Ces trois clubs de la région sont alignés à la queue du classement après 16 journées de championnat, parce que plombés par des querelles et l’amateurisme des dirigeants. Ça tonne toujours au Kpa-Kum, ça gronde au Tonnerre et on attend toujours la renaissance. Si le championnat devait s’arrêter aujourd’hui Canon, Tonnerre et Renaissance de Ngoumou, tous des clubs de la région du Centre descendraient en Ligue 2. Après 16 journées disputées, ces trois équipes occupent les trois dernières places au classement de la Ligue 1, avec 10 points chacun.
Ils étaient jusque-là quatre dans cette situation d’égalité de points. Mais Renaissance de Ngoumou a manqué l’occasion de se démarquer, en se faisant humilier (4-0) dimanche dernier par Douala athletic club. Canon n’a pas fait mieux qu’une autre défaite de 3 buts contre 2 face à Union de Douala. Pour la journée de championnat de dimanche disputée au stade Ahmadou Ahidjo, Canon et Renaissance ont encaissé sept buts, à domicile.
Canon et Tonnerre sont des leaders sur un autre domaine : celui des crises internes entre leurs principaux dirigeants. L’image que projette Canon de Yaoundé est des plus malheureuses. C’est un cafouillage total entre ses dirigeants et supporters divisés en deux camps : celui de Céline Eko, la présidente du conseil d’administration (Pca) du club et le camp du Conseil des « sages » de Canon. C’est depuis le début de la saison que les « sages », avec en tête Olinga Jener, exigent la convocation d’une assemblée générale. Ce que ne veut pas entendre d’une seule oreille Céline Eko, qui estiment que ces « sages » n’ont pas qualité, pour n’avoir mis aucun sous pour le fonctionnement du club. Elle est soutenue dans sa logique par la Fécafoot et l’autorité administrative. Joseph Owona, le président du Comité de normalisation de la Fécafoot, avait indiqué depuis que la seule personne habilitée à convoquer une assemblée générale est Céline Eko. Jean-Claude Tsila, le préfet du département du Mfoundi, l’a rappelé il y a quelques jours dans une correspondance qu’il a adressée au Sous-préfet de Yaoundé IV au moment où les « sages » entendaient tenir une assemblée générale, conformément à la décision de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique.
Canon a perdu son âme
Entretemps, le championnat se poursuit et c’est Narcisse Tinkeu, le préparateur physique, qui a été désigné entraîneur par intérim depuis la démission de Bertin Ebwellé à la 7ème journée. L’équipe n’a pas de terrain d’entraînement fixe. La semaine dernière elle s’est entraînée à l’esplanade du stade Ahmadou Ahidjo sur l’espace réservé pour les parkings. Le stade de Nkol-Ewoué est occupé par une autre équipe de Canon, celle des « sages » entraînée par Emmanuel Kundé. « Canon, champion d’Afrique, commandeur de l’ordre de la valeur… Le problème de Canon ne se limite plus là où il est. Il faut que tous les Camerounais s’asseyent pour parler du problème de Canon », fulmine Siméon Massimb, le président de sport Etudes de Mfou, une équipe de D2 du Centre. Selon nos sources, le retour de Gilbert Tsimi Evouna, le délégué du Gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé est très attendu. Il aurait l’intention de faire asseoir toutes les parties avant la convocation d’une assemblée générale par Céline Eko. En attendant, Canon est 19ème, soit dernier au classement. Après la défaite de dimanche dernier, le Conseil des sages a mis sur pied une nouvelle équipe dirigeante. Louis-Marie Ondoua est le Pca, Jean-Marie Akono Ndengue, directeur général et Roger Ebodé comme directeur général-adjoint. Seulement, il sera question de posséder le club sur le plan légal. Les documents reconnus du club sont ceux signés par Céline Eko. Tout comme les licences de joueurs. Et Roger Ebodé s’en inquiétait, le 19 avril dernier après l’assemblée générale des sages. Pour lui, reprendre l’équipe suppose retirer tous les documents licences des mains de Céline Eko. De plus, la nomination de Louis-Marie Ondoua comme Pca, irrite les supporters qui ont un antécédent au sujet de la vente des cartes de membres.
