Coton sport de Garoua, champion de la saison. C’est en substance la remarquable nouvelle qui émane de la 37e et avant-dernière journée de Ligue 1 camerounaise. Les Vert et Blanc rempilent en s’imposant sur les installations de l’Union sportive de Douala (1-2) et sont sacrés à une journée de fin du championnat.
La liesse de Garoua contraste cependant avec la peur qui s’est emparée de Yaoundé. Peur de voir son club phare, le Canon sportif de Yaoundé, seul club camerounais commandeur de l’ordre de la valeur, descendre en deuxième division pour la première fois dans l’histoire du football camerounais. L’équipe la plus gavée de titres au Cameroun est de fait, à trois points d’assurer son maintien après avoir manqué le coche mercredi à Limbé sur le stade de Njalla Quan.
Les hommes d’Emmanuel Maboang Kessack avaient besoin d’une victoire pour se mettre définitivement à l’abri, mais ont dû se contenter d’un résultat de parité (1-1). Néanmoins mieux qu’une défaite qui aurait davantage hypothéquée leurs chances de maintien avant la visite dimanche prochain dans le fief de la Panthère sportive à Bangangté pour la 38e journée, épilogue de la saison. Les Nzuimento, malheureux finalistes de la coupe du Cameroun 2014, sont assurés du maintien et donnent à penser qu’ils pourraient lever le pied. Or, les Jaune et Vert du Ndé n’ont perdu qu’une seule fois à domicile en championnat cette saison. C’était à la 13e journée face aux Astres de Douala (0-1). Les Mekok-me-ngonda (39 points) ont absolument besoin d’une victoire pour se sauver de la relégation. Et en cas de nul, le sort du Kpa-kum dépendra de l’issue de la rencontre Njalla Quan- Astres de Douala. Le club de Limbé se bat également contre la descente.
Instabilité sur le banc de touche
Les pauvres joueurs ont-ils seulement le choix ? Se laisseront-ils étiquetés de fossoyeurs du «grand» Canon même avec des arriérés de salaire ? Ont-ils seulement pu se réclamer d’une réelle philosophie de jeu implémentée par un entraineur sur la kyrielle qui les a encadrés cette saison ? De Bertin Ebwellé en début de saison à Emmanuel Maboang Kessack maintenant, on dénombre six entraineurs qui se sont assis sur le banc de touche du club cette saison en match officiel. Hormis les deux anciens Lions indomptables, le Français Sébastien Roques, Ndongo Keller, Bienvenu Mboyong et Narcisse Tinkeu ont chacun été à la tête de cette équipe un jour pendant la saison pour des résultats aussi diversifiés que…similaires. Jamais un autre club en Ligue 1 n’a utilisé autant de techniciens pour sa saison sportive cette année.
Outre cette instabilité sur son banc de touche, le club de Nkolndongo s’est avéré le plus nomade de l’année et n’a jamais pu se trouver une base-arrière pour ses séances d’entrainement. Pourtant, le Canon en a un au quartier Anguissa, son mythique stade rebaptisé «Stade malien», mais sacrifié sur l’autel des querelles. D’ailleurs sur cette situation, l’un des entraineurs suscités nous confiait avoir entrainé son équipe «sur neuf stades cette saison». Le fait étant que, les Mekok-me-ngonda ont débuté par le Centre technique de la Fédération camerounaise de football à Odza, puis sur tous les stades annexes de l’Omnisports de Yaoundé entre autres, avant de chuter au complexe de la Caisse nationale de prévoyance sociale dans un quartier périphérique de la capitale. En plus de ces facteurs sportifs non favorables aux bons résultats, l’équipe est également dilacérée de l’intérieur par des guéguerres entre dirigeants qui ont de cesse de se regarder en chiens de faïence.
Douze ans d’impasse sportive
En dépit d’une place de demi-finaliste de la Coupe du Cameroun, le Canon sportif de Yaoundé ne s’est jamais senti autant mal cette saison depuis la mise sur pied du championnat professionnel en 2011. La saison dernière, les Rouge et Vert de la capitale avaient pourtant atteint la finale de la coupe, et avaient terminé au cinquième rang du classement général, à la lisière d’une qualification en Coupe de la Confédération africaine. L’on avait alors cru à un regain de forme du Canon sportif de Yaoundé à la lutte pour regagner les cimes du football camerounais, et même continental. De fait, depuis son dernier sacre en championnat en 2002, et dans une certaine mesure une finale de Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 2000 (contre le Zamalek du Caire), les Canonniers n’ont plus fait rêver. De 2002 à 2014, douze années sont passées et la traversée du désert se poursuit. Elle risquerait même d’être plus longue si Yazid Atouba et ses camarades ne s’arrachent pas dimanche pour sauver les meubles à Bangangté.
Armel Kenné