de nos clubs de football. Celui de la bataille de la maîtrise de la gestion. A la clarté attendue, répond ici et là, un bicéphalisme troublant dont on ne peut pas dire qu’il prépare le terrain d’un professionnalisme assumé et augure des lendemains apaisés.
L’inutile bataille de chiffonniers qu’on croyait réservée à quelques clubs de seconde zone à la recherche de leur gloire d’antan, s’est à l’heure de la professionnalisation, déportée de façon inattendue, au sein de certains clubs établis, animateurs infatigables du mouvement sportif national. Si dans l’opinion on a fini par s’habituer aux frasques répétitives des équipes telles Dynamo de Douala ou Caïman de la même ville et dans une certaine mesure, Racing de Bafoussam, il reste que ce qui arrive au Tonnerre Kalara et au Canon Sportif de Yaoundé, empêtrés dans leurs propres et inexplicables turpitudes, surprend, déroute et agace. Autant pour les trois premiers cités comme pour certains de leurs semblables que nous n’avons pas cru devoir nommer, on peut comprendre l’intensité des batailles due à des fantasmes et délires entretenus sur les privilèges que procure la gestion d’un club, autant on a du mal, à accepter l’abaissement auquel veulent se laisser mener Tonnerre et Canon. Ces deux derniers clubs ont pour eux, une histoire nationale et continentale, une dimension et un poids assis sur la régularité de leurs performances, la réalité des enjeux de la gestion au quotidien d’un club, puis la longévité expérimentale qui n’autorise plus à cafouiller en ces moments décisifs. Plus déterminant encore, ils partagent avec l’Union de Douala, une exception qui fait d’eux, les clubs relevant du patrimoine collectif national. Nous leur devons la grandeur revendiquée de notre football dont nous nous prévalons à tout va.
Que ce soit donc dans ces clubs aujourd’hui que règne la confusion de deux exécutifs, est une pure aberration. Le Tonnerre à peine revenu des enfers pour le top de l’Elite One, ne réussit pas à évacuer ses péchés mignons de dissidence à l’infini qui lui collent aux tripes. De simple dissidence de jactance qui ne touchait pas à l’essentiel, on est passé à une dissidence de fond dont les suites peuvent compromettre de nombreux acquis. Et ce ne sont pas les propos peu amènes de son actuel Président exécutif Me Patrice Omgba Si, fils du fondateur du club, à l’égard de Onambélé Zibi, l’autre patron contesté du club, qui arrangeront les choses. « Patriarche des voleurs et des assassins », « parrain de la mafia et autre planton de profession » sont des gros mots qui ont fusé ces derniers jours sur la tête de cet ancien gardien du temple TKC à qui une tendance ne reconnaît pas la qualité de patriarche mais qui lui, est resté dans les bonnes grâces de la fédération. Franchement ça promet pour la suite.
Payant cette année par l’inconstance de ses résultats, le prix fort des mésintelligences entretenues tout au long de la saison passée, le Canon Sportif ne se facilite pas la tache pour la rentrée sportive à venir, en laissant dériver les querelles d’arrière-cour sur fond de suspicion permanente. S’arrimer à la nouvelle donne du football professionnel, répondre aux exigences du droit et des textes en la matière ne sont en rien un casus belli justifiant la déchirure qui s’est produite à l’occasion de l’assemblée générale du 26 novembre dernier au Palais polyvalent des sports. Deux sociétés anonymes à objet sportif pour un même club (si elles étaient avérées), sont le chemin d’une perdition inéluctable.
Mais pourquoi tout cela au fond, quand étrangement d’un côté comme de l’autre, les propos sont à la bonne volonté, aux grandes ambitions pour le club? Nous cacherait-on dans l’affaire, quelques pots à miel inconnus du grand public? Notons simplement que depuis qu’une certaine spéculation permet d’envoyer à prix d’or des enfants au quatre coins du monde, la frénésie à être président de club s’est elle aussi accentuée. Tuant au passage, cette fibre de passion qui justifiait l’engagement des vrais présidents et qu’on appelle tout simplement, le mécénat. Pleurez! Koungou Edima, Omgba Zing, Ngassa Happy, Mbous Paul Morand, le Roi Ngompé mécènes et infatigables promoteurs du football camerounais. Votre héritage a pris les chemins de travers.