Cafouillage permanent au TKC
C’est depuis deux ans que ça gronde au Tonnerre kalara club (Tkc) de Yaoundé. C’est une équipe habituée aux crises. Elle n’a eu son salut en restant en Ligue 1 par la décision de disputer le championnat à 19. Elle serait descendue en Ligue 2 et d’aucuns ont vu dans cette décision d’augmenter le nombre de clubs la volonté de sauver le Tkc. Mais, sauf miracle, il n’y aura plus augmentation des clubs. Les règles ont été fixées à l’avance et les quatre derniers clubs descendront en Ligue 2 tandis que trois seulement accèderont en Ligue 1 pour maintenir le nombre à 18. Les joueurs de Tkc ont fait grève le 14 avril dernier en refusant de s’entraîner si les dirigeants ne réglaient pas leurs primes, salaires et loyers. Emile Onambelé Zibi, le président général du club, a désamorcer ce qu’on a appelé « la bombe », en payant certaines primes. Mais, il n’est pas à l’abri des critiques de ceux qui veulent sa tête depuis deux ans. Le dimanche, 20 avril dernier, alors que Tonnerre venait de perdre (1-0) face à Unisport, un des membres du conseil d’administration ne s’est pas caché pour dire : « Tant que votre type-là (Onambelé Zibi, ndlr) et son directeur général (Sébastien Mengue, ndlr) sont là, Tonnerre ne gagnera pas ». C’est dire qu’il y a plusieurs membres du club qui « marquent des buts dans leur propre camp » à cause de la présence d’Onambelé Zibi. Des membres et supporters continuent de réclamer le départ d’Onambelé Zibi. Le « vieux », lui, sait qu’il est dans son rôle en tant qu’« actionnaire majoritaire ». C’est dire que l’accalmie apparente au sein de Tkc ces jours n’est qu’apparente. Cette équipe est loin de retrouver la sérénité et végète au fond du classement. C’est à Tkc qu’on a vu « suspendre » Dieudonné Nké, l’entraîneur, pour nommer Claver Ayi Bodo. A la suite de la démission d’Ayi Bodo après quelques journées de championnat, on a rappelé Dieudonné Nké. Avec un tel cafouillage sur le banc de touche, on ne saurait s’attendre à meilleurs résultats ou classement.
Joueurs sans niveau
Renaissance de Ngoumou quant à elle, s’est donnée pour objectif cette saison de jouer les premiers rôles en arrachant une place africaine. Pour cela, Michel Abena, le directeur général, décédé il y a quelques jours, s’est donné les moyens pour atteindre cet objectif en recrutant un nouveau staff technique. Pierre Ndjili Ndengue, entraîneur de football, instructeur Fifa et Caf, comme entraîneur principal et un Grégory Guyonet, un Français, pour la préparation physique. Le recrutement de Pierre Womé Nlend, qui a abrégé son contrat avec Ums de Loum, participait toujours de la volonté du club à tutoyer les sommets. Mais, à ce jour, cette équipe doit d’abord lutter pour le maintien. Une équation que basile Atangana Kouna, le Pca du club, tente de résoudre après le décès de Michel Abena. Il a nommé Fidèle Romain Mekongo comme directeur général par intérim et Alexandre Gaspard Owona, remplace lui aussi par intérim, Jacques Edouard Nyobè au secrétariat général. Cette nouvelle équipe a fait son baptême du feu dimanche dernier par une lourde défaite. « On espère que le remède ne va pas tuer le malade », a tenté de dire un confrère. Des sources proches du club indiquent que Renaissance de Ngoumou n’a pas des joueurs de compétition et que le recrutement a été raté. Siméon Massimb fait le diagnostique du mal dont souffre ces trois équipes du Centre. « C’est comme une sorte de malédiction qui rode dans la région du Centre. C’est grave ! Ils ont une mauvaise manière de faire les recrutements des joueurs. Ils se disent qu’ils ont déjà un grand nom et les joueurs peuvent venir seuls. Ils oublient que maintenant, les choses ont changé et tous les jeunes veulent avoir un peu d’argent pour jouer. Les équipes de la région de l’Ouest ont compris cela et mettent vraiment le paquet. Dans le Centre, les gens se disent que même avec zéro franc, parce qu’on s’appelle Canon, Tonnerre ou je ne sais qui d’autre, on peut avoir facilement des joueurs. Ce n’est plus possible en ce moment. Et comme ils ne font pas dans la formation, c’est très compliqué ».
Seuls Cosmos de Bafia et Apejes de Mfou font la fierté du Centre. Des clubs qui n’ont accédé en Ligue 1 cette année, avec dans leurs effectifs des jeunes.
Antoine Tella à Yaoundé