Après avoir humilié la Fédération camerounaise de football en appelant au secours la Chambre de conciliation et d’arbitrage (Cca) du Comité national olympique, Pierre Semengue dont le mandant à la tête de la Ligue de football professionnel est arrivé à échéance le 30 avril dernier, se met à genoux devant le patron de l’exécutif de Tsinga pour quémander la prorogation de son bail.
Doléance que vient d’entériner celui qu’il maudissait pourtant il y’a quelques semaines. Le général d’armée à la retraite pourra donc piloter le Comité provisoire de gestion (Cpg) de la Lfpc jusqu’au 30 avril 2017.
Les membres du Comité exécutif de la Fécafoot doivent certainement avoir bu du petit lait, manger du bon caviar si ce n’est simplement sabrer du bon champagne en apprenant que Pierre Semengue, qui a noirci il y’a deux semaines, l’image de l’instance faîtière du football camerounais et de son président devant le Premier ministre chef du gouvernement, s’est ravisé quelques jours plus tard pour implorer de ses bourreaux d’hier, une rallonge de son mandat qui dure depuis 2011, date de la mise sur pied de la Ligue de football professionnel du Cameroun. Le général d’armée à la retraite qui s’est fait tout petit, en rédigeant au nom de « l’esprit de bonne, sincère et saine collaboration » qui existe entre la Ligue et la maison mère du sport roi au Cameroun, a demandé et a obtenu de Tombi à Roko Sidiki, douze nouveaux mois sur le trône. Le numéro de la Fécafoot, conscient que les multiples accusations portées contre sa personne par Semengue n’étaient que pure agitation, a attendu que l’ancien président de la défunte Ligue nationale de football (Linafoot) retourne à la maison de son enfance, tel un fils prodige, pour se faire pardonner par son géniteur. Et ce retour aux sources a accouché de l’onction du « père Tombi » qui accorde au Cpg la même durée qu’en mars dernier, à la suite de la réunion du Comité exécutif de la Fécafoot.
Marge de manœuvre
Et ce sera avec une équipe plus étoffée, comprenant entre autres Franck Happi qui garde son fauteuil de premier vice-président, et Pascal Baylong Owona en second adjoint. On y retrouve également comme membres Mbairobé et Eteki Elamè. Bref Pierre Semengue n’aura désormais qu’une infime marge de manœuvre. L’essentiel de son pouvoir « régalien » ayant éclaté en petites poches contrôlées à la loupe. Mais au Conseil du Comité de gestion, si Emmanuel Leubou (président de l’Unisport de Bafang) et Michel Mbida (membre de la Ligue régionale du Centre) ne font plus partie des recrues, le patron de la Fécafoot qui garde les mêmes membres du bureau exécutif, y ajoute Emile Onambélé Zibi (président du Tonnerre Kalara club), Njalla Quan Junior (président de Njalla Quan sport academy), Pierre Njili Ndengue (entraîneur de football), Jean Claude Alima (président du Canon de Yaoundé) et Yong Jacques (président de Yong sport academy).
Aveu de puissance
Ce sont ces mêmes textes que le président transitoire de la Ligue avait refusé d’accepter, et avait alors appelé à la rescousse la Cca qui ne s’était pas posé de questions pour annuler les résolutions du Comité exécutif de la Fécafoot. Toute chose qui avait alors conforté Pierre Semengue. Ce dernier avait d’ailleurs reçu dans la foulée, l’adoubement de son conseil d’administration qui l’encourageait de foncer tête baissé jusqu’au scrutin prévu pour le 28 juillet prochain. C’était sans compter que Tombi qu’il accusait d’autoritariste, avait plus d’un tour dans son sac. Puisqu’en invalidant les décisions de la Fécafoot, la Cca mettait d’office un terme au mandat de Pierre Semengue dès le 30 avril 2016. Reniflant l’odeur de la vacance à la tête de la Lfpc, le général à la retraite n’a pas eu d’autre choix que de saisir son patron le 21 avril pour solliciter une nouvelle prorogation de son mandat.
Tombi à Roko, en répondant favorablement à l’ancien président du Tkc rétabli la légalité, dans le strict respect de la promesse qu’il lui a faite, en réaction à sa demande du 21 avril. De la décision de Tombi se dégage implicitement une mise à l’étroit de l’emblématique soldat. Avec cette autre démonstration de la supériorité hiérarchique de la Fécafoot sur la Lfpc, on comprend que tout est mis en œuvre pour que Pierre Semengue n’oublie jamais que l’instance dont il assure les rênes, est avant tout une émanation du palais de Tsinga. Un aveu de puissance que le nouvel exécutif installé il y’a 250 jours entend brandir à chaque fois qu’il y’aurait constat d’égarement dans les rangs de ses subalternes. Mais jusqu’à quand ? Affaire à suivre !
Christou DOUBENA