La manne financière s’est abattue sur les clubs de l’élite cette année. « Les clubs de L1 ont reçu chacun 36.936.842 FCFA et ceux de L2 14.194.444 FCFA chacun », nous explique Pauline Thérèse Manguelé, la SG de la ligue de football. Interview…
La Commission d’Appel vient de décider qu’Achille FC va rejouer son match contre Feutcheu FC, en remettant du même coup trois points à ce club, en attendant le match à reprogrammer. N’est-ce pas une façon de vouloir sauver une équipe au détriment de l’autre ? Pourquoi n’avoir pas sorti cette décision avant la dernière journée du championnat de L2 ?
Nous n’avons pas d’avis à donner sur une décision rendue par un organe juridictionnel. Nous avons l’obligation de la publier en l’état. A partir du jour où la décision leur est notifiée, les personnes qui la contestent ont dix (10) jours pour interjeter appel. Nous nous trouvons à la fin de la saison ; les équipes menacées de relégation sont aux abois. Elles explorent toutes les pistes pouvant les maintenir en élite. C’est un combat entre clubs. A la Ligue, tous les clubs sont assujettis aux règlements des championnats. La seule aide aux clubs consiste en l’octroi des avances sur subvention. Les opérations de paiement y afférentes s’effectuent le même jour et se font soit par virement pour les clubs qui le désirent, soit par chèque bancaire. Tous les clubs en bénéficient dans les mêmes conditions.
Le Président d’Achille FC a déposé son appel à la Ligue le 02/10/2014. Le secrétariat général a saisi par courrier la Commission d’Appel de la Ligue le 04/10/2014. Le rapporteur de cette commission l’a déchargé le 06/10/2014. La Commission d’appel a siégé les 07 et 08/10/2014. La 34ème journée du championnat s’est joué le 07/10/2014. Le débat ici ne devrait pas être celui de la date où la décision a été rendue. Pour cette 34ème journée, à quel moment selon vous aurions-nous statué sur les litiges découlant des rencontres y relatives ? Sûrement après le 07/10/2014. Pour nous, le championnat est clos lorsque les homologations de tous les matches de la dernière journée sont faites et tout le contentieux vidé.
On s’achemine vers la fin de la saison en Ligue 1 et Ligue 2 et on n’a pas beaucoup parlé des finances, contrairement à la saison dernière avec les menaces de grève. Comment les subventions ont-elles été gérées cette année ?
Comme vous le dites si bien, on n’a pas beaucoup parlé de finances cette saison parce qu’il n’y a pas eu une raison valable d’en parler. La saison 2013-2014 a été celle de l’austérité tant au niveau des finances de la portion centrale de la Ligue que de celles des clubs. Malgré le passage des championnats de 28 à 37 clubs, le montant de la subvention de l’Etat est resté le même ; par conséquent, la part dévolue à chaque club a été revue à la baisse lors de la répartition. La saison dernière, le club de L1 recevait de l’Etat 30 000 000 FCFA contre 22.105.263 FCFA cette saison tandis que celui de L2 percevait 10 000 000 FCA contre 7.777.778 FCFA cette saison. Pour pallier à cette réduction, la Ligue a dû assister les clubs à partir de son budget propre, à concurrence de 240.000.000 FCFA, soit 9 500 000 FCFA par club de L1 et 3.300.000 FCFA par club de L2. Bien plus, La Ligue n’a enregistré aucun sponsor majeur cette année. Le contrat conclu avec Canal 2 pour la production et la retransmission des rencontres a rapporté 12.000.000 FCFA à la Ligue. Des retombées de ce contrat, les clubs ont reçu 8.400.000 FCFA, soit 331 579 FCFA pour le club de L1 et 116.667 FCFA pour celui de L2. A l’entame de la saison 2013-2014, les clubs ont reçu de Mtn à titre d’indemnisation pour rupture de contrat 152.600.000 FCFA.
Quelles sont les mesures prises par la Ligue pour s’assurer du bon usage de ces fonds ?
Il faut déjà noter que chaque club de L1 a besoin de 300.000.000 FCFA au minimum pour fonctionner et celui de L2 150.000.000 FCFA. Les clubs de L1 ont reçu chacun 36.936.842 FCFA et ceux de L2 14.194.444 FCFA chacun. Les clubs dépensant donc plus qu’ils ne reçoivent, il leur est facile de justifier les sommes à eux versées. En attendant la mise sur pied d’un organe de contrôle des clubs dès la saison prochaine, des missions de récupération des justificatifs ont été envoyées auprès des clubs. A ce jour, presque tous ont produit lesdits justificatifs. L’ultime mesure coercitive exercée par la Ligue est la rétention de la subvention des clubs n’ayant pas produit les justificatifs.
Qu’en est-il de la situation des joueurs dont la plupart continuent de souffrir de précarité ? Les clubs peuvent-ils être sanctionnés ?
Tout club doit faire face aux dépenses liées aux salaires et primes diverses des joueurs et encadreurs, au transport interurbain, au paiement des loyers, à la fourniture d’équipements ou toutes autres charges. Cependant, il arrive parfois que les clubs les plus démunis privilégient le financement d’un match au détriment du versement du salaire au joueur. Ainsi naissent souvent les litiges entre clubs et joueurs. Ces litiges liés aux contrats de travail sont connus par la Chambre nationale de résolutions des litiges de la Fécafoot. Au niveau de cette instance, les clubs sont régulièrement condamnés à dédommager les joueurs : règlement de la prime de signature, de match, et de tous les salaires restant dus. La Ligue est chargée de l’application des décisions rendues par cette Chambre. Les clubs condamnés voient généralement les montants à payer aux plaignants déduits de leurs avoirs financiers à la Ligue.
Où en est-on avec la mutation des clubs dont on parle depuis des années ?
La mutation des clubs s’effectue de manière progressive. La saison dernière, presque tous étaient en règle. Parce qu’appartenant à la communauté, les clubs mythiques sont ceux qui ont le plus de problèmes. Les règlements des compétitions accordent un délai d’un an aux nouveaux promus en L2 pour muter leurs activités commerciales. La Ligue a sollicité des autorités administratives la mise sur pied d’une plate-forme de travail pour l’élaboration d’un système de sécurité sociale spécifique au football. Nous pensons qu’une politique propre au football professionnel doit être définie après concertation de toutes les parties prenantes. Avec la restructuration engagée dans le domaine du football, l’Etat a sûrement sa petite idée sur la question.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé