Sable, Ums et Canon n’ont pas d’entraîneur depuis plusieurs journées de championnat. Et toutes ces équipes gagnent des matchs dans ces conditions. Une situation qui envenime les relations entre DTN et les clubs. Ce qui s’est passé au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, le 5 mars dernier lors de la 7ème journée du championnat de Ligue 1, a ressemblé à du cinéma. Renaissance de Ngoumou recevait Sable de Batié alors que Canon affrontait Ums de Loum. Les deux équipes visiteuses ont été vainqueurs des confrontations.
La victoire n’a pas été leur seul point commun. En effet, elles ont joué et gagné sans entraîneurs sur le banc de touche.
Ce fait n’est pas nouveau pour Sable de Batié qui, depuis le début de la saison, dispute ses matchs sans coach. Ce 5 mars, c’est Joseph Kameni, le soigneur de Sable de Batié, qui a endossé tous les rôles sur le banc de touche : gestionnaire des remplacements, soigneur des joueurs, manageur pour replacer les joueurs. Tout en veillant à écouter, depuis les gradins, les consignes de Bernard Fotso, l’entraîneur officieux, faute de licence, du club. Pour rappel, c’est Marcel Feuzeu, l’entraîneur chargé des gardiens de buts, qui officiait depuis le début de la saison, comme entraîneur lors des matchs. Mais, une correspondance de la direction technique nationale a mis fin à cette pratique. Un rappel à l’ordre assorti de menaces de retrait de sa licence d’entraîneur, faute de qualification recommandée.
Alors, depuis la première journée, Bernard Fotso est obligé de coacher Sable de Batié depuis les tribunes. Une situation lourde de conséquences. Exemple, à Bafang lors de la 9ème journée, Sable de Batié, qui reçoit ses matchs de domicile au stade municipal de Bafang, était en position de visiteur face à Unisport. Les supporters d’Unisport, observateurs avisés de la tactique de Sable de Batié, ont fermé l’accès au stade à Bernard Fotso. Il a même été traité de « magicien » et bastonné.
« Laissez-moi travailler ! »
Paradoxalement, ce « coaching clandestin » semble bénéficier à Sable puisqu’il occupe l’honorable 9ème place au classement. Mais cela enrage Bernard Fotso : « Je ne sais pas ce qu’on me veut dans ce pays. Qu’on me laisse travailler ! » s’énervait-il le 17 février lors du match Canon-Sable à Yaoundé. Avant de poursuivre : « De quelle qualification parlez-vous ? Ça fait 17 ans que j’entraîne. C’est la catastrophe ça. Vraiment, laissez-moi travailler »
Continuer à travailler, Bernard Fotso ne pourra le faire longtemps. Le règlement du championnat de Ligue 1 est clair. Etienne Sockeng, directeur technique national adjoint, le rappelle fermement : « Pour entraîner en Ligue 1, il faut être titulaire d’une licence A. Et ici, nous avons la licence A fédérale et la licence A Caf. Ce que nous avons apporté de nouveau, c’est que même les adjoints cette année doivent être titulaires de licence A. ceci, parce que les entraîneurs principaux sont généralement appelés dans les réunions convoquées par les administratifs du club et sont des managers aussi. Et dans ce cas, c’est l’adjoint qui travaille. Et s’il n’est pas qualifié, l’équipe prend un coup ».
Selon nos sources, Bernard Fotso est titulaire de la licence B premier niveau depuis moins d’un an, et devrait attendre deux ans avant de présenter une licence B Caf, lui permettant d’entraîner en Ligue 2. Et, seulement après, présenter une licence pour la Ligue 1. Qui plus est, il ne peut pas bénéficier de dérogation pour ses états de services, puisque son équipe n’a pas remporté de titre.
Les entraîneurs esquivent UMS
Autre cas critique : Ums de Loum. Depuis la 5ème journée, après le limogeage d’Engelbert Mbarga au poste d’entraîneur de ce club, c’est Romain Chouamo, l’entraîneur des gardiens de buts qui entraîne le club. Comme le 5 mars dernier lors du match Canon – Ums, remporté (1-0) par l’équipe de Loum. Le club a reçu le même rappel à l’ordre que Sable de Batié. Mais, particularité à Ums, tous les entraîneurs qualifiés déclinent l’offre. En cause, les « habitudes d’ingérence » dans le travail technique, de Pierre Kwemo, son président, jugé « trop envahissant et insolent envers ses entraîneurs ». Du coup, il se dit que Pierre Kwemo n’aurait pour seule ambition que de recruter un entraîneur expatrié.
Dernier cas problématique, au Canon de Yaoundé, Bertin Ebwellé a démissionné de son poste d’entraîneur après la 8ème journée. Et c’est Narcisse Tinkeu, le préparateur physique, qui le remplace depuis le match de la 9ème journée contre les Astres à Douala. Pour ce club, l’avenir s’annonce moins compliqué. Des négociations très avancées avec des entraîneurs devraient aboutir au recrutement d’un nouveau technicien sur le banc de touche de Canon de Yaoundé.
Grands entraîneurs sans club
La situation des clubs de Ligue 1 qui n’ont pas d’entraîneurs est plutôt étonnante. Le Cameroun regorge une flopée d’entraîneurs qualifiés pour entraîner les équipes de ce niveau. La DTN, dans l’optique de la professionnalisation du championnat, ne manque pas d’entraîneurs professionnels. Sur le marché, il y a 84 entraîneurs qualifiés pour cette saison. Même en recrutant deux par club de Ligue 1, l’on n’aurait épuisé le nombre disponible. Il y a encore des entraîneurs de renoms qui n’ont pas d’équipe à leur charge.
Dans ce panel, on peut, sans être exhaustif, citer entre autres Nicolas Tonyè Tonyè, Gweha Ikouam Fils, Jean-Marie Amoa, Emmanuel Ndoumbè Bosso, Justin Kamgue, Dieudonné Sandjong, Engelbert Mbarga, Charles Kamdem, Félix Djampa, Jules Frédéric Nyongha, Jean-Marie Djidjiwa, Victor Ndip Akem, Dieudonné Nké, Luther Fokam, Adolphe Ekeh, Emmanuel Kundé, Bertin Ebwellé, Jules Abah Onana, Evariste Djomo.
Antoine Tella à Yaoundé