Suite à la réunion qui s’est tenue à la Primature la semaine dernière entre le Premier ministre Chef du gouvernement et le président de la Ligue de football professionnel du Cameroun, les regards sont désormais tournés vers la Fédération camerounaise de football, sommée par l’Etat de verser 410 millions de Fcfa représentant sa quote-part à la Ligue. Une décision qui semble ne pas rencontrer l’assentiment du nouvel exécutif, surpris par les « nouveaux renforts » dont dispose désormais l’homme du 06 avril 1984.
Une réunion de crise entre le Pm et le président de la Lfpc, dans l’attente de la deuxième partie des subventions promises par l’Etat pour le paiement des salaires des joueurs dans les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 pratiquement au bord de l’asphyxie. La Fécafoot, présentée à tort ou à raison comme le bourreau de Ligue, est au banc des accusés. Entre satires, procès d’intention et abus d’autorité, les griefs portés par le général d’armée à la retraite contre le nouvel exécutif du palais de Tsinga, ne sont pas de nature à laisser à ce dernier un minimum de crédit. Les faits sous la forme de confidences tels que rapportés par le président sortant mais non moins candidat à sa propre succession, se résument en un seul mot : acharnement. A quelles fins ? A en croire l’emblématique soldat, la nouvelle équipe de la fédération dirigée par Tombi à Roko Sidiki, pour des raisons non encore élucidées, rêve de le dégager de son prestigieux trône qu’il occupe depuis la naissance de cette instance en 2011. D’un simple complot, soutient-il, c’est devenu une vraie campagne de déstabilisation contre sa personne.
Décisions de justice
Résultat de courses : au bout de plus de trois heures d’horloge au cours de laquelle l’un des thèmes au menu portait sur l’éternel problème du financement des clubs par les entreprises publiques et parapubliques, Semengue obtient le soutien du gouvernement Cameroun. Une espèce de « blindage » contre ceux qu’il appelle désormais ses ennemis. Et pour dévoiler son penchant pour le camp de la Lfpc, Philemon Yang ordonne dans la foulée à la Fécafoot de payer 410 millions de Fcfa représentant la somme que devrait verser l’instance faîtière à la Ligue pour le fonctionnement des deux championnats d’élite. Attendu depuis décembre, la contribution de la maison mère du football camerounais n’est toujours pas parvenue à la « maison blanche » du quartier Fouda. Si la Ligue a pu gérer le tiers de la saison, c’est avec des subventions du Premier Ministère, 350 millions, et du ministère des sports, 270 millions. La dernière tranche de 290 millions du ministère de tutelle sera versée sous peu. Des 410 millions que lui doit la fédération, elle n’a encore touché le moindre sou. Pour justifier cet état de choses, la fédération, par la bouche de son président, a indiqué que plusieurs de ses comptes étaient toujours bloqués dans des banques locales qui agissent à titre conservatoire après les décisions de justice contre plusieurs positions de l’actuel bureau de la Fécafoot.
Bidoung Mkpatt pour remettre la balle au centre ( ?)
Yang et Semengue vont également débattre des besoins additifs de la Lfpc en vue d’une fin sereine de la saison en cours. Malgré les tensions de trésorerie dues en grande partie par la contribution du Cameroun pour l’effort de guerre contre la nébuleuse Boko Haram, assurance est quand même faite par le premier ministre de ce que le gouvernement soutiendra le général dans sa volonté d’offrir aux camerounais, l’image d’une Ligue plus crédible et plus professionnelle dans sa gestion. D’ailleurs, apprend-t-on, un rapport a été dressé au président de la République Paul Biya dont on connaît la grande complicité entre lui et son valeureux soldat. Au sujet des mesures à prendre pour assurer le financement pérenne et autonome de la Ligue, le Pm prescrit au ministre des Sports et de l’éducation physique d’organiser des travaux de réflexion sur cet épineux problème avec autour d’une même table que la Fécafoot, les clubs et éventuellement quelques experts.
De quoi rassurer et réconforter le patron de la Lfpc qui veut profiter des réformes de la loi de Finance 2013, pour attirer les entreprises dans notre championnat. On a encore souvenance des deux séminaires organisés les 21 et 23 juillet derniers à Douala et à Yaoundé avec le ministère en charge des finances dans le dessein de sensibiliser les entreprises sur la nouvelle loi qui permet aux entreprises d’accompagner les clubs de Ligue 1. Ainsi, Semengue espère donc qu’en faisant de la vulgarisation de la loi sur la défiscalisation en faveur du football professionnel son cheval de bataille, les entreprises pourront s’investir activement dans les clubs sans oublier l’intérêt qu’elles ont d’accompagner les dits clubs.
Amélioration du traitement des joueurs
Toutefois, on est loin d’être sorti de l’auberge puisqu’à toutes ces batteries de mesures il faut ajouter la bonne gouvernance et la transparence dans le fonctionnement ; toutes choses pouvant inciter les entreprises à accompagner nos clubs dans leurs activités. Ce modèle de financement qui privilégie « l’Etat Providence » n’est pas visiblement adapté pour une préparation idéale des clubs au professionnalisme. La responsabilité de l’Etat ne devrait-elle pas davantage être orientée vers un accompagnement institutionnel et infrastructurel ? Aussi-faut-il penser à l’encadrement médical des acteurs du jeu, l’amélioration du traitement des joueurs et encadreurs. Des chantiers qui préoccupent la Lfpc et dont elle doit s’atteler à y trouver des solutions puisque cinq ans après sa naissance, on en est encore qu’au stade des perspectives ; il faut songer à passer à l’action. A suivre !
Christou DOUBENA